Ce mardi après-midi, les militants Sans-Facs ont été délogés du site de l'université Lumière Lyon 2 par les forces de l'ordre. Une cinquantaine de jeunes, au plus fort de l'action, ont tenté de se frayer un chemin jusqu'au bureau de la présidence. Au cœur de leur action : la situation de 29 dossiers en souffrance. Le campus des Berges du Rhône a été fermé. Il ne rouvrira que mercredi matin.
Des étudiants qui dénoncent le "mépris" de la présidence de l'université Lyon 2. Ce mardi après-midi, vers 15h, plusieurs dizaines de jeunes, militants du collectif "Sans-Facs", membres de l'Unef, ont pénétré le bâtiment de la présidence de l'université Lumière, situé sur les quais du Rhône. Ces jeunes universitaires étaient bien décidés à rencontrer Sylvie Dompnier pour faire avancer 29 dossiers en souffrance alors que les cours ont déjà commencé depuis plusieurs semaines. Des jeunes "privés d'accès à une licence ou à un master", selon un communiqué du syndicat étudiant Unef, daté du 16 octobre.
Filières en tension ?
"Certains étudiants ont abandonné ou cédé à la pression. Ils se sont dirigés vers des filières qui n'étaient pas leur choix. Mais d'autres sont dans des situations dramatiques : sans papiers, menacés dans leur pays, sans ressources et sans inscription à l'université", explique Willy, militant Unef. "Ils sont plusieurs à avoir demandé des filières qui ne sont même pas en tension, des filières dans lesquelles il y a de la place. Comme L1 ou Lettres Classiques, par exemple. Certains ont même fait des demandes jusqu'à trois fois de suite", poursuit-il. Une situation incompréhensible pour le collectif. "L'argument premier mis en avant par la présidence : il n'y a pas de place à l'université", résume le jeune universitaire membre de l'Unef. Le syndicat étudiant Unef indique cependant être parvenu à "arracher quelques inscriptions" ces derniers mois. "Mais plusieurs dizaines de sans-facs se trouvent encore sans aucune proposition satisfaisante".
Évacuation
Cet après-midi, les militants n'ont pas réussi à atteindre le bureau de la présidente de l'université Lyon 2, mais ils sont parvenus à perturber le fonctionnement du campus ce mardi après-midi. Le campus des quais a été fermé. Au préalable, il a été évacué manu militari par les forces de l'ordre. Une évacuation musclée aux dires de l'étudiant qui évoque une quinzaine de véhicules de CRS. Mais aucune interpellation. "La présidence avait déjà envoyé la police lors d'une précédente action l'an dernier," ajoute Willy. Les militants entendaient occuper le bureau de Sylvie Dompnier jusqu'à l'obtention de "garanties d'inscriptions".
Depuis plusieurs mois, les militants "Sans-Facs" se mobilisent. Pour cette année universitaire 2023-2024, ils sont entrés en action bien avant la rentrée de septembre pour obtenir des garanties d'inscription. Si certains dossiers ont obtenu des avancées, d'autres restent au point mort, déplore le jeune homme. "Cet été, le premier rendez-vous a eu lieu en juillet. On a eu 4 ou 5 rendez-vous avec la présidente. Des rendez-vous qui ne donnent rien. Lors du dernier, on a demandé une commission d'étude des dossiers. Mais là, le dialogue a été coupé", assure Willy. Aucune proposition selon l'étudiant qui évoque un "raidissement" de la position de la présidence, "alors qu'on était prêt à négocier".
D'autres actions en perspective
"Lors du dernier rendez-vous avec la présidence, cette dernière a fait comprendre au collectif que des inscriptions dans la filière de son choix ne seraient pas permises", indique l'Unef dans un communiqué diffusé ce mardi 16 octobre.
"On milite pour l'inscription dans la filière de son choix. On conteste la sélection et une université indexée sur le marché du travail", ajoute l'étudiant, ancien Sans-Facs. Le collectif prévoit d'autres actions. En attendant, le rassemblement, prévu ce mardi soir, a été annulé, fait savoir le syndicat étudiant sur le réseau social X.
La réponse de l'université
"Le campus Berges du Rhône a dû être évacué aujourd’hui peu avant 15 h. Dans la matinée, le collectif des « sans fac », soutenu par l’UNEF, a entrepris une occupation des locaux de la présidence. Des personnels administratifs de l’université se sont retrouvés bloqués dans leurs bureaux. À plusieurs reprises, il a été demandé aux occupants et occupantes de s’éloigner des portes pour laisser sortir ces personnels en toute sécurité. Cette demande a été repoussée," explique l'université Lyon 2, dans un communiqué ce mardi soir.
L'université précise que deux vice-présidents ont rencontré des représentants du collectif "à deux reprises en fin de matinée". Une rencontre avec la Présidente leur a été proposée "pour la fin d'après-midi, sous condition d'une évacuation rapide des locaux. Cette proposition a également été refusée", indique-t-on de même source.
"Pour mettre fin à l’occupation et garantir l’intégrité physique et psychique des personnels, l’université a dû faire intervenir les forces de l’ordre pour procéder à l’évacuation des locaux", ajoute le communiqué de l'université Lyon 2. L'ensemble des personnes présentes dans l'enceinte de l'université a été évacué.
"Les forces de l’ordre ont demandé de procéder à une évacuation générale du campus des quais", en raison du contexte et notamment du Plan Vigipirate urgence attentat et en raison de l'annonce d'un rassemblement sur le campus à 18h30. L'université signale que les occupants ont quitté les lieux "sans heurts". Une plainte a été déposée, a précisé l'université.
Concernant les 50 dossiers portés par le collectif, l'université invoque le principe de "l'égalité de traitement de l'ensemble des candidatures" et "l'impossibilité de procéder à des inscriptions supplémentaires dans des formations déjà saturées".
"La présidence de l’université regrette très vivement les événements de ce jour, qui portent préjudice à l’ensemble des étudiant.es et personnels". Le campus Berges du Rhône rouvrira ses portes mercredi matin, 18 octobre.