A Lyon, le Musée de la miniature et du cinéma est le lieu qui réunit toutes les œuvres créées ou collectionnées par Dan Ohlman. Une vie entièrement vouée à cette passion, et jalonnée de rencontres et de voyages. Découverte sur le plateau de "Vous êtes formidables" sur France 3
Depuis sa création en 2005, c’est un lieu magique, qui intrigue tout visiteur de Lyon et de son quartier historique. Dan Ohlman est le créateur du musée de la miniature et du cinéma. Avec parfois plus de 245 000 visiteurs par an, il est très populaire. On y trouve des objets uniques provenant du 7ème art. « C’est le seul endroit au monde où on peut trouver la reine Alien » précise son fondateur « On a des exclusivités et c’est ça qui est intéressant. »
Après l’avoir longtemps représenté, Dan a finalement vendu son musée en 2021. « Je suis miniaturiste avant tout, et passionné de maquettes. Tellement passionné que j’ai eu envie de les faire voir au public. C’est comme ça que ma vie a débordé sur la voie muséale. Je suis devenu un conservateur en herbe. » Et sa passion s’est nourrie des progrès technologiques et de leurs maîtres « Fond vert d’un côté, animatronique de l’autre… Petit à petit, je me suis passionné pour tous ces artistes incroyables qui travaillent au service des réalisateurs. Cela a permis de fonder le musée mais m’a éloigné de ma passion en même temps. Je n’avais plus le temps de faire des miniatures ! »
De l'ébénisterie au théâtre
Né à Montélimar, dans la Drôme, d’une famille d’origine strasbourgeoise, il s’est lancé dès l’âge de 16 ans dans l’ébénisterie. « Tout en étant ébéniste, j’étais toujours très fan des choses miniaturisées. Je collectionnais déjà des toutes petites choses, comme des poteries. Mon premier livre fut "Les aventures de Gulliver"», s’amuse-t-il.
C’est en créant des décors de théâtre que l’idée de créer des scènes en 3D lui est venue. « Le metteur en scène m’a réclamé une maquette. Alors je m’y suis mis. Mais comme je ne savais pas faire cela en carton ou en balsa, j’utilisais toujours de beaux matériaux. » Ainsi est née cette vocation.
Les américains nous ont prêté ça pour faire une expo, sans le moindre contrat. C’est inimaginable de penser que tout cela n’était même pas assuré.
Il crée à Montélimar un festival de miniatures, et y invite les créateurs des maquettes du film « La guerre des étoiles ». « A cette époque, j’avais contacté la Lucas Films à San Francisco. On est allés là-bas et on a été très bien accueillis par ces miniaturistes. Ils avaient allumé un hangar où se trouvaient plein d’objets qui, aujourd’hui, sont réellement mythiques. » Sauf qu’à l’époque, cela n’intéressait pas grand-monde. « C’était dans la poussière. Ils nous ont prêté ça pour faire une expo, sans le moindre contrat. C’est inimaginable de penser que tout cela n’était même pas assuré. Ma passion les avait touchés. Et cela a été exposé à Montélimar en 1988. »
Le soutien de Pierre Cardin
C’est surtout grâce à une maquette qu’il a fabriquée, représentant le restaurant Maxim’s, que l’on a connu Dan Ohlman. Cette création a fait le tour du monde. « Je ne m’y attendais pas. J’aime l’art nouveau. Je savais que ce restaurant Belle époque était splendide. Un jour, le propriétaire Pierre Cardin est venu me voir. Il a donné un temps infini pour m’aider parce qu’il aimait mon travail. Il m’a fait aller partout, aux Etats-Unis, au Japon. Une aide médiatique formidable. Je l’ai considéré comme un père. Sa disparition m’a causé beaucoup de chagrin », se remémore-t-il.
Un jour, Cardin lui apporte des plans de Moscou. Il lui propose de devenir maître d’œuvre d’un restaurant Maxim’s dans la capitale soviétique. « J’avais déjà débuté ma carrière dans la miniature, et mon festival était lancé. J’ai blêmi. Cela aurait bien de faire une telle carrière, mais j’ai refusé. »
Fondu de New-York
A l’opposé…New-York fait partie des villes de cœur de Dan Ohlman. « C’est un choc qui ne s’explique pas. New York me manque depuis deux ans, parce que le Covid m’en a privé. J’aime déambuler dans ses rues, y voir les musées. C’est une créativité totalement dingue. On y voit des populations de toutes sortes. C’est très bienveillant. J’adore ça », s’enthousiasme notre interlocuteur. « Et puis maintenant j’y ai des amis. On m’emmène dans le milieu artistique, chez des tagueurs professionnels, dans le Bronx ou à Brooklyn. J’y passe des soirées avec des artistes de toutes sortes. Cela fait quatorze fois que je vais là-bas. La première fois, c’était en 1986. Je ne parlais pas un mot d’anglais. Je n’y comprenais rien ! »,se souvient-il en riant.
Il s'installe à Lyon
Il se rend à Paris, pour faire connaître son travail. Il organise ensuite une tournée en France et, un jour, se retrouve à Lyon, où il décide de se poser. « Partout où j’allais en France, je passais sur France 3. Et, le jour où je suis arrivé à Lyon, les habitants m’ont reconnu grâce à cela. C’était très émouvant, car il y avait une file d’attente pour me rencontrer. Le maire de l’époque Michel Noir me propose de m’installer dans sa ville. Il m’a trouvé un local à côté de la gare Saint-Paul. »
Plus tard, il investira l’ancienne maison des avocats, bâtie en 1406 dans le quartier historique St Jean, et classée au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est grâce à une mécène que cela sera rendu possible. « C’est assez incroyable. Une suisse totalement philanthrope, qui aimait mon travail, a tout rapatrié dans cet endroit, où elle m’a installé à vie. Nous étions alors une entreprise familiale, tout comme le nouveau repreneur aujourd’hui. »
Petit à petit, les miniatures sont devenues des décors et des objets issus du cinéma. Dan Ohlman a récupéré notamment des éléments "grandeur nature" du décor du film « Le parfum » -et notamment la boutique de parfum entièrement reconstituée- et bien d’autres encore. « Aujourd’hui, c’est devenu plus compliqué de les récupérer. C’est le nouveau propriétaire, Julien Dumond, qui, pendant quinze ans, m’a aidé à les trouver. Je me suis bien débrouillé pour restaurer tout cela, mais lui a tout le réseau de connaissances pour récupérer ces pièces. Il est à Los Angeles en ce moment, où il vient de trouver une superbe collection sur Harry Potter, qui va bientôt être exposée à Lyon », annonce-t-il.
Dans ses souvenirs personnels, Dan Ohlman considère que c’est Alien qui l’a le plus passionné. « J’aime bien les choses gore ! » conclut l’artiste.