La Région Auvergne Rhône Alpes propose un nouveau dispositif de soutien aux commerces fragilisés par les manifestations de "gilets jaunes". Alors que les pertes peuvent dépasser 40% de chiffre d'affaires, des commerçants lancent, eux, une pétition demandant l'arrêt des hostilités.
La Région Auvergne Rhône Alpes met en œuvre, à partir de ce mardi 2 avril, un nouveau dispositif pour soutenir les commerçants du centre-ville de Lyon, fragilisés par les manifestations des "gilets jaunes".
Des prêts à taux zéro
Conformément aux engagements de Laurent Wauquiez, et après de premières annonces en faveur des entreprises impactées en janvier dernier, la région Auvergne Rhône Alpes propose un nouveau dispositif de soutien ce mardi 2 avril. Il s'agit de prêts à taux zéro accessibles aux commerçants qui auraient des difficultés de trésoreries liées aux mouvements des "gilets jaunes". La Région se porte garante à hauteur de 80% du montant du prêt. Le dispositif est mis en place avec le soutien de l'U2P Auvergne-Rhône-Alpes et celui des chambres consulaires, ainsi que 4 banques partenaires. Il s'agit en fait du deuxième étage d'un ensemble de mesures déjà annoncées en janvier dernier.
Au chevet des commerces impactés
" Nous sommes aujourd’hui dans une situation grave, d’extrême urgence, et nous devons tous nous mobiliser pour sauver nos commerçants, artisans et l’économie de proximité de nos centres-villes," a expliqué Laurent Wauquiez lors de la signature de cette convention. Il se veut actif sur le dossier, après la première partie du plan de soutien lancé il y a 2 mois.
Le président de la région Auvergne Rhône Alpes avait alors annoncé un effort d’un montant de 8 millions d'euros au total pour les commerçants et TPE artisanales impactés, dont une aide directe pour financer des travaux de locaux vandalisés. Disponible depuis février, ce premier dispositif propose un financement d’un montant de 50% des travaux, allant de 1 000 à 10 000 €, pour les commerçants ayant subi une dégradation un jour de manifestation.
Les commerçants souffrent
Après 20 samedis de manifestations en centre-ville, les conséquences sur le tissu économique sont inégales, mais bien réelles. Selon le panel régional de conjoncture semestrielle de la Chambre de Commerce et d'Industrie, 30% des PME-TPE de la région ont déclaré une baisse de chiffre d’affaires en décembre du fait des manifestations, et 32% déclarent subir des problèmes de trésorerie.
Mais ce sont naturellement les commerces de proximités directement exposés aux lieux de rassemblements qui subissent l'impact le plus fort. Selon différentes fédérations de commerçants de centre-ville, ceux-ci ont constaté des pertes de 30 à 40% de chiffre d'affaires à Lyon, Clermont-Ferrand ou le Puy-en-Velay, suite à une forte baisse de la fréquentation des centres-villes le samedi.
Ville, métropole et état se mobilisent aussi
La région n'est pas seule à se mobiliser pour tenter de limiter les dégâts. Tous les acteurs locaux se mobilisent, à commencer par les services de l'état : outre divers dispositifs annoncés nationalement, la Chambre de Commerce et d'Industrie rappelle par exemple que des dispositifs de reports d'échéances fiscales sont accessibles, voire des remises gracieuses dans certains cas. Et de son côté, la préfecture du Rhône avait accordé des ouvertures exceptionnelles le dimanche aux enseignes de la région, en fin d'année 2017 et début 2018.
De son côté, la métropole de Lyon a pour sa part accordé des tarifs préférentiels pour cette année aux fonds de commerces (terrasses et étalages) qui demandent une "occupation du domaine public", à savoir l'extension en extérieur sur la voie publique, comme chaque été. Ainsi sur la presqu'ile de Lyon, elle accorde une gratuité totale des terrasses pour les mois de juin, juillet et août prochain, et un tarif gelé au niveau de l'an dernier pour les autres commerces. Quant aux kiosques de la place Bellecour, ils seront totalement exonérés des redevances en 2019. Cela représente un effort financier de plus de 700 000 euros pour la Ville de Lyon.
Une pétition pour les commerces
Dans ce contexte, plusieurs fédérations de commerçants lyonnais viennent de lancer une pétition sur le site change.org, précisément pour appeler à l'arrêt des manifestations en centre ville, dénonçant les "scènes de guérilla urbaine chaque week-end."
"En ayant toujours affiché notre respect de chacun et du droit à manifester, les entreprises et commerces du centre-ville ont, pudiquement mais difficilement, attendu des jours meilleurs qui ne viennent pas. Aujourd’hui (...) ils perdent chaque samedi une part importante du fruit de leur travail, leur trésorerie est exsangue, les déclarations de cessation de paiement se multiplient," dénoncent-ils dans un communiqué, alors que des commerces ont déjà procédé à des licenciements ou suspensions de projets d'embauche suite à ces perturbations.
Dans l'appel à l'arrêt des manifestations violentes, ils concluent : "Les mesures annoncées de soutien au commerce ne sont pas la priorité des commerçants qui souhaitent simplement retrouver la liberté d’exercer normalement leur métier, recevoir à nouveau leurs clients dans des conditions normales, arrêter de licencier ou de couper des embauches."