L'avocat Ugo Iannucci est décédé. Enfant du bidonville de Gerland dans les années 40, fils d'un maçon italien, il était devenu l'un des avocats lyonnais les plus connus. Il a notamment participé au procès de Klaus Barbie en 1987 avant de devenir Bâtonnier de Lyon.
Ugo Iannucci vient de s'éteindre à l'âge de 88 ans. L'ancien Bâtonnier de Lyon a eu un parcours exceptionnel.
Barbie, Touvier ... deux procès historiques
En défenseur de la justice, de la liberté et des droits de l'Homme, Ugo Iannucci a participé à deux procès majeurs de criminels contre l'Humanité. Il a été l'un des protagonistes du procès de Klaus Barbie, surnommé "le boucher de Lyon" en 1987. Me Iannucci a été l'un des avocats des parties civiles.
Me Iannucci s'est également illustré dans le procès Touvier. Avec son confrère Me Nordmann, il est à l'origine de la première plainte fondée sur la notion juridique de crime contre l’humanité pour poursuivre le chef de la milice lyonnaise. La plainte n’a abouti qu’en 1994 et lors du procès, l'avocat lyonnais a représenté les parties civiles.
Un parcours hors du commun
Il est né en 1933 dans un bidonville de Lyon. Fils d'un maçon italien engagé dans la Résistance et le communisme, a passé sa petite enfance dans les baraques du quartier ouvrier de Gerland dans les années 40. Ugo Iannucci a embrassé la carrière d'avocat à son retour de la guerre d'Algérie, où il s'opposa à l'usage de la torture par l'armée française. "Défendre les déshérités, les sans voix, le Pauvre", c'est ce qui l'a poussé vers cette profession. Il est devenu l'un des plus grands avocats lyonnais.
L'avocat a été nommé bâtonnier du barreau de Lyon en 1989. En 2001, Ugo Iannucci a accepté d'être titulaire de la Chaire lyonnaise des droits de l'homme, créée en 1990 à l'initiative de la Ville de Lyon. En 2009, il avait reçu la Médaille de la Ville. Son parcours est relaté dans un ouvrage intitulé "Des barraques au barreau. Itinéraire d'un fils d'antifasciste italien".
"Le noir de notre robe est ce soir celui du deuil"
Ce mardi 14 septembre, le maire de Lyon lui a rendu hommage. Ugo Iannucci a eu une vie "marquée par une exigence de Justice, ainsi que par des engagements d’une humanité exemplaire", comme l'indique Grégory Doucet sur les réseaux sociaux. "J’adresse mes condoléances à sa famille, à ses proches et à ses amis".
L’avocat Ugo Iannucci vient de nous quitter. Bâtonnier du barreau de Lyon, il a présidé la Chaire lyonnaise des droits de l’homme.
— Grégory Doucet (@Gregorydoucet) September 14, 2021
Sa vie aura été marquée par une exigence de Justice, ainsi que par des engagements d’une humanité exemplaire. pic.twitter.com/GHOOt0BOTb
Hommage également dans la profession. L'avocat lyonnais Alain Jakubowicz revient sur son parcours : "En 1989, le conservateur Barreau de Lyon a élu un Batonnier communiste. C'est dire les qualités humaines et professionnelles du Batonnier disparu aujourd'hui". Son adhésion au parti communiste était un engagement politique fort mais lucide. Et il conclut : "le noir de notre robe est ce soir celui du deuil"
En 1989 le conservateur Barreau de #Lyon a élu un Batonnier communiste. C’est dire les qualités humaines et professionnelles du Batonnier Ugo Ianucci disparu aujourd’hui. Le noir de notre robe est ce soir celui du deuil. @Avocatslyon
— Alain Jakubowicz (@JakubowiczA) September 13, 2021
Le Barreau de Lyon a également fait part de son "immense tristesse" dans un message publié sur twitter. "La lumière de son engagement continuera à nous guider".
Immense tristesse pour l'ensemble du Barreau. Le Bâtonnier Ugo IANNUCCI s'est éteint dimanche.
— Barreau de Lyon (@Avocatslyon) September 15, 2021
La lumière de son engagement continuera à nous guider. pic.twitter.com/NUKuAZu5ip
Farid Haroud et Jean-Christophe Adde avaient dressé son portrait en septembre 2009. Le plus beau mot de la langue française est le mot "Résister" leur avait-il confié.