A Lyon, l'association "éco charlie" transforme le gaspillage alimentaire en action solidaire, en récupérant gratuitement des centaines de kilos de nourriture bio par mois à redistribuer. Le mouvement se développe et inspire les pouvoirs publics, de plus en plus conscient de ce gâchis alimentaire.
Imaginez de pouvoir récupérer, gratuitement, des aliments bio de toutes sortes, juste en allant les récupérer dans les magasins. Cette idée simple est le principe de base d'une association : les "éco charlie". Après l'avoir connue à Nice il y a 4 ans, Charlène Grange l'a développée à Lyon. "L'antenne locale est même devenue la plus importante de France", sourit-elle
« Les éco-Charlie » est une association à but non lucratif (Loi 1901) créée en 2016 à Paris, dans le but de lutter contre le gaspillage alimentaire et plus largement promouvoir l’éco-citoyenneté et le bien vivre ensemble. "Plusieurs fois par mois, nous donnons rendez-vous à nos adhérents dans les neuf commerces avec lesquels nous sommes partenaires. Nous faisons alors une récolte : chacun emporte une certaine quantité d'aliments, exclusivement bio, pour les réunir dans un lieu de distribution de notre choix. Ce sont ceux qui viennent participer qui vont récupérer, ensuite, les marchandises" explique Charlène.
C'est, ainsi, près de 300 kilos de nourriture, destinée à être jetée, qui est récupérée chaque semaine. "Ce sont des fruits, des légumes, du pain... qui sont invendus, ou qui doivent laisser leur place à de nouveaux arrivages, mais qui restent totalement en état d'être consommés !" précise-t-elle. L'association repose sur l'idée que chacun aide, transporte les sacs jusqu'au point de partage. La seule exigence étant que seul le bio est récupéré "Cela fait partie de nos réflexions plus globales d'encourager une agriculture et donc une consommation sans pesticide".
Bénéficiant de l’adoption de la loi n°2016-138 du 11 février 2016 (qui régit – entre autres – les conditions de dons des distributeurs du secteur alimentaire et encourage ces derniers à faire don de leurs invendus alimentaires propres à la consommation humaine à toute association proposant de récupérer ces dits invendus), cette action anti-gaspillage s'est étendue à de nombreuses villes en France.
[AGIR ENSEMBLE] ? Le mois dernier, l'heureux gagnant de notre jeu-concours a remporté un mois de falafels gratuits....
Publiée par Yaafa sur Mardi 2 février 2021
Une vraie diversité sociale parmi les récoltants
"Les bénéficiaires récupèrent ces vivres sans débourser le moindre centime. C'est une valeur fondamentale pour nous. Il suffit de s'inscrire sur notre site et simplement de participer aux récoltes." explique Charlène, qui constate une réelle mixité parmi les participants. "On a commencé à 3 ou 4 personnes au tout début. Aujourd'hui on est une vingtaine en général par récolte. Je crois que cela répond à une vraie demande. On voit des personnes vegan, qui veulent consommer bio pas cher, des étudiants en galère, des femmes isolées, des intermittents du spectacle. On a une vraie mixité sociale." souligne Charlène. C'est aussi un vrai acte "militant" pour la plupart "Imaginez : on récupère plus d'une tonne de marchandises gratuite par mois dans seulement 9 magasins à Lyon. Ca laisse songeur sur tout ce qui est jeté dans toute l'agglomération ! Ca fait vraiment mal au coeur. Il faut avoir participé à une de ces récoltes pour en prendre conscience."
Un label national "anti-gaspillage alimentaire"
Pour lutter contre ce véritable fléau qu'est le gaspillage alimentaire, quelques initiatives sont prises par les pouvoirs publics. Le 24 décembre dernier, les ministères de l'agriculture et de l'alimentation et de la transition écologique ont annoncé la création d'un label. Les conditions précises pour bénéficier du label seront annoncées en 2021, ainsi que les conditions de validation et de contrôle. Ce dispositif "permettra d'orienter les choix des consommateurs et de créer une dynamique vertueuse pour les entreprises concernées", expliquent les deux ministères.
Le 10 février 2020, une loi "anti gaspillage pour une économie circulaire" a été votée : elle prévoit que les secteurs de la distribution alimentaire et de la restauration collective devront réduire le gaspillage alimentaire de 50% par rapport à 2015, et ce d'ici 2025. La restauration commerciale, la production et la transformation ont cinq ans de plus, d'ici à 2030, pour y parvenir.
Le Grand Lyon lance un appel à projet
Plus récemment, le Grand Lyon a lui-aussi décidé de lancer une intiative pour soutenir cette démarche. Au lendemain de la visite de la ministre Barbara Pompili le 11 février, l'agglomération a lancé un appel à projet : cet appel à projets est ouvert à partir de lundi 15 février. Il concerne à la fois la lutte contre le gaspillage alimentaire, les alternatives aux emballages et bouteilles jetables, la mutualisation de biens et les usages et les pratiques sur la seconde vie des produits. Les candidats ont jusqu’au 31 mars pour envoyer leurs dossiers de candidatures.
Les objectifs de cet appel à projets sont multiples :
- Contribuer à l’émergence et au passage à l’acte de solutions locales
- Consolider et développer des activités et services en proximité,
- Favoriser le changement d’échelle, l’ampleur de solutions locales.
La Métropole est engagée dans une politique volontariste en matière de réduction des déchets à la source à travers le déploiement de l’économie circulaire et la mise en œuvre de son programme local de prévention des déchets ménagers et assimilés (PLPDMA). L’objectif est d’engager de manière pérenne les acteurs du territoire métropolitain dans de nouvelles habitudes de consommations plus durables en lien avec d’autres thématiques : insertion, alimentation, santé, numérique.
Cela nécessite de sensibiliser et former les usagers, mais aussi de faire émerger de nouvelles solutions. En effet, pour faire évoluer les comportements des usagers, l’information doit être couplée à une offre de service adaptée, visible et locale, pour permettre d’adopter des pratiques plus vertueuses. Ainsi, un cadre d’appel à projet est proposé. Il a pour but de soutenir des projets d’acteurs privés du territoire dans une démarche environnementale et socialement responsable pour étoffer les dispositifs déployés sur le territoire et réduire les déchets.
Pour répondre à l’appel à projets, les candidats doivent être une structure relevant prioritairement de l’économie sociale et solidaire (ESS), être domicilié ou avoir son siège social sur le territoire de la Métropole de Lyon, les initiatives doivent contribuer à l'intérêt général et à l'intérêt local du territoire de la Métropole de Lyon et les projets doivent être réalisés sur le territoire métropolitain et être cohérents avec la politique publique de la Métropole de Lyon.