Réunir durant trois jours de "marathon créatif" des geeks, des bricoleurs, des communicants et des développeurs "pour imaginer l'Eglise à l'ère du numérique"... C'est l'ambition du projet "HackMyChurch", organisé à Lyon, église Sainte-Blandine (2e) à l'occasion du week-end de la Pentecôte.
"Autrefois, les artistes ont imposé dans le domaine religieux de nouvelles techniques comme celle du vitrail: pourquoi ne pas avoir aujourd'hui des objets sacrés numériques ?" C'est en se posant la question qu'Yves-Armel Martin a eu l'idée, avec quelques connaissances, d'imaginer un "hackathon", événement de programmation informatique collaborative, "au service de l'Evangile".L'initiative qui se déroule du samedi 23 au lundi 25 mai en l'église Sainte-Blandine (2e arrondissement) a été accueillie favorablement par le diocèse qui participe même au financement de l'évènement. "Il y a la conscience qu'il faut investir le +continent numérique+", relève une porte-parole diocésaine, paraphrasant l'ancien pape Benoît XVI.
Quant à la communauté numérique ? "Je me demandais comment cette démarche, qu'on pourrait juger +What the fuck?+ ("WTF", c'est quoi ce bordel ?, expression grossière couramment utilisée sur les réseaux sociaux), serait reçue et j'ai été agréablement surpris", témoigne Yves-Armel Martin. Polytechnicien passé par Telecom Paris, actuel directeur du centre d'innovation numérique ERASME à la Métropole de Lyon, M. Martin est aussi co-fondateur de Museomix, événement annuel dont s'inspire HackMyChurch et qui depuis 2011 se propose d'inventer des médiations innovantes dans des musées à l'aide du numérique.
- Vitrail numérique et chapelet connecté -
"HackMyChurch est un événement hybride où se croiseront des créatifs, développeurs, communicants, geeks, makers et passionnés de Dieu. C'est une démarche d'innovation collective", souligne Yves-Armel Martin.
"A l'échelle d'une communauté religieuse, on ne voit pas ces compétences. Nous avions besoin de créer une plateforme pour les mobiliser", ajoute-t-il. "Le numérique peut énormément apporter à la vie quotidienne comme à la vie spirituelle", relève le père David Gréa, prêtre de la paroisse Sainte-Blandine et figure locale du catholicisme.
"A partir d'objets connectés, de réalité augmentée, de projections, on peut changer le rapport à l'écriture, aux sacrements", souligne le prêtre. Qui imagine déjà des baptêmes durant lesquels des images en réalité augmentée pourraient apparaître, mettant en scène des scènes de l'Évangile ou des messages sur les vitraux des églises...
Interrogé sur ce rapprochement inédit et surprenant entre hacking et évangiles, David Gréa réplique: "L'Eglise a toujours été moderne dans plein de domaines. Regardez: le Pape est un de ceux qui a le plus de followers au monde sur twitter avec son compte @pontifex".
Dans sa paroisse de Lyon-Centre, "ça fait longtemps qu'on a développé l'envoi de SMS et la vidéo", complète le prêtre. "J'ai un smartphone, je l'utilise et je me rends compte que c'est intéressant pour la vie associative et la vie de l'Evangile.
Très souvent au moment d'une homélie, j'invite à allumer les smartphones, alors que d'habitude c'est plutôt le contraire. Aujourd'hui si l'on ne passe pas par exemple par l'application +snapchat+, c'est difficile de dialoguer avec les ados". "Il y a beaucoup de choses sur le web et les applications mobiles mais dans le domaine des fab labs, de l'internet des objets, c'est encore un terrain vierge", nuance Yves-Armel Martin.
Le reportage ci-dessous
Reportage E.Rosso,L.DeBretagne,C.Martin - 25/5/15
1 - Jano Portarollo (artiste)
2 - David Tempé (dessinateur)
3 - Yves-Armel Martin (initiateur du projet)
4 - David Gréa (Curé de la paroisse)
Aux Etats-Unis, de telles manifestations existent déjà. Lancé en 2013 à San Francisco, le hackathon chrétien "Code for the kingdom" essaime depuis dans tout le pays et s'exportera dans plusieurs villes du monde, notamment en Asie en octobre.