A l'hôpital Edouard Herriot (Lyon), un centre pour lutter contre les surconsommations de médicaments

Depuis le milieu de la semaine dernière, l’hôpital Edouard Herriot a ouvert un centre de ressource des addictions médicamenteuses. Il propose une prise en charge spécialisée des cas d’addiction, quelle que soit leur spécificité.

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Les cas d’addictions aux médicaments sont de plus en plus nombreux et de plus en plus complexes, dénoncent les spécialistes lyonnais de l’addictologie. Il est plus que temps de tirer la sonnette d’alarme, selon eux. Dans la droite ligne de la tendance nationale, Lyon n’échappe pas à cette tendance forte : les addictions aux médicaments augmentent de façon constante et inquiétante, dans la région, depuis une quinzaine d’années,  fait remarquer l’Observatoire française des médicaments antalgiques (OFMA). Avec une certaine assurance, ils estiment que la pandémie n’a rien arrangé. Décrites depuis des mois et des mois, les conséquences psychologiques de ces deux années « spéciales » démontrent une dégradation de l’état de santé mentale chez de nombreuses personnes, chez les jeunes en particulier. La hausse des consommations de médicaments est vertigineuse chez ces derniers, s’ajoutant à celle des substances psychoactives, sans oublier les autres addictions. Au total, un terrible cocktail.

Une consultation ouverte aux patients et aux médecins généralistes

Piloté par le SUAL, qui regroupe les services d’addictologie des Hospices Civils de Lyon (hors groupement hospitalier Nord) et du Vinatier, le nouveau centre ressource est le premier du genre créé dans la métropole de Lyon. Installé au sein du Centre de Soin, d'Accompagnement et de Prévention en Addictologie (CSAPA) de l’hôpital Edouard Herriot (Pavillon K), il propose des consultations spécialisées dans ce type d’addictions. Elle est ouverte aux patients mais aussi à des médecins généralistes à la recherche d’une expertise bienvenue. « Nous accueillons uniquement des patients orientés par un médecin prescripteur. Notre action consiste à réaliser une évaluation complète pour chacun d’entre eux et, à partir de là, à proposer, à leur médecin, un schéma de prise en charge adapté. Nous apportons notre expertise sur des cas complexes, qui s’avèrent de plus en plus nombreux », souligne le Pr Benjamin Rolland, responsable du SUAL et coordinateur en chef du CERLAM.

Les méfaits du syndrome du Dr Shopping

Il n’est pas rare de croiser des patients habitués aux médicaments anti-douleur, des patients désormais accros à ces traitements alors qu’ils n’ont plus de douleurs,  fait remarquer un médecin généraliste qui se sent démuni face aux attitudes et usages de plusieurs de ses patients. 

La plus grande difficulté ? Enrayer les très mauvais automatismes de certains patients qui parviennent, en pratiquant une forme de nomadisme à s’approvisionner de médecin en médecin, de pharmacie en pharmacie pour multiplier les prescriptions et délivrances. Les cas sont encore plus préoccupants avec des jeunes mineurs  asservis aux anxiolytiques par des réseaux mafieux. Face à ces cas qui se multiplient depuis plusieurs années, de nombreux soignants ne se sentent pas en mesure d’apporter de réponse satisfaisante.  

Nous développons une approche globale afin de remédier, justement, aux diverses difficultés recensées. Nous héritons de situations d’addiction médicamenteuse souvent après des années de parcours, avec des pathologies qui s’entremêlent, somatiques, psychiatriques et parfois plusieurs addictions. Nous tâchons alors de réaliser un état des lieux très précis de la situation du patient, sur plein d’aspects , douleur, sommeil, activité physique, alimentation, intégration sociale, etc.

Pr Benjamin Rolland, directeur du service d'addictologie des HCL

« Notre apport réside aussi dans notre capacité à tisser des partenariats entre tous les acteurs du parcours du soin, détaille le Pr Rolland. [Avec] les médecins, les pharmaciens, les centres de la douleur, le but étant de créer des synergies pour élaborer la meilleure prise en charge, médicamenteuse ou non : hypnose, neurostimulation ou autres techniques d’accompagnement de la douleur. » De part son statut de centre ressource, le CERLAM a également pour mission de récupérer les données collectées sur l’ensemble du territoire afin de contribuer à l’orientation des politiques de santé publique en matière d’addictions médicamenteuses. A raison de quatre patients par semaine, il envisage de recevoir près de 200 patients au cours des douze prochains mois.

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