Le maire de Saint-Pierre-de-Chandieu (Rhône) a été l’un des premiers à accueillir des femmes ukrainiennes, dès le début de la guerre. Certaines d’entre elles exercent d’ores-et-déjà un emploi au sein de la commune.
L’association Lyon-Lviv joue un rôle crucial dans l’intégration des Ukrainiennes. Elle a présenté des candidatures à plusieurs commerces de Saint-Pierre-de-Chandieu. Seules quelques femmes travaillent pour le moment mais les premiers résultats sont plutôt prometteurs.
Des expériences réussies
L'association Lyon-Lviv a, par exemple, présenté Galyna, esthéticienne et photographe de formation, au patron d'un pressing. La jeune femme s’est très vite intégrée au sein de l’équipe malgré la barrière de la langue. "Au début, quand elle est venue, on ne se comprenait pas. Et puis j’ai pensé à la traduction avec le portable, et avec les gestes aussi (…) elle apprend vite", explique Laurence, une autre employée. "Elle n’était pas dans un coin, le personnel pouvait facilement lui montrer les tâches qu’elle avait à faire", ajoute le patron de l’établissement. Pour lui, le travail est un véritable vecteur d’intégration : "Je suis parti quand j’étais jeune à l’étranger (…) j’avais ce sentiment que quand on arrivait dans un pays, le meilleur moyen de s’intégrer (…) c’était d’y travailler (…) donc je me suis remis dans ce schéma-là".
Travailler pour aider l'Ukraine et pour remercier la France
Le travail permet à Galyna d’échapper à des pensées souvent douloureuses.
J’aime travailler, j’ai besoin de m’occuper. Je suis très heureuse d’avoir trouvé cet emploi. Pendant ce temps, je ne pense pas à l’Ukraine.
Grâce à son emploi, la jeune maman de deux enfants a retrouvé une certaine indépendance financière : "Quand je rentre du travail, je peux faire à manger à mes enfants".
Pour Yra, une autre Ukrainienne, la question de l’autonomie est cruciale : "Nous sommes ici depuis deux mois et nous n’avons pas d’argent". L’emploi est en outre un moyen pour les Ukrainiennes de tisser des liens avec la population locale. "Nous voulons rencontrer des gens grâce à notre travail", ajoute-t-elle.
Daroussia a travaillé dans un restaurant et a déposé sa candidature dans une boulangerie. "Je voudrais travailler pour donner un peu de sous pour les Ukrainiens armés", explique la jeune femme, qui se destine à une carrière de dentiste. Des associations s’occupent de l’achat et du transport de matériel médical aux soldats ukrainiens.
Le travail permet en effet aux Ukrainiennes de remercier la France de les accueillir. "Je voudrais travailler pour la France", déclare Daroussia. Yra partage le même avis.
C’est important pour nous de travailler parce que nous voulons faire quelque chose pour les Français
Bien que Daroussia s’exprime dans un français fluide, la langue peut parfois poser problème. Si l’étudiante a arrêté de travailler dans le restaurant, c’est parce "qu’ il y avait des problèmes avec la langue. S’il y a du travail où je peux parler anglais, c’est plus facile pour moi (…) mais je veux apprendre votre langue", renchérit-elle.
D'autres initiatives
D'autres femmes n'exercent pas encore d'emploi mais souhaitent vraiment travailler. Krystyna, Yra et Tanya ne travaillent pas encore mais elles cuisinent des spécialités ukrainiennes pour les vendre sur les marchés. La cuisine a une valeur symbolique très forte pour les trois femmes. Aujourd’hui, elles ont cuisiné un plat traditionnel ukrainien à base de betterave. "C’est important pour moi de cuisiner parce que l’on se retrouve ensemble. On chante en faisant la cuisine car c’est dans notre culture. Dans ces moments-là, nos enfants nous rejoignent et c’est comme si on retrouvait nos habitudes de notre vie d’avant", confie Krystyna. Pour elle, il s’agit aussi de "faire vivre la culture ukrainienne" et de "montrer aux Français ce qu’est l’Ukraine".