La nouvelle vie des épluchures et des restes alimentaires dans la métropole de Lyon

Une borne à compost tous les 150 mètres : après le 7ème arrondissement de Lyon en 2021, c'est au tour du quartier de la Croix-Rousse d'être équipé de composteurs de rue. Objectif : recycler les déchets alimentaires pour en faire de l'engrais.

De grosses boîtes en tôle marron ont poussé comme des champignons métalliques ces dernières semaines à Lyon dans les rues de la Croix Rousse, pentes et plateau, à côté des parkings à trottinettes et des conteneurs de recyclage du verre. De nouvelles poubelles à déchets ménagers, entendez épluchures ou restes alimentaires, qu'il ne faudra plus jeter à la poubelle classique à compter du 1er janvier 2024.

Une bonne idée, mais qui pose des questions d'hygiène

Du côté des habitants, les réactions sont plutôt positives, du moins sur l'idée de trier les déchets alimentaires. Vincent, quadra croix-roussien, est emballé. "Sans être complètement militant écolo, je fais très attention dans mon quotidien depuis déjà longtemps. Je me déplace à vélo ou à pied, je trie mes déchets depuis déjà longtemps, le verre, le plastique, le métal, etc. Mais rien n'était prévu en ville pour les déchets alimentaires, donc c'est une très bonne initiative !".

Alice, retraitée récemment installée sur le plateau de la Croix-Rousse, est plus sceptique. "Pour les personnes âgées ou celles qui ont des difficultés à se déplacer, ce n'est pas forcément l'idéal de devoir trimballer ses poubelles jusque dans la rue. Et je me demande ce que ça va donner, ces conteneurs pleins de déchets alimentaires, lorsqu'il fera très chaud. Quid des odeurs ? Des insectes ? Voire des rats ?"

Des interrogations légitimes que le dispositif veut rassurer. Les boîtes à compost seront vidées en moyenne deux fois par semaine, et un nettoyage des bornes sera fait 2 à 4 fois par mois. Peut-être un peu léger en cas de canicule...

Un quart du volume total des déchets

Les ordures sont une préoccupation majeure de la Métropole de Lyon. En particulier les déchets alimentaires, qui représenteraient 25 % du contenu des poubelles des Grands Lyonnais. L'expérience des boîtes à compost a été lancée il y a près de deux ans dans les rues du 7e arrondissement de Lyon, puis à Villeurbanne et dans quelques communes de l'ouest lyonnais.

Le déploiement de ces bornes à compost permet pour l'instant de récupérer chaque semaine 60 tonnes de déchets alimentaires sur les secteurs où elles ont été déployées. "À terme, lorsque l'ensemble du territoire métropolitain sera équipé d'environ 2000 bornes, ce sont 60 à 70 000 tonnes annuelles de déchets alimentaires qui seront collectées" estime Isabelle Petiot, vice-présidente de la Métropole en charge de la réduction et du traitement des déchets.

"Ces déchets alimentaires sont composés à 60 % d'eau, c'est une aberration de les envoyer à l'incinérateur. Il vaut mieux les valoriser en compost, un engrais naturel qui permet de retenir l'humidité et d'enrichir la terre de manière durable" précise-t-elle.

Une borne à compost tous les 150 mètres

Concrètement, comment ça marche ? Depuis quelques jours, des agents de la Métropole arpentent les rues et les allées d'immeubles des 1er et 4e arrondissements de Lyon. Ils remettent aux habitants un petit conteneur en plastique et des sacs en papier kraft, où ils stockeront tous leurs déchets alimentaires, des épluchures de fruits et légumes aux os de poulets, en passant par les restes de pâtes et les têtes de poissons. Il ne leur restera plus qu'à descendre jeter leur petit sac au composteur de rue. Il y en a grosso modo tous les 150 mètres.

Évidemment, les bornes à compost sont vidées régulièrement par des camions-poubelles tout ce qu'il y a de classique. Les déchets sont ensuite acheminés sur des sites de compostage en gros, à Vénissieux et Ternay.

Un investissement de 20 millions d'euros d'ici à 2026

Mais cette collecte vertueuse a un prix. Sur le seul 7e arrondissement de Lyon, le déploiement des bornes à compost en 2021 a coûté 500 000 euros, avec un budget annuel de fonctionnement évalué à 350 000 euros.

Au total, d'ici à 2026, la Métropole de Lyon a prévu d'investir 20 millions d'euros dans le compostage des déchets alimentaires, en offrant aux habitants 20 000 composteurs pour les jardins individuels, 1500 composteurs collectifs pour les copropriétés et les jardins partagés et donc les quelque 2000 bornes à compost de rue.

A priori, tous les arrondissements lyonnais seront équipés de bornes à compost d'ici à la fin de l'année 2023. "L'idée, c'est que fin 2024-début 2025, la Métropole soit en capacité de répondre aux besoins de tous les habitants du Grand Lyon pour qu'ils puissent effectuer ce tri de leurs déchets alimentaires" conclue Isabelle Petiot. 

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