La Guillotière : Regards croisés sur un quartier lyonnais entre habitants et forces de l'ordre

Qu'ils y vivent depuis 10, 15 ou 30 ans, les habitants de la Guillotière portent une affection sincère à leur quartier. Ils sont les premiers à déplorer la dégradation de leur cadre de vie. Depuis plusieurs jours, la présence policière s'est accrue, un début de réponse pour certains, mais seulement un début.

Une barbe poivre et sel fournie, une chemise à carreaux sur le dos, Frédéric Lopez Alvarez, gérant du Best Bagels, raconte quand selon lui, la situation déjà atypique, a pris un tournant assez radical. "Il y a un avant et un après confinement. Je pense que pendant le confinement, je n'ai pas de chiffres mais la France a été à peu près sauvegardée, Il n'y a pas eu une augmentation de la misère en France. Ce qui n’est pas le cas dans les pays méditerranéens et les pays de l'est. C’est l’impression que ça me fait, je pense réellement qu’il y a une arrivée de personnes qui se sont concentrées là où finalement c’est facile d’y aller." Le restaurateur rappelle qu'historiquement la Guillotière a eu ce rôle de "terre d'accueil" du primo arrivant.

"Une réponse globale est nécessaire"

Pour Nathalie Balmat, présidente de "la Guillotière en colère", le début du changement est antérieur au Covid-19. Elle vit dans ce quartier depuis 30 ans, elle a éprouvé le besoin de créer le collectif " la Guillotière en colère" car elle a un sentiment d'abandon de la part des pouvoirs publics. "Le marché sauvage qui se trouve sur la place Gabriel Péri, moi, je ne l’ai jamais connu depuis mes 30 ans de vie à la Guillotière, ça fait vraiment 4 ou 5 ans que ça prend de l’importance et surtout que ça pose des soucis. On voit bien tout ce qui gravite autour de ce marché, aujourd’hui il faut une action forte des autorités qu’elles soient sociales, qu’elles soient sécuritaires, qu’elles soient au niveau de l’aménagement, c’est vraiment une réponse globale."

Debout devant sa bibliothèque, Florian, habite la Guillotière depuis 15 ans, il minimise l'ampleur donnée aux problèmes de la Guillotière. "Je trouve qu’on en fait beaucoup avec cette histoire de la Guillotière, déjà, j’aimerais qu’on resitue Gabriel Péri, parce que finalement c’est un espace assez petit sur lequel il y a ces soucis. Tant qu’il y aura des policiers, tant qu'il y aura 5 fourgons de policiers au milieu de cette place, tout le monde va l'éviter...sauf ceux qui n’ont rien d’autres à faire!" Florian estime que dès que les forces de l'ordre s'en iront, ce qui est indésirable place Gabriel Péri reviendra. Il conclut : "En fait, ce quartier est un quartier subtil et une présence policière bête et méchante ne résoudra jamais rien."

Une présence policière déployée en urgence

Le directeur départemental de la sécurité publique du Rhône, Nelson Bouard, revient sur la présence policière à la Guillotière et notamment sur les interpellations depuis l'arrivée des renforts. 

"Au cours des 10 premiers mois, nous avions déjà interpellé plus de 1 100 personnes. L’activité (policière) est très forte depuis 10 jours avec ce renfort de CRS. Plus de 100 personnes ont été interpellées en 10 jours seulement."

Des chiffres qui soulignent que les contrôles, le nombre d’interpellations pour des délits mais aussi les vérifications des situations irrégulières de ce quartier augmentent de manière exponentielle depuis la fin du mois de novembre. "Mais c’était déjà très très fort au cours des 10 premiers mois de l’année" complète le commissaire.   

Une population jeune et masculine

L'histoire de la Guillotière a vu toutes sortes de populations se succéder. Actuellement autour de la vente de cigarettes, "on a à faire à une population plutôt jeune masculine, ce qui cause une autre difficulté sur ce quartier : la liberté de passage et du respect d’un certain nombre de personnes, des femmes éprouvent parfois des difficultés à traverser paisiblement ce quartier. On lutte contre le harcèlement de rue, contre ces formes de violence."

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