La fausse polémique à propos des recherches génétiques des tirailleurs sénégalais inhumés à Chasselay, dans le Rhône

Contrairement à ce qui est affirmé dans un récent article de Mediapart, le ministère des armées n’a pas inventé de «recherches génétiques » pour identifier les corps de 25 tirailleurs sénégalais en janvier 2022. L’identification des soldats a été permise grâce à des recherches historiques, on vous décrypte la polémique.

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La commune de Chasselay, dans le Rhône, accueille en son sein  le « Tata sénégalais » (tata signifiant enceinte sacrée en sénégalais). Depuis son inauguration en 1942, cette nécropole nationale rend hommage à 196 soldats dont 188 tirailleurs sénégalais, morts pour la France pendant la Seconde guerre mondiale. Une cinquantaine d'entre-elles sont encore des tombes inconnues

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Le Tata sénégalais est situé à Chasselay en raison du massacre de 48 tirailleurs sénégalais par la Wehrmacht le 20 juin 1940. ©Sylvie ADAM et Benjamin METRAL / France Télévisions

Un récent article de Mediapart, publié le 9 novembre 2022, annonce que le ministère des armées aurait inventé des « recherches génétiques » pour identifier les tombes de certains soldats, « ce qui laisse planer un doute sur l’identité des soldats inhumés à cet endroit ».

Une politique française de "laisser reposer les corps en paix"

Selon l’historien Julien Fargettas (qui a consacré sa thèse de recherche aux tirailleurs sénégalais de la Seconde guerre mondiale), le ministère des armées n’a pas inventé de « recherches génétiques » pour la simple raison que les corps des soldats non-identifiés n’en subissent jamais.

La politique en France c’est de ne pas exhumer les corps non-identifiés afin qu’ils puissent reposer en paix justement.

Julien Fargettas, historien à l’Office National des Anciens Combattants et victimes de guerre

C’est ce qui explique aussi pourquoi la mention « soldat inconnu » ou « porté disparu » est courante, notamment lors des deux guerres mondiales.

La polémique est née suite à cette note aux rédactions (de la part du Ministère des Armées) à propos l’inauguration en janvier 2022 d’une plaque mémorielle pour 25 tirailleurs, considérés inconnus jusque-là, par Geneviève Darrieusecq, alors ministre chargée de la Mémoire et des Anciens Combattants : 

Elle y dévoilera une plaque en hommage à 25 soldats ayant combattu auprès du 25e régiment de tirailleurs sénégalais. Identifiés grâce à des recherches génétiques, ces 25 soldats sont le symbole du courage et de l’abnégation de ce 25e régiment de tirailleurs qui, les 19 et 20 juin 1940, s’est illustré par sa bravoure dans la bataille des Alpes, repoussant l’envahisseur nazi.

Ministère des Armées

Note aux rédactions à propos du déplacement de Geneviève Darrieussecq à Chasselay, le 27 janvier 2022

"Des recherches génétiques qui n'ont jamais eu lieu"

Contacté par Mediapart, le Ministère des Armés a répondu que ce communiqué était « erroné car (…) de telles recherches [génétiques] n’avaient jamais eu lieu ». La reconnaissance de cette erreur de communiqué s'explique par le fait que les 25 tirailleurs sénégalais auxquels l’hommage a été rendu en janvier dernier ont été identifiés grâce à des recherches historiques et non génétiques. 

Toutefois, l’identification de ces soldats est collective, d’où la plaque mémorielle unique à leur effigie. Par exemple, il a été possible de définir ainsi que 7 tirailleurs, morts en 1940 entre Lissieu et Lozanne (au nord-ouest de Lyon) ont par la suite été enterrés dans ce tata sénégalais. Mais malgré les recherches historiques, il reste impossible de savoir qui repose sous sa chaque tombe sans exhumer les corps.

L’historien précise que malgré tout, « cette identification est une démarche importante car certaines familles viennent encore rechercher le nom de leur proche donc c’est essentiel pour elles de voir le nom affiché à l’entrée de la nécropole, à défaut de pouvoir se recueillir sur une tombe précise ».

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