Lyon - Coronavirus : le jour d'après, petite déambulation en centre-ville ... la vie tourne au ralenti

Au lendemain de l'annonce des mesures de confinement par le gouvernement, Lyon se réveille avec la gueule de bois. Ambiance dans les commerces et dans les rues du centre ce mardi matin... A quelques heures du confinement prévu pour midi, on est sorti pour prendre la température. 

Ce mardi matin, c'est un calme étonnant qui règne dans mon quartier, aux abords de la place Trion, sur les hauteurs de Lyon, dans le 5e arrondissement. Un calme étrange et presque inquiétant... Et on pense immédiatement à un vieux bouquin de Stephen King qui traîne sur une étagère à la maison : "Le Fléau". Vous connaissez ?  Un peu exagéré et pourtant... on a une drôle de boule dans la gorge en franchissant la porte.
 

Où sont passées les voitures ?


D'ordinaire, entre 8h du matin et 9h, le carrefour de la place Trion, très fréquenté aux heures de pointe, est un lieu de passage incontournable pour les Lyonnais qui vivent dans l'ouest de l'agglomération et se rendent au travail dans le centre ou le quartier Part-Dieu. C'était déjà un lieu de passage dans l'Antiquité. Il est d'ordinaire bondé, bouché, embouteillé... avec Bus TCL double (plusieurs lignes se croisent), bus scolaires, voitures, camionettes et autres touristes de passages perdus qui n'ont pas voulu emprunter le tunnel de Fourvière. Et oui, on est juste au-dessus, c'est l'itinéraire de délestage.

Mais ce matin, terminé le cortège de voitures. Pas de klaxons, de coups de freins, de démarrages sur les chapeaux de roues ou de noms d'oiseaux. Les automobilistes semblent avoir déserté.  Il est 8h20 ... et je peux même danser au milieu de la rue sans danger ! 

Il est un peu plus de 8h et le quartier s'éveille doucement. Les poubelles ont été ramassées dés 6h30, le boulanger de l'avenue Barthélémy-Buyer ouvert aux aurores se fait livrer de la farine ... comme d'habitude. On ne manquera pas de pain ...

Le garage Mondon se prépare à ouvrir aussi. Dans l'agence bancaire LCL, il y a déjà de la lumière. Dans la boulangerie et la pâtisserie voisine, deux commerces qui font face au funiculaire Saint-Just, on est déjà sur le pont. Les baguettes, les croissants chauds et les gâteaux attendent le client... La supérette ouvre timidement et se prépare à affronter la journée... et peut-être la file des habitants du quartier.
 

"Pas plus de deux personnes à la fois "


Sur la place Trion, le bureau de poste Saint-Just est fermé jusqu'à nouvel ordre. Pour preuve une affichette sur la porte d'entrée. Une jeune étudiante chinoise n'avait pas compris le message... On lui explique. Elle tourne les talons et va tenter sa chance à la grande poste, près de Bellecour.
Ce quartier est fréquenté par les étudiants, la résidence Allix est un peu plus haut, à Saint-Irénée. Mais aujourd'hui la jeunesse étudiante semble s'être envolée. Les trois jeunes croisés ce matin, on détalé au cri de "tu parles la guerre ... c'est le samedi la guerre", faisant référence à l'allocution du Président et aux épisodes Gilets Jaunes de ces derniers mois. 

Pas de vie sur la petite place aux marronniers, on entend les oiseaux. Pas davantage de vie active rue de Trion. Les cafés, avec ou sans terrasses, ont fermé dés samedi soir conformément aux injonctions officielles. 

Un peu plus bas, en direction du centre-ville, dans le bureau de tabac- presse de la rue Trion, face à la rue des Macchabées, le responsable Julien a mis une affichette devant la porte de son commerce et sur son comptoir: "pas plus de deux personnes dans le commerce". Des affichettes posées de sa propre initiative. Pour le responsable, la clientèle est raisonnable et les gens gardent spontanément leurs distances mais mieux vaut prévenir. Lundi, alors que l'annonce d'un prochain confinement n'était pas encore tombée, ce jeune commerçant a vu une nette augmentation de la fréquentation, des gens venus acheter des cigarettes : "Au moins 400 ou 500 personnes sont venues au magasin," explique-t-il. Du jamais vu pour ce commerçant de quartier. Il poursuit "à 9H30 hier matin, j'avais déjà fait mon chiffre". On stocke aussi les cigarettes ... 

Va-t-il rester ouvert longtemps? Julien n'en sait rien. Le commerçant n'a pas de masque et c'est ce qui l'inquiète. Le jeune père de famille dit appeler quotidiennement les pharmacies pour s'en procurer mais c'est impossible pour l'instant; "Il me reste encore un peu de gel hydroalcoolique... mais si je n'ai rien pour me protéger, je fermerai et de tout façon, je serai obligé de fermer si je n'ai plus de cigarettes à vendre." Pas de panique pour l'heure mais une sorte de fatalité. Le commerçant garde confiance. A la sortie, on croise un habitué Christian. Cet habitant du quartier, souriant, est venu acheter son journal "comme tous les matins" et n'entend pas déroger à ses habitudes. 

On continue la descente vers Bellecour via la très raide et pavée montée du Gourguillon. Je ne vous le cache pas, c'est un peu le chemin que j'emprunte le matin pour venir à France 3. Il n'est pas 9h et on ne croisera presque personne ... Côté hôtellerie, on frappe à la porte d'une petite chambre d'hôtes de charme installée dans la montée . L'employé me parle à travers la porte vitrée. Visiblement angoissé. Il n'ouvrira pas et attend les consignes. Fermera, fermera pas ? Il n'en sait rien. Les hôteliers ne sont pourtant pas concernés par le confinement. 
On croise peu de gens mais la crise sanitaire a eu une vertu : le retour de la politesse. On se salue de loin, on se souhaite bonjour et surtout "bon courage". 

A l'arrivée place Saint-Jean, le constat est sans appel : le lieu est vide. 
Direction le marché du quai Saint-Antoine pour voir un peu de vie. On fait un crochet par la poste du quartier Saint-Jean. Et à 9 heures sonnées, rien ! La queue s'allonge le long du trottoir et l'inquiétude commence à poindre. "D'habitude, ils sont ponctuels... c'est bizarre.". Dans la file, petit échange avec Mélanie qui travaille dans un cabinet d'assistance juridique. Elle me confie qu'elle n'est pas vraiment inquiète. A partir d'aujourd'hui, la jeune Lyonnaise sera comme beaucoup de Français au régime télétravail. Mélanie prends le large, elle n'attendra pas plus longtemps et je décide de faire de même. Je dépose une lettre dans la boîte à l'extérieur, pour l'Italie ... qui sait quand elle arrivera. 

Arrivée sur le quai Saint-Antoine, les forains sont bien là mais en petit nombre et bien espacés. Moins évident pour la clientèle. Certains se servent eux-même, d'autres se font servir... pas de gants ou de masques chez certains forains. Mais la principale discussion tourne autour du Coronavirus et des mesures de confinement. 

"On ne va pas faire 3 heures de queue pour des yaourts !"


Yves, un retraité de 71 ans discute avec la jeune vendeuse de poulets rotis... il s'emporte contre des mesures "qui n'ont fait qu'affoler les gens, qui ont crée la panique". Le Caluirard est venu sur ce marché ce matin "parce que c'était la folie à Auchan et Simply" dans sa commune. Des files d'attentes de plusieurs heures en perspective, des clients qui s'étalent "jusque sur les parkings", "impossible de se garer". Et il s'emporte : "Les Français ont l'habitude d'acheter des pâtes et du riz en cas de crise, mais on ne va pas faire trois heures de queue pour acheter des yaourts".

Il a préféré abandonner l'idée de faire des courses en grande surface et venir dans le centre-ville avec son vélo pour faire quelques emplettes. Notre cycliste qui se sent en pleine forme, a des craintes pour les personnes âgées qui ne sont pas mobiles ou qui ont des difficultés de santé: "comment vont-elles faire leurs courses ou tenir debout pour faire la queue ?". Le retraité bon pied bon oeil a même tout prévu: ce matin, il circulait déjà avec son autorisation.
 
Pour l'heure aucun policier ou gendarmes dans les rues pour contrôler ces documents. A midi, le confinement à la maison sera la règle.

Allez on achète le pain et on rentre tout de suite ... enfin presque, j'avais oublié l'affichette !



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