Coronavirus Covid 19. Paroles de soignantes à Lyon

Elles s'appellent Agathe, Marie, Justine, elles sont infirmières ou aides-soignantes, mobilisées dans des services où le nombre de malades atteints par le Covid-19 est chaque jour plus important.

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Elles n'ont pas le droit de parler à la Presse mais veulent que leurs paroles soient entendues. En préservant leur anonymat, nous avons donc choisi de partager leurs mots. Ces soignantes ont accepté de parler pour que l'on comprenne mieux ce qui se passe derrière les murs des hôpitaux de Lyon et des environs. Témoignages recueillis par téléphone. 
 

Paroles de soignantes

"Aujourd'hui, on s'est fait remonter les bretelles parce qu'on a presque plus de stock de surblouses. On nous avait dit qu'il fallait les jeter dès qu'on touchait un malade Covid, et maintenant face à la pénurie, on nous dit de ne les jeter que si un malade tousse et nous crache dessus. C'est pareil pour les masques chirurgicaux, c'est deux par jour. Mais moi, je ne vais pas garder un masque pendant 4 heures (durée maximale), si j'ai reçu des projections !

On est autorisées à porter un masque si on réalise un soin comme quand on aspire un malade encombré. Mais on a pris le droit de porter un masque FFP2 quand on fait une toilette complète car on est par moment très proche du malade et de projections potentielles."
 

On a l'impression de ne pas avoir toutes les informations pour travailler correctement. Comment nettoyer une chambre d'un malade Covid ?

Les hygiénistes sont débordées, alors on grapille des infos avec la peur de ne pas bien faire. Du coup, c'est électrique dans le service. Les gens sont fatigués au bout d'une semaine. Mais on reste solidaires. Médecins, infirmières, aides-soignantes, on est dans le même bateau."
 

"Personne ne veut toucher les Covid"

"Je suis infirmière mais je suis aussi devenue brancadrière. Car personne ne veut toucher les Covid quand il faut par exemple les emmener en réanimation. On a alors besoin d'être trois. Deux pour le brancard, et une qui va avoir les mains propres pour pousser les portes… ça mobilise du personnel qui s'absente au moins une demi-heure car le service de réa est loin de notre service Covid."

"Avant d'être ici, je travaillais dans un service classique de médecine, et je peux vous dire que je travaillais plus vite avec 12 patients à charge qu'aujourd’hui avec cinq Covid. Parce qu'il faut un temps fou pour s'habiller, enfiler tout ce qui va nous protéger."
 

Comme il n'y a plus de visites, on a un million d'appels téléphoniques chaque jour des familles inquiètes.

ça se comprend mais on en peut plus. Aujourd'hui, j'ai demandé à chaque famille de désigner une personne qui appelle pour prendre des nouvelles, pour limiter les appels."
 

La vie, notre vie aujourd'hui

"Beaucoup d'infirmières sont rappelées sur leurs repos, certaines arrivent d'autres services et ne connaissent rien à la pneumo, du coup elles sont formées sur le tas, c'est pas simple !". 
 

Lors des relèves entre les équipes, on essaie de garder notre humour, parce que sinon c'est la catastrophe pour les semaines à venir


"Entre nous on se dit que ce serait bien qu'ils nous rajoutent une prime d'effort national ou de risque. On fait pas ça pour ça, mais franchement, on est toutes d'accord sur le fait qu'on ramène le virus chez nous, que nos enfants peuvent le transmettre."

"Mon mari m'a demandé ce soir: tu as eu le temps de faire pipi aujourd'hui ? C'est drôle, mais j'ai réalisé que non, et puis que, de toutes façons, j'avais rien bu, parce qu'il faut changer de masque dès qu'on l'enlève pour boire. Et comme on en a que deux par jour…"
 

Quand je rentre de l'hôpital et que je vois encore des gens qui se promènent, j'ai envie de m'arrêter pour leur dire de rentrer chez eux, qu'ils ne se rendent pas compte que l'enfer est à venir. Mais je ne le fais pas, de peur d'être incomprise et maltraitée

 
 
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