Le conducteur qui a fauché le policier à Bron n’était pas à son premier refus d’interpellation

Le procès de Farès D., conducteur qui a mortellement fauché le policier Franck Labois, se poursuit pour le 3e jour la Cour d’Assises de Lyon. L’audience d’aujourd’hui nous apprend qu’il ne s’agissait pas du premier refus de Farès D. de se faire interpeller par la police. La réclusion criminelle à perpétuité a été requise, le verdict est attendu ce mercredi 9 novembre dans la soirée.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Lors de cette 3e journée d’audience à la Cour d'Assises de Lyon, la réclusion à perpétuité a été requise contre Farès D., conducteur d'un fourgon en fuite qui a mortellement fauché le policier Franck Labois, la nuit du 10 au 11 janvier 2020 :

"J'estime qu'il n'y a aucun doute sur l'intention. Il y avait la volonté d'écraser Franck Labois et de passer coûte que coûte", a avancé l'avocat général Olivier Nagabbo, estimant que l'accusé n'avait fait état d'"aucun remords".

Appuyer sur la pédale comme presser la détente d'une arme à feu

Comme les parties civiles, l'avocat général a estimé que "l'intention dure pendant toute l'accélération" du fourgon. Selon lui, appuyer sur la pédale d'accélérateur est assimilable au fait de presser la détente d'une arme à feu a-t-il déclaré à l'AFP. 

La victime était dans son champ de vision et il a lancé sur Franck Labois 2,5 tonnes en pleine accélération. Sans aucun freinage, aucune décélération.

Olivier Nagabbo, avocat général du procès

Durant l'audience, les parties civiles ont aussi tenu à rappeler que Farès D., le conducteur du fourgon qui a mortellement fauché le policier Franck Labois, n’était pas à son premier refus d’interpellation par la police :

Il avait eu en 2019 un refus d’obtempérer où il avait dit à sa copine de l’époque qui était à côté de lui, qu’il ne s’arrêterait pas. Il a foncé sur un piéton qui promenait son chien, il a percuté le chien. C’est un homme qui ne s’arrête pas, qui est dans la toute-puissance narcissique, qui fait que vous n’existez pas si vous tentez de l’arrêter.

Me Laurent-Franck Liénard, avocat des policiers constitués parties civiles

Pendant ce procès, le meurtrier présumé n’a jamais nié avoir été au volant du fourgon de 3 tonnes. En revanche, il a nié toute intention de tuer. Face à la Cour, Farès D. a répété plusieurs fois, debout et calmement, qu'il pensait avoir l’espace suffisant pour forcer le barrage afin de s’enfuir sans percuter de face le policier.

J’ai fait le mauvais choix, j’aurais dû m’arrêter. Je suis désolé, j’ai jamais voulu en arriver là.

Farès D.

Pour les parties proches de la victime, ces excuses manquent de sincérité.

«Une personnalité antisociale avec peu d’empathie»

Un expert a dressé le profil psychologique de Farès D. Il a été décrit comme une personnalité antisociale, avec peu d’empathie, mais bien ancrée dans le réel et qui ne pouvait envisager ce soir-là de se faire prendre au piège.

Selon son avocat, Me Julien Charle, Farès D. n’était pas en position d’évaluer le risque réel de sa fuite :

Bien évidemment que la décision de ne pas s’arrêter ne pouvait être que mauvaise. La véritable question c’est de savoir si [Farès] mesurait le risque et même si il envisageait les conséquences qui pouvaient en découler. Et moi je suis convaincu dans sa façon de dire les choses qu’il ne pouvait pas le savoir. On a vu hier qu’il ne comprenait même pas que l’on puisse douter de sa parole. Réellement cette audience démontre qu’il ne pouvait pas avoir l’intention de tuer la victime. On a d’ailleurs vu un expert qui dit que tout s’est surement emmêlé dans sa tête. Je ne vois comment on pourrait dire avec ce contexte, ce stress, sa mauvaise réflexion, qu’il avait la volonté de tuer quelqu’un contre qui il n’avait absolument rien

Me Julien Charle, avocat de Farès D.

durée de la vidéo : 00h01mn18s
Me Julien Charle, avocat de Farès D. explique que son client n'avait pas l'intention de tuer.on de tuer le policier Franck Dubois. ©Arnaud Jacques / France Télévisions

De leurs côtés, les policiers qui ont témoigné à la barre ont décrit l’attitude de Farès D. comme empreint d’une particulière motivation. L’avocat de la famille de Franck Labois, Me Jean-François Barre, tient aussi cette position :  

Beaucoup d’éléments laissent à penser que cet homme était dans une attention délibérée de donner la mort. Il aurait pu l’éviter, il y avait une échappatoire sur sa gauche, peut-être aussi la possibilité de freiner, de s’arrêter une fois le policier sous le fourgon.

Me Jean-François Barre, avocat de la famille de Franck Labois

La Cour d’Assises de Lyon doit statuer sur ce procès ce mercredi 9 novembre. Farès D. est accusé de meurtre sur personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions et est en situation de récidive criminelle (pour des faits commis lorsqu'il était mineur). Le verdict est attendu dans la soirée.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité