Ces enfants sont arrivés le 3 mars dernier avec leurs mères à Saint-Pierre-de-Chandieu, petite commune du Rhône. Des réfugiés ukrainiens, originaires de Lviv, qui ont fui leur pays après le début de l'invasion russe, le 24 février. Loin de la guerre, les plus jeunes ont fait leur retour sur les bancs de l'école française ce lundi 14 mars.
C'est à l'école maternelle Louise Michel qu'ils vont suivre leur première journée de classe depuis leur arrivée dans le Rhône. Ils sont une petite vingtaine. Ces enfants et adolescents, originaires de la ville de Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, étaient accueillis ce lundi matin, 9h, par la conseillère pédagogique, avec la présence d'une interprète pour les premières consignes. Le maire de la commune était également présent, pour cette rentrée au lendemain d'un mémorable week-end de carnaval.
"Et bienvenue dans l'école de Saint-Pierre-de-Chandieu ! " s'exclame enfin la conseillère pédagogique à l'adresse des enfants réfugiés, en proie à une certaine l'émotion. De l'autre côté de la cour, à travers les vitres d'une salle de classe, des élèves français leur adresse des signes et des applaudissements.
Sur les visages, des sourires pour les plus jeunes. De la concentration pour les plus âgés. Pour ces jeunes, c'est un accueil dans les locaux de l'école maternelle avec une salle qui leur est spécialement réservée. Une mise à disposition par la mairie au pied levé.
"Un sas avant de dispatcher les enfants "
"Je suis heureux, très heureux, parce que je vais étudier en France et j'aurai ainsi une chance d'apprendre la langue, de comprendre les autres et pas seulement de parler en anglais," déclare Roman, âgé de 16 ans. Son père est resté en Ukraine. Il est arrivé à Saint-Pierre-de-Chandieu avec sa mère et sa sœur, assise deux rangs derrière lui.
Dans la salle de classe, au premier étage, le maire Rafaël Ibanez, a également souhaité la bienvenue aux enfants "On est très contents de vous accueillir dans l'école", a-t-il déclaré en français. Des paroles traduites aussitôt aux enfants.
Les enfants vont être accueillis cette semaine dans cette classe de l'école Louise Michel, à l'exception du mercredi. Un accueil à la cantine est également prévu. Ces quatre journées au sein de l'école serviront à faire des évaluations. Et à partir de la semaine prochaine, certains seront orientés vers le collège ou le lycée de la commune voisine de Saint-Priest. "Nous savons que c'est difficile pour vous mais nous allons faire le maximum pour que vous soyez bien à Saint-Pierre de Chandieu", a déclaré l'élu aux enfants, à peine installés en classe.
L'école c'est juste une étape. Mais on a aussi tout le monde associatif de Saint-Pierre-de-Chandieu (84 associations) prêt à intégrer les enfants...
Rafaël Ibanez, maire de St-Pierre de Chandieu
"Ça fait une semaine qu'on est au travail, on tenait vraiment à intégrer les enfants à l'école dès cette semaine. Tout est compliqué, il y a des différences d'âge et des différences de niveaux d'études importants", explique le maire de Saint-Pierre-de-Chandieu. Certains enfants parlent français, d'autres s'expriment en anglais ou allemand. Cette intégration est accompagnée par l'Education Nationale. Cette semaine est cruciale. "Nous faisons un sas avant la semaine prochaine, nous allons ensuite mieux pouvoir les dispatcher dans différents établissements, au collège, au lycée, voire en enseignement supérieur", explique l'édile. Des enseignants franco-ukrainiens sont spécialement mobilisés.
Priorité à l'apprentissage du français
A l'extérieur, certaines mères sont venues accompagner leurs enfants pour cette première journée. C'est le cas de Natalia, maman deux enfants de Georgi et Emilia, âgés de 9 et 12 ans. Cette dernière est "heureuse" de savoir que ses enfants vont apprendre la langue française. "C'est important parce que nous vivons au sein d'une famille française. Je veux en savoir plus sur la France, la culture française", explique-t-elle en anglais. "Je ne sais pas combien de temps nous allons rester ici. J'ai une fille de 9 ans, elle était contente ce matin", explique Irina, également en anglais.
Pour Cendrine Ribier qui héberge une mère et ses deux enfants, cette intégration à l'école sonne comme un retour à une sorte de "normalité" même si ces réfugiés "n'imaginent pas que cette situation va durer". "Au moins, les enfants retrouvent un monde qui leur parle : l'école", explique-t-elle.
Depuis le début du conflit en Ukraine, des femmes et des enfants ont quitté en masse le pays. Ces dernières 24 heures, quelque 100 000 personnes ont rejoint les rangs des réfugiés, portant ainsi leur nombre à 2.698.280, selon un décompte publié dimanche 13 mars par le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU.