Éleveurs et agriculteurs interpellent le groupe Carrefour sur les importations de viande

Une cinquantaine d'agriculteurs se sont réunis sur le parking d'un des plus grands Carrefour de France, à Ecully (métropole de Lyon). Ils dénoncent des importations de viande en hausse et des irrégularités dans la communication et l'étiquetage des grandes surfaces.

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Alors qu'il se rend ce mardi 9 mai 2023 à l'hypermarché Carrefour d'Ecully qu'il dirige, Christophe Benoît ne s'attend pas à être reçu sur le parking du magasin entre une benne et un tracteur. Sous une tente abritant un barbecue, une cinquantaine d'éleveurs de la FRSEA et des Jeunes Agriculteurs le reçoivent cordialement pour expliquer leurs doléances.

Inflation et importation de viande en hausse

Depuis la hausse de l'inflation, une baisse de la consommation de viande s'observe dans les grandes et moyennes surfaces. Les agriculteurs accusent les groupes de la grande distribution de vouloir tirer les prix vers le bas. "Aujourd'hui, tout ce qui est viande de bœuf qui passe à travers les plats cuisinés ou la viande transformée, c'est là aussi qu'on a une arrivée massive de l'import. On est quand même arrivé aujourd'hui quasiment à un tiers du bœuf consommé en import. On a pris pratiquement 12% en un an !", relève Jonathan Janichon, président de la section bovine de la FRSEA  Auvergne-Rhône-Alpes.

Face au directeur du magasin, un autre agriculteur exprime sa crainte. "La viande a augmenté. On va importer. On va laisser les frigos des industriels en France se remplir et on reviendra mettre la pression pour négocier les prix vers le bas. C'est tellement lisible !". Selon Jonathan Janichon, cette baisse de prix a déjà été enclenchée. "Depuis trois semaines, nos prix baissent, mais pas celui du consommateur. On nous parle de pouvoir d'achat, mais dans plusieurs enseignes, il n'y a aucune baisse dans les rayons".

Des "étiquettes trompeuses"

Les agriculteurs pointent également des "irrégularités" sur la viande importée de la part de la grande distribution. "Il y a déjà des irrégularités sur la communication. On ne peut pas dire, venez acheter français chez nous et finalement vendre de la viande étrangère. Et puis il y a des irrégularités sur l'étiquetage. Sur des barquettes avec de la viande née, élevée et abattue en Allemagne, le logo VBF (viande bovine française) est accolé, car elle a été découpée en France ! Là, c'était la goutte d'eau !" se désole Jonathan Janichon.

Assiettes en main, les agriculteurs ont donc sillonné les allées de l'hypermarché, avec drapeaux et affiches. Une action symbolique pour inciter les clients à se tourner vers la production hexagonale.

Et au rayon boucherie, quand les mentions d'origine sont absentes des emballages, ces éleveurs n'hésitent pas à apposer des étiquettes sur les barquettes de viande avec un message sans équivoque : "Je ne sais pas d'où ça vient". Une action destinée à dénoncer la présence de viandes d'importation. 

Dans les négociations commerciales, les agriculteurs en ont assez d'être la variable d'ajustement. La FRSEA a observé que "des boucheries travaillent des marges de 25 à 35%. Avant de taper sur les agriculteurs, il y a au moins 10% à récupérer pour le consommateur".

Attirer les jeunes agriculteurs

En 5 ans, la France a perdu un million de têtes de bétail, selon la FRSEA. "Si on continue, dans 5 à 6 ans, c'est fini. Il faut pérenniser nos filières avec des jeunes avec des objectifs financiers auxquels ils peuvent répondre. Et avec les politiques menées notamment par le groupe Carrefour, on n'y est pas" alerte Jonathan Janichon qui s'attend à une longue bataille. "Nous avons aussi la restauration collective type restauration rapide comme McDo ou Burger King qui embrayent sur ce chemin de l'importation massive pour casser les prix. Et demain, ça va probablement être notre prochaine cible".

Le directeur Christophe Benoît est resté mutique. Le service presse de Carrefour fait savoir que son groupe "respecte scrupuleusement la loi EGALIM et accepte les hausses des prix des matières premières agricoles." Le groupe poursuit, sans évoquer le tiers de viande importée selon les agriculteurs, "98% de la viande bovine que nous proposons est d'origine française. En ce qui concerne le lait, 100% de notre offre à marque propre est lui aussi d'origine française." 

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