Dans le Beaujolais, Frédéric Arvis fabrique des "pulls moches de Noël". Popularisé par les séries et les films aux Etats-Unis, ces pulls sont devenus un emblème kitsch des fêtes de fin d'année.
Des élans au nez rouge, des gros "nounours" ou encore des flocons et autre Père Noël. Multipliez les couleurs vives, les accords osés et les messages loufoques, voilà une recette réussite pour des pulls de Noël "moches".
Côté décalé
Un homme fabrique ces pull-overs de manière totalement artisanale à Saint-Georges-de-Reneins dans le Beaujolais. II s'agit de Frédéric Arvis, ancien ingénieur textile pendant 25 ans. Au cours de sa carrière dans la recherche et le développement, Frédéric Arvis voyage beaucoup. Las d'un métier qui le pousse à "transmettre du savoir sans pouvoir le garder en France", il décide de mettre fin à son activité et créé sa propre société de tricotage. "Je voulais faire des produits innovants, en France, et j'ai lancé ma marque.", explique Frédéric Arvis.
Toujours avide d'innovation, Frédéric répond à un pari lancé par ses amis : celui de faire des pulls moches. "Je ne voulais pas créer des pulls classiques, des pulls il y en a partout mais des moches, on n’en trouve pas !", plaisante l'artisan. Alors, il y a six ans, il se lance dans la confection de ces vêtements d'abord réservés à ses amis et sa famille. "J'aime le côté décalé de ces pulls, ça évacue le stress", justifie l'artisan.
Des bonnets, des serviettes de bain représentent son "vrai business", les pulls moches restent une "récréation de fin d'année" pour le créateur. "Le 1er décembre, je lâche la partie sérieuse de mon travail pour me lancer dans de beaux dessins et j'ai envie de partager ça avec tout le monde", poursuit Frédéric Arvis.
Le pull est vendu 35 euros et fabriqué uniquement sur commande. Le design lui, se fait par ordinateur. "Je reste décalé, avec des dessins enfantins que je travaille puis quand je vois les yeux des clients ça prend tout son sens", raconte le passionné.
40 pompons par heure
Il travaille 14 à 16 heures par jour pendant trois semaines pour répondre au "rush" de Noël. Pour fabriquer les pompons, Frédéric a même une roue spéciale, récupérée d'un vélo de son oncle. Il y enroule un fil, puis la lance. La machine "travaille toute seule", et un compteur lui indique les tours. "Je l'arrête à 2 000 tours, obtenus en un quart d'heure, je vais donc avoir 2 000 fils entre eux que je viens nouer de manière très régulière, un peu comme une natte, je coupe entre chaque nœud et cela forme le pompon, tout simplement.", détaille l'artisan.
Outre les pulls, des "robes moches" sont aussi fabriquées et proposées à la vente. Les commandes se font par le bouche-à-oreille et sont faites sur-mesure ! "On ne peut pas rêver mieux.", se félicite François, une cliente du village. "J'entendais beaucoup parler des pulls de Noël mais moi je tenais à avoir une robe.", sourit Françoise pour qui le pull moche était déjà une tradition de Noël. Le modèle qu'elle porte est un prototype et une première pour Frédéric. Une réussite, si l'on croit le sourire de sa cliente. "On va arriver avec ces vêtements pour faire une surprise à notre famille mais je ne trouve pas ça laid, c'est beaucoup de travail et ça me plaît", conclut Françoise.
Élément de la "pop culture" américaine
Laids ou non, les goûts ne se discutent peut-être pas, mais ces pulls suivent une vraie tendance. Ils sont conçus spécialement pour leur effet kitsch. Dans les années 1980, la comédie américaine "Le sapin a les boules" popularise le pull d'hiver un peu ringard, grâce au personnage de Chevy Chase. Le pull de Noël est porté lors des fêtes de fin d'année dans les entreprises.
Une décennie plus tard cette fois, c'est dans le film "Journal de Bridget Jones", sorti en 2001, que le personnage de Mark Darcy porte un pull vert avec un élan. Une inclinaison de la caméra du haut vers le bas, suivant les yeux de Bridget Jones, montre le dégoût éprouvé par Bridget à la vue du pull ridicule de son futur petit ami.
En France, le pull moche, de Noël ou non, a même le droit à son championnat du monde organisé chaque année à Albi au début du mois de décembre. Le troisième vendredi de décembre, ce vendredi 15 décembre cette année, est devenu la journée internationale du pull moche de Noël.