L'auteure lyonnaise Sophie Divry est l'une des invités de la prochaine fête du livre de Bron au slogan séduisant "Sauver l'amour". Elle publie un nouveau roman "Fantastique histoire d'amour". Elle passe l'amour à la machine sur fond de polar fantastique.
Sophie Divry est installée à Lyon depuis longtemps. Quoi de plus simple pour elle de faire débuter son nouveau roman au parc de la Tête-d’or. Dans ce décor paisible, elle met d’emblée en présence les deux personnages principaux de son roman. Maïa, une journaliste scientifique et Bastien, inspecteur du travail. Bastien observe Maïa mais elle ne le voit pas. La rencontre n’est pas pour tout de suite. Tous deux sont célibataires, Français moyens, sans relief particulier. Sophie Divry va développer leurs histoires en parallèle. Mais alors me direz-vous, pourquoi titrer l’ouvrage Fantastique histoire d’amour ?
L'amour en salle d'attente
Il vous faudra plonger dans le livre pour y trouver votre réponse. Plonger dans ce « mille-feuilles » comme le qualifie Sophie Divry lorsqu’elle le présente. Une histoire dans laquelle « elle adore frustrer les lecteurs » en ébauchant les parcours de nombreux personnages qui gravitent autour de ses deux protagonistes.
Maïa, la pigiste, écrit pour un magazine scientifique mais se fait lourder après la perte de son ordinateur professionnel. Elle souffre de ce qu’elle appelle "la disparitionnite". Elle nomme ainsi sa manie de tout perdre. Elle va enquêter au CERN à Genève sur les recherches autour d’un cristal artificiel aux pouvoirs insoupçonnés sur lequel travaille sa tante Victoire. Sophie Divry réussit à nous captiver avec des considérations scientifiques dignes de Science et vie. C’est un véritable tour de force.
Bastien, autre enquêteur par métier, essaie de comprendre ce qui a amené à la mort d’un ouvrier dans une "compacteuse" d’une usine de plastique à Vénissieux. L’homme va pousser très loin son activité d’inspecteur du travail jusqu’au cœur de la machine. Il continue malgré tout son petit quotidien légèrement alcoolisé. Largué par sa femme, en catholique approximatif il fréquente les églises le dimanche. Les scènes de dialogue dominical avec le curé sont à croquer. C’est sans doute le côté catho de gauche de l’auteur qui ressort.
Quand les parallèles se rejoignent
Deux enquêtes en parallèle. Mais parfois les parallèles se rejoignent. En tout cas dans ce thriller scientifique et fantastique, Sophie Divry fait mentir la géométrie des droites. Il vous faudra attendre tout de même un peu plus de 300 pages pour obtenir votre réponse sur l’amour. A moins qu’elle ne soit dans la citation du pape François en exergue de la première partie : Cependant je veux insister sur le fait que l’amour est plus fort . Catho de gauche je vous dis !
Avec ce roman qu’on ne lâche pas, Sophie Divry change de point de vue. Elle nous avait habitués à une écriture de description, donnant de la saveur aux destins d’anonymes dans un monde de solitude. Des ouvrages assez courts. Elle s’est fait connaître du grand public avec « la condition pavillonnaire » mention spécial du prix Wepler en 2014. Elle peuple cette fois son histoire de nombreux personnages pour un livre copieux, de descriptions ET d’actions. Elle développe aussi une méchanceté comique mais toujours avec une bienveillance pour ses personnages.
Un polar fantastique, déraillant et délirant.
Si vous voulez entendre, Sophie Divry débattre de fantastique(s) histoire(s) d’amour avec un autre auteur, François Bégaudeau, rendez-vous à la fête du livre de Bron (69). Samedi 9 mars à 17h.
« Fantastique histoire d’amour » de Sophie Divry, éditions du Seuil.