40 places pour 8 familles en grande précarité. C'est ce que propose l'établissement d'urgence Sémart installé à Vénissieux dans les anciens locaux de la SNCF. Parmi les familles, Ilirida, son mari et leurs deux enfants tentent de prendre leurs marques depuis juin dernier.
“Avant, j'habitais à Saint-Priest. Nous sommes restés à l’hôtel pendant quatre ans, maintenant, nous sommes là. C’est mieux”, explique Ilirida. Elle habite depuis deux mois avec son mari et ses deux enfants âgés de 3 et 8 ans au centre d’hébergement d’urgence Sémard à Vénissieux, près de Lyon.
Dans cette ancienne maison de cheminot, la famille profite d’un espace plus tranquille, plus grand, avec un jardin. “C’est mieux pour les enfants, confie la mère de famille. Ils peuvent jouer dans le jardin, avec les autres jeunes.”
Car Ilirida et sa famille ne sont pas les seuls à résider dans la maison. Ils partagent le logement avec trois autres familles. “On partage la cuisine avec les plaques de cuisson, le frigo, le four, la table pour manger”, explique-t-elle. Tout est une question d’organisation.
Accompagner dans l'insertion
Plus qu’un toit, ces logements représentent un gage d’insertion pour les familles en difficulté. Mis à disposition par la société SNCF immobilier (2ᵉ propriétaire foncier derrière l’État), en partenariat avec l’association Habitat et Humanisme, ils permettent aux résidents d’être accompagnés tout au long de leur résidence.
“On les aide dans les démarches administratives, on les accompagne pour la régularisation des démarches, la scolarité des enfants ...”, explique Noémie Plagnard, chargée de mission sociale pour Habitat et Humanisme. “On propose des activités sportives. Et puis pour les familles, les escales solidaires proposent des activités sur des journées”, ajoute la responsable, présente à proximité de la maison du lundi au vendredi.
Ilirida a ainsi pu inscrire son fils à des entraînements de football avant de prendre pour elle rendez-vous chez le coiffeur dans l’une des escales solidaires de l’association. La famille qui vit grâce au CDI du mari est dans l’attente d'un titre de séjour.
"On appelle ça l'urbanisme transitoire"
En 2024, Habitat et Humanisme Rhône a ouvert 162 places pour plus de 700 personnes hébergées. “Nous arrivons à trouver des occupations pendant quelques années. On appelle ça l’urbanisme transitoire”, explique Thierry Bauchet, directeur territorial SNCF Immobilier en Auvergne Rhône-Alpes et en Bourgogne-Franche-Comté. “Il s’agit de trouver une vocation temporaire à des bâtiments, pour ne pas qu’ils se dégradent, dans l’attente d’un projet plus important”, complète-t-il.
Au total, trois anciennes maisons de cheminots sont mises à disposition par SNCF Immobilier. Au sein du technicentre de Vénissieux, deuxième centre mis à disposition par la SNCF Immobilier après La Mulatière, huit familles dont 24 enfants résident à l’abri pour une durée de cinq ans.
“Ça reste un hébergement transitoire. L’objectif, c’est vraiment d’accueillir des personnes sur un temps limité pour leur permettre d’accéder à l’autonomie et poursuivre leur parcours ensuite”, explique Hamdane Attar, chef du pôle hébergement pour Habitat et Humanisme Rhône.
Sur place, les familles sont accompagnées par une équipe de salariés et de bénévoles afin de connaître le site, son quartier et les accompagner dans leur adaptation.
“Pour le grand, c’est très difficile. Il n’est pas content, il est stressé”, explique Ilirida. Et pour cause, il a dû changer d’école ! Pour la maman aussi, la situation est difficile. Elle a du mal à s’installer correctement dans cet hébergement temporaire, imaginant déjà son prochain déménagement.
Au total, il aura fallu 300 000 euros de travaux pour remettre en état les bâtiments, les sécuriser et ainsi accueillir les 40 locataires. Une quatrième maison appartement à la SNCF devrait accueillir 10 hommes seuls, d’ici la fin de l’année.