De 2 à 3 ans d'emprisonnement ont été requis contre quatre gradés, mis en cause pour homicides et blessures involontaires après l'avalanche mortelle de Valfréjus en Savoie. Six légionnaires ont été tués lors de cette sortie à ski de randonnée en 2016.
Quatre gradés sont sur le banc des prévenus au tribunal de grande instance de Lyon ce vendredi 12 octobre. Poursuivis pour homicides et blessures involontaires après l'avalanche de Valfréjus (savoie) qui a coûté la vie à six légionnaires en 2016, de 2 à 3 ans d'emprisonnement avec sursis et de 3.000 à 5.000 euros d'amende ont été requis contre eux. Pendant les deux jours de procès, des approximations ont été mises en évidence dans l'itinéraire emprunté par la troupe le jour du drame.
"Si le procès doit avoir une utilité, c'est que la troupe soit considérée avec plus d'humanité par sa hiérarchie", a déclaré l'un des cinq avocats des parties civiles, évoquant un "déni total" de la part des quatre gradés qui se sont rejetés la responsabilité lors de la première journée d'audience, jeudi. Un adjudant-chef a notamment déclaré à la barre ne pas s'être "posé la question" de l'itinéraire au moment de la course car "il y avait des gens devant, qualifiés, avec des cartes".
Celui qui était en tête du groupe de militaires quand l'avalanche s'est déclenchée a pour sa part désigné le "chef organique", un capitaine qui se trouvait à l'arrière, comme celui qui devait "dire stop" en cas d'erreur de parcours.
"Le groupe a déclenché l'avalanche"
Le 18 janvier 2016, 51 militaires du 2e régiment étranger de génie (REG) de Saint-Christol (Vaucluse), qui appartient à la 27e Brigade d'infanterie de montagne (BIM), participaient à une sortie à ski de randonnée dans le cadre d'un stage destiné à leur apprendre les bases du déplacement en montagne. Une grosse coulée de 400 mètres de large sur 300 mètres de dénivelé, partie au-dessus du groupe, a emporté 18 soldats ce jour-là.
Cinq légionnaires sont morts sur le coup et un sixième est décédé une semaine plus tard des suites de ses blessures. Âgés de 21 à 33 ans, ils devaient partir en mission au Tchad, au Mali et en Centrafrique. Le jour des faits, Météo-France affichait un risque d'avalanche "marqué" de 3 sur une échelle de 5, notamment dans le type de pente raide où le groupe s'était engagé, sous le col du Petit Argentier (2.599 mètres).
Selon l'expert nivologue Richard Lambert, "ce qui est absolument certain, c'est le groupe qui a déclenché l'avalanche" à son passage sur des "plaques à vent" reposant sur des couches de neige fragiles. Le jugement, prononcé par la formation militaire du tribunal de grande instance de Lyon, doit tomber ce vendredi soir.