En 10 ans, le département du Rhône a perdu 24% de ses fermes, principalement celles qui produisent du lait et du vin. Dans le Beaujolais, la chambre d'agriculture met en place un programme intitulé "renouvellement des générations" pour accompagner les vignerons qui partent à la retraite et ceux qui reprennent leurs exploitations.
"C’est un bon changement de vie. Et puis la création d’un domaine de A à Z, la création d’un domaine, c’est quelque chose de très excitant" raconte Valentine Mathieu, viticultrice au Domaine Valma à Fleurie (Rhône). Valentine fait partie de ces nouveaux viticulteurs du beaujolais, de véritables reconvertis passionnés.
On touche à tout, autant à la partie viticulture qu'à la création d’entreprise
Valentine Mathieu, viticultrice à Fleurie (Rhône)
Cette ex cheffe de produits marketing à Paris dans les spiritueux, a longtemps mûri son projet. L’été dernier, elle s’est installée à Fleurie sur trois lieux dits et deux expositions différentes, "j’adore mon bureau au milieu des vignes."
Valentine écoute les conseils de ses voisins, la solidarité dans le monde agricole est fondamentale et d’autant plus que dans les 10 ans à venir, la moitié des viticulteurs du Beaujolais vont partir à la retraite, soit 800 exploitants.
Une chambre d'agriculture offensive
La chambre de l’agriculture du Rhône prend les devants, depuis quelques semaines les viticulteurs bientôt retraités sont visités pour être aidés.
Dans la famille Favre, ils sont viticulteurs depuis bientôt 40 ans. La famille possède 9 hectares en beaujolais, au Breuil, et crémant de bourgogne. Le couple a 4 enfants mais aucun ne reprendra l’exploitation. "Notre dernier n’a pas encore trouvé sa voie, mais il nous dit qu’il a toujours détesté les vignes", raconte le père de famille
Gilles se sent capable de vendre ses vignes mais pas de les voir arrachées faute de repreneur.
Quand je me suis installé, quand il y avait une vigne qui se libérait, il y avait alors 10 repreneurs intéressés. Aujourd’hui, il y a 10 vignes qui se libèrent et pas de repreneur
regrette Gilles.
"Mon exploitation est viable, on produit de nouvelles appellations, l’image du Beaujolais s’améliore… " tente Gilles, mais ça ne suffit pas.
Une nouvelle image du Beaujolais que la chambre d’agriculture du Rhône confirme. Elle se veut beaucoup plus rassurante que la situation peut laisser penser. "personnellement je reçois beaucoup de coups de fils de personnes qui veulent s’installer en beaujolais" explique Marc Robin chargé du programme "les prix du foncier sont favorables et aujourd’hui mes marchés du Beaujolais ont le vent en poupe".
Les reconversions professionnelles sont le profil numéro 1 des repreneurs à l’image de Valentine, son domaine Valma est encore inconnu tout comme les aléas de la météo. Mais à 33 ans, le bonheur de se reconvertir au grand air vaut selon elle tous les risques.