La ministre de la Justice annonce des mesures pour les détenus après une série d'incidents le 18 mars 2020. Des refus de réintégrer les cellules après la promenade ont conduit les équipes d'intervention et de sécurité à se déployer à Lyon Corbas, Villefranche-sur-Saône et Saint-Quentin-Fallavier.
Des mesures exceptionnelles vont être mises en place à compter du vendredi 23 mars 2020 afin de permettre aux détenus de rester en contact avec leur famille après la fermeture des parloirs. C'est ce qu'annonce la ministre de la Justice après la série d'incidents de la veille, dans plusieurs établissements pénitentiaires français et notamment en Auvergne-Rhône-Alpes.
Quelles mesures ?
Nicole Belloubet, ministre de la Justice, précise que durant la crise sanitaire liée à l'épidémie du nouveau Coronavirus Covid-19, et jusqu'à la fin de la période de confinement :
- chaque détenu pourra bénéficier d’un crédit de 40€ par mois sur son compte téléphonique, lui permettant de rester en contact avec sa famille et ses proches. Cette somme, utilisable dans les 64 établissements déjà équipés de téléphones en cellule ou depuis les cabines téléphoniques installées dans l’ensemble des détentions, correspond à 11 heures de communications en France métropolitaine vers un téléphone fixe ou à 5 heures vers un téléphone portable. Un service de messagerie téléphonique sera en outre ouvert aux familles via un numéro non surtaxé.
- Afin d’accompagner la suspension des activités en détention, la gratuité de la télévision sera également assurée pendant cette période.
- Les détenus les plus démunis pourront quant à eux bénéficier d’une aide majorée de 40 euros par mois leur permettant notamment de cantiner, dans un contexte où les familles pourraient rencontrer des difficultés à effectuer des virements.
Incidents dans les prisons la veille
Il n'y a pas eu de blessé aux dires du secrétaire régional de l'UFAP, mais des incidents ont bel et bien éclaté le 18 mars dans plusieurs établissements pénitentiaires d'Auvergne-Rhône-Alpes. Dans le Rhône à Lyon et Villefranche-sur-Saône, en Isère à Grenoble et Saint-Quentin-Fallavier, et à Aiton en Savoie.
Quel type d'incidents ? Essentiellement un refus des détenus de réintégrer leur cellule après la promenade, indique Dominique Verrière.
La tension est montée d'un cran dans les prisons, après la décision de supprimer les parloirs et de fermer les ateliers dans lesquels les détenus pouvaient travailler.
A Lyon Corbas, à Saint-Quentin-Fallavier où des détenus ont arraché des bouts de grillage, à Villefranche-sur-Saône, les ERIS, les équipes régionales d'intervention et de sécurité, ont été déployées, avec parfois l'appui des gendarmes, selon cette même source.
Aucun cas avéré de Covid-19 parmi les 7000 détenus en AURA
Selon la direction interrégionale des services pénitentiaires basée à Lyon, "sur les 7000 personnes détenues en Auvergne-Rhône-Alpes, il n'y a à ce jour aucun cas positif au Coronavirus Covid-19. Sur les 4000 agents, un seul cas officiellement déclaré qui est en quatorzaine".
Répondant aux propos que nous avons recueillis auprès du secrétaire régional de l'UFAP qui dénonçait la possibilité de porter librement des masques à l'intérieur des prisons, Stéphane Scotto précise que "des stocks sont disponibles dans les différents sites pénitentiaires et qu'il faut les gérer dans le temps, mais que le port du masque est effectivement encadré, réservé en cas de suspicion ou de maladie avérée".
Ne pas rendre les détentions insupportables
Pour l'administration pénitentiaire, il est aujourd'hui nécessaire de "trouver un équilibre entre sécurité pénitentiaire et sécurité sanitaire" à l'intérieur de ses établissements.
A propos des promenades et déplacement des détenus sur les courvices, Stéphane Scotto explique que face aux restrictions imposées pour gérer la crise sanitaire, l'administration se doit d'adopter un fonctionnement amené à pouvoir durer. "Quinze jours de restriction, c'est long" selon le directeur interrégional des services pénitentiaires, "il est important d'aménager des temps de promenade quand les détenus n'ont plus accès au parloir, et de permettre à ceux qui bénéficient d'un régime "porte ouverte" de déambuler par roulement de dix cellules sur les coursives". Tout regroupement est en revanche strictement interdit.
Concernant les inquiétudes des agents pénitentiaires en cette période de crise sanitaire liée au Coronavirus, une foire aux questions a été mise en ligne sur le site intranet auquel les 4000 agents de la région ont accès.
En moyenne, à la maison d'arrêt de Lyon Corbas, au centre pénitentiaire de Villefranche-sur-Saône ou celui de Saint-Quentin-Fallavier, il faut compter 1 à 2 détenus par cellule.