Il y a un an, un étudiant de 22 ans, Anas K., tentait de mettre fin à ses jours en s'immolant devant le Crous de Lyon. Dimanche 8 novembre il s'exprime pour la première fois publiquement pour donner de ses nouvelles, remercier ses soutiens et revendiquer le droit à la lutte pour les progrès sociaux.
Il s'était immolé par le feu le 8 novembre 2019 devant le siège du CROUS de Lyon. Deux mois plus tard, le jeune homme de 22 ans, originaire de Saint-Etienne était toujours dans le coma.
Aujourd'hui, un an plus tard, Anas K. s'exprime pour la première fois publiquement sur les réseaux sociaux. "Je tenais à remercier les personnes qui se sont mobilisées suite à cela. En premier lieu, les personnes de mon entourage qui nous ont soutenu, moi et ma famille, puis les militants et militantes politiques et syndicaux, qui ont agi pour donner un sens à mon geste" dit-il.
"Je traversais une période difficile"
Il enchaîne: "Je suis conscient de la gravité de mon acte désespéré. Je traversais une période difficile sans emploi stable, sans logement étudiant et sans bourse universitaire, je me réveille en constatant que cela aura au moins permis quelques avancées telles que les repas des Restau U à 1€, même s'ils ne s'adressent qu'aux boursiers et boursières."Anas donne des nouvelles de sa santé. Il est aujourd'hui brûlé au 3e degré, sur 75% du corps, avec des amputations aux doigts, après avoir passé 5 mois dans le coma au service des grands brûlés de l'hôpital Edouard Herriot. Il a subi 48 opérations. Au départ, les médecins ne lui donnaient que très peu de chance de survie. Le jeune homme est maintenant en rééducation au Centre Médical de l'Argentière. De nouvelles opérations doivent encore avoir lieu. Anas se montre assez positif sur ses progrès: "Je gagne de jour en jour en autonomie: je parle de nouveau depuis mai, je marche très bien et j'arrive à écrire correctement des textes malgré mes amputations, par exemple. J'essaie tous les jours de relever de nouveaux défis qui sembleraient anodins en cas de validité."
Il a repris le cours de ses études, à distance, à l'université de Lyon 2, "ainsi que des activités liées au syndicalisme étudiant".
"Unir nos forces"
Son engagement n'est jamais très loin: "Je tiens à dire à toutes les personnes qui me liront de lutter pour leurs droits, car ce n'est pas dans la passivité qu'on arrive à défendre, et encore moins à gagner, de bonnes conditions de vie. Cela est encore plus vrai au temps où les populations les plus précaires sont bouleversées par la maladie du Coronavirus. Il faut que nous, étudiantes et étudiants, salariés ou non, réussissons à unir nos forces, à travers des syndicats. Il faut aussi que nous, grands et grandes brulés, amputés et autres accidentés de la vie et de sa précarité, prenons conscience que c'est (d'être) vivants, que nous pouvons améliorer notre quotidien, en se battant collectivement, sans perdre espoir, en la vie, au progrès de la science et en l'action collective."En novembre 2019 une vague d'émotion avait gagné tout le pays devant ce drame. La ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal s'était rendue dès le lendemain à Lyon. Dans un communiqué commun, les fédérations syndicales étudiantes SUD-éducation et Solidaires avaient très rapidement dénoncé la précarité de la vie des étudiants et revendiqué la portée politique du geste: "Son acte ne saurait être réduit au seul désespoir, c'est aussi à la portée politique. Dans son message, notre camarade décrit la précarité qu'il subit, conséquence des politiques libérales et le racisme quotidien. La précarité s'étend et broie de plus en plus de vies, y compris la vie des étudiants."
Le 12 novembre, à l'appel des syndicats, de nombreux étudiants étaient descendus dans la rue dans plusieurs villes pour dénoncer la précarité.