L'affaire tombe à la veille de la finale du Mondial féminin qui se joue au Groupama Stadium de Décines ce dimanche 7 juillet. L'Olympique lyonnais est mis en cause pour discrimination par la famille d'une adolescente, harcelée par un entraîneur puis écartée du centre de formation.
L'Olympique lyonnais est mis en cause par la famille d'une adolescente. Cette jeune fille aurait été harcelée par un entraîneur puis écartée du centre de formation. Interrogé samedi 6 juillet sur ces informations révélée par Mediapart, le parquet de Lyon a confirmé qu'une enquête était en cours, "du chef de propositions sexuelles à mineures de 15 ans", à la suite d'un signalement émanant du club.
Des faits signalés à la justice par le club
A l'issue d'un tournoi en Alsace, au printemps 2018, un entraîneur a été dénoncé par deux joueuses de l'équipe des moins de 16 ans pour des SMS, des conversations et des gestes relevant du harcèlement sexuel. Convoqué aussitôt, l'entraîneur a démissionné et l'OL a signalé les faits au procureur - "on ne pouvait pas techniquement déposer plainte", a justifié le club lyonnais.
D'après Mediapart, ce signalement a été effectué le 21 juin 2018 et l'enquête a été ouverte trois mois plus tard. Elle a été confiée aux policiers de la DDSP du Rhône selon le parquet. Depuis, le mis en cause n'a toujours pas été entendu, ni les victimes, déplore Slim Ben Achour, avocat d'une des joueuses.
Le club assigné en justice
Sa cliente a par la suite été écartée du centre de formation lyonnais. Selon Mediapart, la jeune fille "a été poussée vers la sortie du centre de formation en juin 2018, après une année de galère et une semaine seulement après avoir signalé le comportement inapproprié de son entraîneur avec elle et une ses collègues des U16".
Mais si elle n'a pas été retenue, c'est pour des raisons "sportives et/ou scolaires" qui n'ont rien à voir avec l'affaire, soutient le club. Sans convaincre les parents de la joueuse, âgée aujourd'hui de 17 ans.
A leur demande, Me Ben Achour vient d'assigner l'OL au civil, devant le TGI de Lyon, pour obtenir une série de documents relatifs à l'affaire, que le club lui refuse pour l'heure. L'audience est prévue le 22 juillet.
Les filles moins protégées que les garçons ...
Cette procédure vise à mettre en cause l'OL sur le plan de la protection des mineurs et de la discrimination. "On s'est aperçu qu'il n'y avait aucun cadre juridique pour les filles au sein du centre de formation, contrairement aux garçons", affirme l'avocat.
La joueuse écartée ne disposait en effet que d'une licence amateur d'une durée d'un an. Mais le club assure qu'il respecte là les règlements. "Les contrats d'aspirants", que la Charte du football professionnel prévoit pourtant pour tout jeune joueur, "n'existent pas pour les filles, c'est ça le fond du problème", souligne un porte-parole. En démentant toute discrimination: "au contraire, depuis 15 ans que l'OL est présent dans le foot féminin, on essaie de faire changer les choses".
L'OL est une des équipes pionnières en France et un modèle sportif pour beaucoup dans le foot féminin. Les joueuses lyonnaises se sont imposées cette saison encore en championnat de France et d'Europe.