Agriculteurs en colère : "il faut gérer la ferme, la famille et la manif, mais on y arrive"

Malgré le discours de politique générale prononcé par le Premier ministre, la mobilisation des agriculteurs ne faiblit pas. Un peu partout, les barrages sur les autoroutes sont maintenus. La vie s'organise, comme au nord de Lyon, sur l'A6.

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"À dix heures, je vais chercher la viande, je retourne à la ferme et je reviens en fin de journée pour faire la nuit". Manon et Anne-Lise font le planning. Installées sur l'A6, à hauteur de Villefranche, elles détaillent l'organisation.

À la ferme, mes vaches, elles mangent le matin et le soir. Et puis, il y a le petit qu'il faut emmener chez la nounou. Il faut gérer la ferme, la famille et la manif, mais on y arrive quand même

Manon, éleveuse dans l'Ain

Un feu de branches mortes a été allumé. Un barnum a été installé. Des tables posées ici et là. Certains agriculteurs arrivent avec des cagettes de denrées. Du fromage, de la charcuterie, du pain. Tout le monde met la main à la pâte. Il y a même des enceintes pour l'ambiance musicale.

"Le lait ne sort pas d'une brique !"

Pour Manon, il faut jongler entre tous les impératifs. Elle doit faire des allers-retours entre le lieu du barrage et sa ferme, notamment pour la traite des vaches. Elle est installée depuis deux ans, elle possède 300 bêtes qu'il faut bien nourrir. "On ne va pas lâcher, on est en place, à force, on sait comment s'organiser pour la logistique".

Nuit calme, mais fraîche

Un peu plus loin, Fanny discute avec une amie. Un bébé dort dans un transat. Il a passé la nuit sur le barrage. "On a dormi dans le tracteur. La nuit était calme, mais fraîche" précise-t-elle.

On restera le temps qu'il faut, quitte à dormir dans les tracteurs des jours et des semaines

Fanny, exploitante agricole

Gilles est céréalier. Il a 58 ans, et des années de syndicalisme derrière lui. Il explique que les manifestations comme celle-ci doivent être "organisées, encadrées et sécurisées". Pour lui, ce mouvement, c'est aussi l'occasion de retrouver des collègues et d'échanger sur les problèmes des uns et des autres.

On travaille ensemble. Ici, il y a des agriculteurs de l'Ain, du Rhône. Des jeunes, des aînés. Des syndiqués, des non-syndiqués. On se retrouve, on discute.

Gilles, céréalier

"Il parle de tout, de rien"

En milieu d'après-midi, la musique a laissé place à la télévision. Les manifestants ont tourné les chaises vers l'écran. Ils écoutent le Premier ministre. Pas vraiment convaincus. "Il parle de tout, de rien, ça ne me plaît pas".

Les agriculteurs ont décidé de rester une nouvelle nuit sur le barrage.

 

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