« C’est un énorme pas » : premier don du sang sans avoir à déclarer sa vie sexuelle pour Maxime, donneur homosexuel

Changement majeur dans la vie des donneurs de sang bénévoles. Désormais, le questionnaire de l’Etablissement français du sang ne vous demandera plus de préciser quelle est votre sexualité. Une évolution vécue comme la fin d’une discrimination, pour de nombreux hommes concernés.

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Agé de 46 ans, Maxime, ingénieur en bâtiment, est également militant pour l’association SOS homophobie. Il n’avait pas donné son sang depuis l’âge de 23 ans.

Il fait partie des personnes, en France, dont la sexualité lui limitait fortement la possibilité de donner son sang, depuis de nombreuses années. Dans les questionnaires délivrés par l’Etablissement du sang français (EFS), ces personnes sont appelées « hsh ». Il s’agit des hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes. Les « hsh » étaient tout simplement exclus de ces dons, depuis 1983, en raison des risques de transmission du sida.

Une avancée sociétale majeure

En juillet 2016, la règle évolué. Les personnes regroupées dans cette catégorie devaient alors attendre douze mois sans relations entre hommes avant de pouvoir donner leur sang. En 2020, ce délai, imposé dans leur vie sexuelle, est passé à quatre mois. Enfin, depuis le 16 mars 2022, l’ajournement a été totalement levé.

Pour l’EFS, il s’agit « d’une avancée sociétale majeure en ouvrant ce geste citoyen à de nouveaux donneurs. Cette mesure répond également aux impératifs de sécurité sanitaire, le risque résiduel de contamination par transfusion étant très faible et en baisse régulière. »

Pour Maxime, qui est donc devenu un donneur comme les autres, c’est aussi une victoire, la fin d’une discrimination. « C’est un énorme pas », confirme-t-il avec émotion, en remplissant le questionnaire soumis à chaque bénévole. « C’est l’absence de question axée sur l’orientation sexuelle qui est une révolution. »

C’est inadmissible. Dire que, au motif que je suis homosexuel, je n’ai pas le droit de donner mon sang. Alors qu’en fait, je suis en couple stable

Dès sa majorité, Maxime a été un donneur régulier durant quatre ans. Il est convaincu de l’importance de ce geste, qui peut sauver des vies. Il savoure donc cet instant. En tant que militant, il s’est battu de longues années pour dénoncer cette différence. « C’est inadmissible, en fait. Dire que, au motif que je suis homosexuel, je n’ai pas le droit de donner mon sang. Alors qu’en fait, je suis en couple stable. Et qu’il y a certainement des personnes hétérosexuelles, qui ont ce droit, et qui ne sont pas en couple stable… ou peut-être qui mentent. »

Car cette distinction, vécue comme une injustice, n’était effectivement basée que sur des déclarations. Il est évidemment impossible –et heureusement- de vérifier officiellement quelles sont les pratiques sexuelles de quiconque. « Je connais certaines personnes homosexuelles qui voulaient braver la loi, qui, se sachant dans un couple stable, choisissaient de mentir, afin de pouvoir donner leur sang. » Maxime n’avait pas fait ce choix. « Je respecte trop la loi, donc je ne l’ai jamais fait. »

Plus aucune question relative à l’orientation sexuelle du donneur

 

Il restera, toutefois, encore des restrictions de don liées à votre comportement sexuel « déclaré ». En effet, vous ne pouvez toujours pas donner « si vous avez eu une relation sexuelle, même protégée, avec plus d'un partenaire au cours des 4 derniers mois », précise l’EFS. Toutefois, il est également indiqué que « plus aucune question relative à l’orientation sexuelle du donneur ne sera donc posée, ni dans le questionnaire ni lors de l’entretien préalable réalisé par un médecin ou un(e) infirmier(e). »

Une avancée qui ne laisse pas insensible Anna Josephsson, chargée de communication EFS Rhône Ain. « C’est très émouvant. Je suis très heureuse de rencontrer Maxime. Je sais que, déjà, il avait fait un don de plasma. Donc c’est quelqu’un qui extrêmement motivé. Pour lui, c’est un acte de vie. Un acte de solidarité. Il n’est pas le seul dans ce cas. Donc je suis très heureuse pour lui. »

Le don des trans est également possible

Pour être précis, il faut préciser que le nouvel arrêté intègre un nouveau critère d’ajournement pour quatre mois en cas de prise d’un traitement pour la prophylaxie pré-exposition (PrEP) ou la prophylaxie post-exposition (PEP) au VIH.  

Enfin, quel que soit votre genre, vous pouvez donner votre sang sous l’identité inscrite sur votre carte d’identité si vous répondez aux critères de sélection des donneurs de sang. Pour les changements de sexe femme vers homme, l’EFS précise qu’il étudie l’éventuelle prise de testostérone. Cette hormone contre-indique le don pendant 6 mois après la dernière prise du médicament en raison d’un risque de masculinisation du fœtus si le produit issu du don est transfusé à une femme enceinte.

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