Le personnel médical et médico-social du Centre Hospitalier Saint-Jean-de-Dieu et des établissements de la fondation de l’Action Recherche Handicap et Santé Mentale s’est mobilisé ce jeudi après-midi à Lyon. Il demande une revalorisation des salaires, et de meilleures conditions de travail.
« On a des conventions collectives qui sont parmi les pires, qui font commencer les grilles salariales à 351 euros en-dessous du SMIC. » Céline Pivetta est infirmière. Ce jeudi, comme une centaine de ses collègues, elle est venue manifester à l’appel d’une intersyndicale CGT, Sud et CFTC de l'Action Recherche Handicap et Santé Mentale (ARHM).
Elle alerte sur les salaires insuffisants, mais aussi sur les conditions de travail à l’hôpital psychiatrique. «On tire sur la corde depuis un an et demi avec un plan blanc où il faut porter comme on peut avec un manque d’effectif dans les services.»
Il y a un épuisement des soignants qui restent, on leur demande de plus en plus. Il y a beaucoup de discontinuité, de remplacements sur un mode intérimaire avec des collègues qui ne connaissent pas forcément le métier.
Véronique Blettery, médecin psychiatre au Centre Hospitalier Saint-Jean-de-Dieu
Un système à bout de souffle
A l’heure actuelle selon les manifestants, les établissements de la fondation comptent 10 départs par mois. A l’hôpital, où est activé un plan blanc depuis un an et demi en raison du manque de personnel, 26 lits ont déjà été supprimés cet été. D’ici le printemps prochain, ce sont 50 lits supplémentaires qui devraient être fermés. Pour Véronique Blettery, médecin psychiatre au Centre Hospitalier, cette situation n’est plus tenable. « Il y a un épuisement des soignants qui restent, on leur demande de plus en plus. » « Il y a beaucoup de discontinuité, de remplacements sur un mode intérimaire, souligne-t-elle encore, avec des collègues qui ne connaissent pas forcément le métier. » Un fonctionnement à bout de souffle, qui n’est pas sans conséquence pour les patients, qui « stagnent parfois aux urgences » selon la médecin psychiatre. Les soignants « ne peuvent plus répondre à toutes les situations. »
Tentatives de négociations
Céline Pivetta précise qu'il y a quelques mois, « les salaires des médecins ont été revalorisés » et que « des primes » ont été promises aux infirmiers. Pas de quoi relever le système, la mesure faisant « trop d’oubliés » selon elle. Ce jeudi après-midi, une délégation du personnel a rencontré la direction pour discuter de ce contexte tendu. « Selon nous, ça n’a rien donné » estime Céline Pivetta, qui regrette que la direction « entende les réactions, les difficultés », mais « ne donne pas de réponses ».
De son côté, Agnès Marie-Egyptienne, directrice de la fondation ARHM et du Centre Hospitalier, regrette la fermeture d’unités à l’hôpital. « On les subit, déplore-t-elle, on est en fonctionnement dégradé parce qu’il y a des difficultés de recrutement et de fidélisation ». Elle promet aussi une amélioration des salaires. « Il va y avoir une revalorisation à hauteur de 3% pour le personnel médical et médico-social. Les négociations sont en cours au niveau de notre branche», affirme-t-elle. Une promesse loin de satisfaire les manifestants. « C’est ridicule, dénonce Céline Pivetta. C’est se moquer de nous. »