Le 14 mars dernier, 16 enfants ukrainiens avaient fait leur "rentrée scolaire" à Saint-Pierre de Chandieu dans le Rhône. Depuis les effectifs ont grossi, et les enfants ont été répartis dans différents établissement en fonction de leur âge. Intégrés dans des classes pour certaines matières, l'apprentissage est encore difficile, mais leur réintégration au cursus scolaire semble bien huilée.
Le 3 mars dernier, 52 réfugiés ukrainiens débarquaient d'un bus humanitaire à Saint-Pierre de Chandieu. Parmi eux se trouvaient une quinzaine d'enfants âgés de 4 à 17 ans, déscolarisés par la guerre, et qu'il convenait de ramener sur les bancs de l'école. Un véritable défi pour cette petite ville et sa communauté. Mais à force d'organisation et de solidarité, le défi semble en passe d'être relevé.
Onze jours après leur arrivée sur le territoire national, ces jeunes ukrainiens avaient fait leur première "rentrée scolaire française", réunis, tous âges confondus, à l'école maternelle Louise Michel. Ils étaient alors reçus par une conseillère pédagogique, en présence d'un interprète ukrainien, pour leur souhaiter à tous la bienvenue, et jauger leur âge, leur niveau et leurs besoins, afin de mieux les répartir ensuite.
Une apprentissage ludique et "à une vitesse incroyable" pour les plus jeunes
Deux mois plus tard, le nombre d'enfants et d'adolescents ukrainiens à rescolariser a augmenté avec l'arrivée de réfugiés supplémentaires. Seize au moment de la "rentrée scolaire" le 14 mars dernier, ils sont actuellement 31, bien répartis dans les différents établissements scolaires de la commune et alentours :6 en primaire, 7 au collège, et 18 dans différents lycées.
Les plus jeunes, des classes primaires, apprennent essentiellement le français, et ils ont pour ça 2 journées par semaines auprès d'une enseignante spécialisée en UPE2A (Unité Pédagogique des Elèves Allophones Arrivants), Jessy Correia, qui communique avec les enfants le plus souvent en mime et en image, et se sert de "Google Traduction" en dernier recours.
"On travaille essentiellement avec des jeux, des manipulations, des ateliers, c'est beaucoup plus simple pour des enfants confrontés à une langue étrangère" explique la jeune enseignante, "on se concentre surtout sur le vocabulaire de base qui va être nécessaire en classe, et aussi sur le lexique du besoin, pour leur permettre de les exprimer plus facilement".
Déracinés, séparés de leurs frères et de leurs pères, trimbalés en bus à travers l'Europe et immergés dans une culture différente, avec une langue et un alphabet différent, ces enfants auraient toutes les raisons du monde de décrocher. Mais au contraire, "ils sont très motivés et très scolaires" souligne Jessy, abasourdie par leur capacité d'apprentissage, "ils mémorisent à une vitesse incroyable, je ne peux pas dire autre chose".
"La priorité, c'est de leur apprendre le français"
Pour les plus âgés, en âge d'être au collège ou au lycée, c'est un petit peu différent: ces derniers ont déjà été partiellement intégrés à des classes françaises. C'est à dire que pour un certains nombre de cours, comme les mathématiques, l'anglais, l'histoire-géographie ou encore le sport et la musique, ils sont répartis dans différentes classes, et suivent les cours comme leurs camarades français.
"On les immerge le plus possible pour qu'ils entendent parler français et intègrent petit à petit" justifie Laurence Yaghlian, professeure d'histoire-géographie qui s'est aussi porté volontaire pour dispenser des cours de français à ses collégiens ukrainiens. "Ils essaient de suivre mais ce n'est pas toujours évident" tempère-t-elle, "je me mets souvent à leur place, je me demande bien ce que je ferais en Ukraine moi avec un alphabet cyrillique, au milieu d'ukrainiens…".
Les élèves ukrainiens continuent donc suivre des cours de français assez intensifs, pour lesquels leurs connaissances en langue anglaise sont plus que bénéfiques, ne serait-ce que pour la maitrise de l'alphabet. Lors des cours généraux ils ont des "tuteurs", des élèves français volontaires qui tentent de les aider. D'autre part les professeurs qui le peuvent n'hésitent pas à traduire leurs cours en anglais pour permettre aux Ukrainiens de comprendre certaines choses.
La rescolarisation de enfants et ados ukrainiens à Saint-Pierre en Chandieu a donc bel et bien démarré, et à force d'organisation et de solidarité elle s'améliore. Mais pour suivre un enseignement de qualité, surtout pour les plus âgés, la situation est encore loin d'être idéale. "Certains suivent en parallèle des cours en ukrainiens par internet, d'autres en revanche… n'ont pas grand chose" sourit Laurence, emplie de tendresse et d'émotion, "la priorité c'est de leur apprendre le français".