Ils sont 183 salariés à avoir déposé plainte en 2020 contre la SNCF. Leur point commun : avoir été exposés à l'amiante au technicentre SNCF. Ils étaient hier au tribunal des Prud'hommes de Lyon.
Parmi les salariés du Technicentre d'Oullins (métropole de Lyon), 15 morts, 25 reconnus malades par la SNCF pour avoir inhalé de l'amiante. Aujourd'hui, 183 plaignants comparaissaient pour faire reconnaître le préjudice moral, dont ils se disent victimes.
Préjudice d'anxiété
Les employés demandent aujourd'hui réparation pour "préjudice d'anxiété". "Aujourd'hui, dès qu'on a un problème de santé, on est dans le stress. Dès qu'on a mal aux poumons, on a peur d'avoir un cancer broncho-pulmonaire, on vit avec ça tous les jours", déplore Christophe Parra, représentant de la CGT-Cheminots.
Jusqu'en 2005, son collègue Daniel Ventura peint l'intérieur des locomotives de la SNCF dans l'atelier "le montage" à Oullins. Il y travaille alors depuis 34 ans, sans protection. "On déchirait des plaques d'amiante pour protéger les installations repeintes" se souvient Daniel. Puis, après quelques mois de retraite, il contracte un cancer. "J'avais des douleurs, des fièvres et des courbatures. Une scintigraphie a révélé une tumeur derrière la clavicule. J'ai été opéré en 2006 pour m'enlever le lobe supérieur droit du poumon et subir une chimio". Aujourd'hui guéri, il est simplement venu soutenir ses anciens collègues.
Jugement en juin
"Il y a déjà un nombre important de salariés qui ont développé des maladies liées à l'amiante sur le site, explique leur avocate Mélanie Chabanol. Le préjudice d'anxiété concerne les personnes qui n'ont pas développé de maladie et c'est au sein du technicentre d'Oullins un combat de longue date pour les élus et les salariés."
Selon l'avocate, le préjudice d'anxiété est très variable, la jurisprudence allant de 3.000 à 15.000 € par victime.
"Pour l'exposition accidentelle ou celle lors du traitement de l'amiante, la SNCF a mis des moyens importants de prévention et de sécurité pour les travailleurs, défend Cécile Pesson, avocate de la SNCF. Toutes les mesures ont été prises en accord avec l'inspection du travail et le médecin du travail."
Le jugement sera rendu le 5 juin.
Une quinzaine de décès
Un cheminot, André Triadon, est mort en 2007. Son cancer a été reconnu comme maladie professionnelle la même année. Une quinzaine d'autres salariés sont décédés de maladies ou de cancers liés à l'amiante. Enfin, 25 salariés ou anciens salariés ont été reconnus malades par l'entreprise.