Enseignant à l'Université Lyon 1, Tuna Altinel est retenu en Turquie, son pays d'origine, depuis 9 mois. Ce vendredi après-midi, il est à nouveau convoqué devant la justice. On lui reproche d'avoir participé à une réunion de soutien à la cause kurde.
Le 11 mai 2019, l'universitaire turc Tuna Altinel était arrêté à l'aéroport d'Istanbul alors qu'il s'apprêtait à rendre visite à sa famille. Accusé de "propagande terroriste" en raison de son engagement en faveur des Kurdes de Turquie, la mathématicien, qui exerce à l'Université Lyon 1, se retrouvait en prison.
Concrètement, en février 2019, s'était tenu à Villeurbanne, dans le Rhône, un rassemblement dénonçant les massacres de civils commis par l’armée Turque à Cizre. Cette ville kurde de Turquie avait subit des représailles suite à une déclaration d'« autonomie municipale » par rapport au gouvernement d’Erdogan.
Tuna Altinel a été detenu pendant 81 jours au total, avant d'être remis en liberté à l'issue d'un procès qui s'est déroulé au mois de juillet dernier, à Balikesir, à 300 km d'Istanbul. Son passeport confisqué, il n'a toutefois pas pû revenir en France. En attendant l'audience de ce vendredi, il a dû rester en Turquie.
9 mois d'un drôle d'exil... L'homme de 53 ans en témoigne : "D'un côté, Istanbul est ma ville natale, il y a ma famille, donc je suis bien entouré, et c'est un quotidien que je connais depuis mon enfance. Mais de l'autre côté, j'avais un autre quotidien que j'avais construit à Lyon, avec plus de 20 ans d'effort... Il me manque car on m'a obligé à le quitter d'une seul coup et de manière brutale."
Une vie lyonnaise qui lui vaut aujourd'hui un appui fort de la part de ses collègues, à l'origine d'un comité de soutien très actif, et de l'Université Claude-Bernard, qui lui a accordé l'aide d'un avocat.
Tuna Altinel risque entre 1an et 5 ans de prison. Il espère toutefois échapper à la condamnation, au nom de la liberté d'expression.
"Je ne veux pas que ce soit juste pour la sauver la peau de Tuna Altinel", dit-il. "Cette sortie de l'anonymat, j'essaie de l'utiliser pour faire progresser la démocratie en Turquie. Pour que des cas comme le mien ou pire encore ne soient plus que des exceptions... Pour que le pays soit plus plus ouvert, plus paisible, plus juste."
L'audience devant le tribunal de Balikesir doit s'ouvrir à 14h30, heure locale.