Face au dérèglement climatique, les villes sont de plus en plus confrontées aux risques d'inondations. Trottoirs et chaussées se gorgent d'eau lors des épisodes de fortes pluies. Pour éviter le trop-plein d'eau à cause du bitume, la ville de Lyon expérimente un dispositif ancestral : redonner la terre aux arbres.
Les fortes pluies tombées sur la métropole lyonnaise ces derniers jours ont à nouveau montré la limite du "tout béton". À chaque épisode intense, des rues se retrouvent inondées. Bien souvent, l'eau se précipite dans les réseaux d'évacuation qui finissent par saturer.
"Zone imperméable"
À cause du bitume, l'eau stagne autour des arbres, inondant ainsi les trottoirs et les chaussées.
Il y a du bitume tout autour de l'arbre, il est complètement enserré, cela crée une zone complètement imperméable.
Gautier Chapuis, adjoint (Les ecologistes) chargé de la végétalisation à la ville de Lyon.
"Arbres de pluie"
La métropole a donc décidé d'expérimenter un système, vieux comme le monde, en redonnant la terre aux arbres. Ce projet, au nom poétique, "arbres de pluie", consiste à enlever le bitume autour des arbres et à agrandir l'espace à leurs pieds sur une zone d'environ 10 m² pour permettre à l'eau de pluie de mieux s'infiltrer dans le sol.
Selon la métropole, "les arbres de pluie évitent le ruissellement dans la rue et le risque d’inondation sur la chaussée. Ils permettent aussi de recharger les nappes phréatiques".
Dans cette vidéo, l'un des porteurs de l'expérimentation détaille le fonctionnement de "l'arbre de pluie".
"Efficacité validée et dépassée"
La métropole a planté cinq arbres de pluie en 2021 dans une rue du 6ᵉ arrondissement de Lyon. Le retour d'expérience dépasse les attentes, la collectivité précise que "le suivi de ces arbres montre que l’infiltration complète des pluies de la rue est possible". Elle ajoute même que : "l'efficacité des arbres de pluie pour infiltrer les premiers 15 mm accumulés de pluie est validée et surpassée".
"Garder l'eau de pluie"
Autre avantage de ces arbres de pluie, la récupération de l'eau de pluie. Actuellement, 85% des eaux pluviales s'évacuent vers les réseaux d'eaux usées.
Nos stations d'épuration sont engorgées de ces eaux pluviales. Cela crée des surcharges de réseau. L'idée, c'est de garder l'eau de pluie sur le territoire plutôt que de l'envoyer dans les réseaux. On déconnecte les eaux de pluie des réseaux d'eaux usées pour les envoyer dans les espaces végétalisés.
Anne Grosperrin, vice-présidente (Les écologistes) chargée des eaux pluviales à la métropole.
La métropole de Lyon espère pouvoir "désimperméabiliser" et ainsi déconnecter 400 hectares de son territoire d'ici à 2026.