Un appel à manifester dans la soirée à Lyon, comme dans d'autres villes d'Auvergne-Rhône-Alpes, a été émis par plusieurs mouvements, après l'annonce de la dissolution du collectif par le gouvernement.
Le point de ralliement était tenu secret jusqu'au dernier moment. Plusieurs mouvements de protestation ont appellé à une manifestation, ce mercredi 21 juin, à 20h à Lyon. Le mouvement suscitait l'inquiétude des autorités, en pleine soirée de la Fête de la musique.
Appel informel
Les manifestants se sont retrouvés dans une ambiance bon enfant, place de la République, pour un rassemblement non déclaré auprès de la préfecture du Rhône. L' appel avait été diffusé sur les réseaux sociaux, et en particulier sur le groupe Lyon Insurrection, qui communique via l'application Telegram. Cet appel intervient après la dissolution du collectif "Les Soulèvements de la Terre", annoncé ce mercredi à l'occasion du conseil des ministres.
À l'image des leaders politiques nationaux, des personnalités de la région Auvergne-Rhône-Alpes dénoncent cette dissolution, mais sans indiquer leur position sur cet appel à manifester. Ainsi à Lyon, Benjamin Badouard, coprésident du groupe Les écologistes à la Métropole, considère, sur son compte Twitter, que "la criminalisation des mouvements écologistes est la seule réponse de Darmanin et Macron pour cacher leur inaction sur le climat et l'environnement".
Les autorités "vigilantes"
"Nous suivons la situation avec une vigilance particulière", se limite à commenter la préfecture du Rhône. Pour les forces de l'ordre, une mobilisation de groupuscules d'extrême gauche dans un contexte de soirée festive, dédiée à la Fête de la musique, pose des difficultés supplémentaires. Les précédentes manifestations non déclarées, qui ont émaillé la période de contestation contre la réforme des retraites récemment, étaient en effet marquées par des dégradations et des affrontements significatifs à Lyon. Un dispositif policier spécifique est prévu pour la sécurité des festivités, et pourra être mobilisé en cas de perturbations.
Plus largement, selon le groupe des Soulèvements de la Terre, près d'une centaine d'actions seraient annoncées dans toute la France ce mercredi.
Au-delà de Lyon, plusieurs villes de la région Auvergne-Rhône-Alpes seraient concernées par des appels à manifestation, comme Montbrison ou Roanne (Loire), Die (Drôme), Privas (Ardèche), ou encore Bourg-en-Bresse (Ain). Dans cette dernière commune, la Confédération paysanne départementale relaie d'ailleurs l'appel sur son fil Facebook, appelant à se rassembler à 18h devant la préfecture.
Le gouvernement condamne "le recours à la violence"
Le gouvernement avait engagé cette procédure de dissolution le 28 mars, quelques jours après les violents affrontements entre gendarmes et opposants aux retenues d'eau de Sainte-Soline (Deux-Sèvres) dont il avait imputé la responsabilité au mouvement. La procédure a finalement abouti après une nouvelle manifestation soutenue par Les Soulèvements de la Terre (SLT) ce weekend, contre la liaison ferroviaire Lyon-Turin, elle aussi marquée par des échauffourées.
Pour justifier sa décision, le gouvernement exclut le débat idéologique, se concentrant sur les méthodes d'action. Selon lui, chacun des "actes" des SLT sur le terrain est précédé de la diffusion de consignes visant à la violence. Il cite notamment dans son texte "des modes opératoires directement inspirés de ceux des black blocs" (tenue, anonymat, sécurité numérique...).
"Le recours à la violence n'est pas légitime en État de droit et c'est bien cela qui est sanctionné", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, à la sortie du Conseil des ministres. "Aucune cause ne justifie les agissements particulièrement nombreux et violents", écrit notamment le gouvernement dans son décret de dissolution.
Une décision contestée
Depuis, la décision est contestée par de multiples acteurs, à commencer par le groupe des Soulèvements, qui a immédiatement réagi : "nous croyons dans la possibilité d'une victoire juridique pour casser cette décision inique, comme ce fut le cas pour d'autres dissolutions pour motif politique ces dernières années", ont assuré les Soulèvements.
Par ailleurs, des personnalités politiques d'une partie de la gauche (Nupes essentiellement), expriment leur opposition à cette dissolution. "J'y vois une vraie dérive et une perte de sang-froid", a déclaré le député écologiste Julien Bayou, qui s'exprimait devant des journalistes à l'Assemblée nationale. Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise, avait lui regretté mardi que les activistes soient "réprimés comme des terroristes qu'ils ne sont pas", jugeant qu'ils devaient être "écoutés."
À noter enfin que la Ligue des droits de l'Homme (LDH) a, elle, dénoncé une "remise en cause des libertés d'association, de manifestation, d'expression, ainsi que des droits de la défense" et appelé à "rejoindre les rassemblements de soutien" à SLT.