Lyon : La justice affiche sa fermeté après les scènes de pillage en marge de France-Croatie

Une vingtaine de prévenus, arrêtés dimanche en marge de la finale France-Croatie, pour des pillages de magasins, des vols avec effraction ou des actes de rébellion sur des policiers ont comparu mardi devant le tribunal correctionnel de Lyon. Les premières condamnations sont lourdes                  

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Le tribunal correctionnel de Lyon a affiché sa fermeté mardi, alors que comparaissaient une vingtaine d'individus arrêtés pour la plupart en flagrant délit dimanche, après France-Croatie. Poursuivis les uns pour vols par effraction en réunion, d'autres pour vols ou recels, d'autre encore pour rébellion sur personne dépositaire de l'autorité publique, ils étaient accusés d'avoir pillé des magasins ou d'avoir commis des actes de violences juste après la victoire des Bleus. Les premières condamnations sont tombées en milieu d'après-midi. Prison ferme pour les récidivistes. Prison avec sursis ou travaux d'interêt général pour les autres. 
 

"J'ai pas réfléchi "

Lenny H. est l'un des premiers à passer devant l'une des deux chambres correctionnelles réquisitionnées pour la circonstance. Ce villeurbannais, tout juste majeur, semble un peu éberlué, surpris de se trouver là devant des magistrats. Il reconnaît le vol d'un portefeuille de marque dans une vitrine du Printemps, qui avait déjà été préalablement défoncée."J'ai pas réfléchi", explique Lenny, qui n'a encore jamais été condamné. 

Le procureur décrit une soirée de fête, où des opportunistes profitent de l'allégresse générale pour dévaliser les magasins. Il réclame 6 mois d'emprisonnement dont 4 mois avec sursis. "Ce réquisitoire me paraît excessif" dit son avocate, qui explique qu' "il ne faudrait  pas qu"il porte sur ses épaules tout ce contexte". Le tribunal le condamne à 4 mois de prison avec sursis ou 160 heures de travaux d'interêt général. 


"C'est pas moi !"


Au tour de Sofiane S de comparaître. Pour lui, ca va être plus compliqué. Il a été interpellé à 23h30 après avoir lancé une bouteille sur les forces de l'ordre. Avec son polo très voyant, il a été formellement reconnu par un policier, qui l'a même suivi pour faciliter son arrestation. "Il a dû se tromper, c'est pas moi" répond -il. Mais son passé judiciaire ne plaide pas en sa faveur. Déjà neuf condamnations, dont une en janvier 2016 pour des faits identiques.

Le procureur enfonce le clou : "On assiste à des violences commises par une minorité qui prend en otage la foule pour mener une véritable guérilla urbaine". Il requiert 8 mois d'emprisonnement et un retour direct à la case prison .D'autant plus qu'il n'a pas respecté son suivi judiciaire. Dans une plaidoirie très structurée, la défense souligne que le témoignage du seul policier est sujet à caution et qu'il n'est corroboré par aucun autre. Le tribunal condamne en définitive Sofiane S. à 4 mois de prison ferme avec mandat de dépôt. "Là, tout de suite?" demande -t-il . Lui non plus n'a pas encore tout compris. 
 

"Un cadeau de la rue"                                               


Les affaires s'enchaînent. Trois jeunes hommes, 26 ans et 23 ans, font leur entrée dans la cage vitrée. Entourés par de nombreux policiers, deux d'entre eux semblent familiers des tribunaux. Jounaïd S.et Foued L. ont déjà fait de la prison."J'en suis pas fier" dit en préambule Foued, comme pour amadouer le président : A 26 ans ,il a déjà à son actif 19 condamnations. Mais il ne veut surtout pas retourner en prison. C'est sa hantise.  
   
Avec un troisième larron, Saïd G, ils voulaient simplement, expliquent - ils," fêter la victoire" et rentrer chez eux à Givors par le premier train. Ils ont beaucoup bu et prétendent avoir trouvé dans la rue des maillots "Lacoste", abandonnés là. "Un cadeau de la rue", selon une formule poétique qui prête à sourire. Ils essaient quand même les vêtements quand une patrouille de police survient et les surprend, la main dans le sac . "Je ne savais pas qu'on ne pouvait pas ramasser simplement un pull sur le sol" explique maladroitement Saïd. 

Le procureur le reprend : "Il ne s'agissait pas d'un cadeau de la rue mais bien de vêtements volés avec des antivols et des étiquettes arrachées (...) Vous ne pouvez nier leur origine". Rien ne permet pourtant d'établir que les trois compères sont à l'origine du pillage du magasin. Les faits sont donc requalifiés en "vol simple".

Le procureur requiert 4 mois de prison ferme pour les deux récidivistes, de la prison avec sursis pour le troisième, qui n'a pas de casier judiciaire. La défense essaiera bien d'établir que "l'infraction de vol n'est pas constituée" mais le tribunal passe outre. Jounaïd S. et Foued L. écopent de deux mois de prison ferme,  Saïd L. de quatre mois de prison avec sursis ou 160 heures de travaux d' interêt général. 
 

Derrière la vitre, Foued L. interpelle le président du tribunal : "J'ai pas compris ma peine". Il répète à qui veut l'entendre qu'il ne veut pas repartir à la prison de Villefranche, dont il est ressorti il y a un an. Vingtième condamnation. Il dormira pourtant ce soir en prison.

Un peu plus tard, dans une autre salle d' audience, Jacques, 20 ans, lyonnais d'origine camerounaise, est condamné à 8 mois de prison ferme. Il a jeté une bouteille sur un policier municipal alors que celui-ci portait assistance à une personne victime d'une crise d'épilepsie. De retour sur les lieux de son forfait, l'agresseur finira pas être identifié et arrêté.             

Deux jours après les faits, la justice a affiché ostensiblement sa fermeté et puni sans tarder les auteurs des violences commises à Lyon à l'occasion de la finale de la Coupe du Monde.                 
                                                        
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