Une soixantaine de chauffeurs VTC ont manifesté ce matin à Lyon sur la Presqu’Ile. Ils se sont ensuite rendus au tribunal des prud’hommes de Lyon. La justice se prononce ce vendredi 10 juin 2022 sur le litige qui oppose depuis janvier 2020 139 chauffeurs de l’Association des Chauffeurs Indépendants Lyonnais (ACIL) au géant des VTC.
"Aujourd’hui, nous sommes réunis pour dénoncer des conditions de travail qui s’apparentent à de l’esclavage", s’indigne Jean Cédric,chauffeur VTC indépendant. Le ton de la matinée est donné. Klaxons, banderoles et mécontentement. Les responsables : Uber bien sûr, mais aussi l’Etat, qui « font l’autruche » face à la dégradation des conditions de travail des chauffeurs VTC.
Ce vendredi 10 juin 2022, le tribunal des prud’hommes doit statuer sur l’affaire qui oppose depuis janvier 2020 139 chauffeurs lyonnais au géant des VTC.
"Ne pas flancher face à la dictature de nos oppresseurs"
Jean Cédric est un homme en colère. Chauffeur VTC depuis sept ans, il était garagiste dans une autre vie. Il travaille à la fois à son compte et avec des plateformes, dont Uber. Il fait partie des 139 chauffeurs qui ont assigné le géant des VTC en justice..
Entre les chauffeurs VTC de l’ACIL et Uber, la guerre est déclarée. "Notre mobilisation est une démonstration de notre volonté de ne pas flancher face à la dictature de nos oppresseurs", martèle Jean Cédric.
"Nous estimons qu’il y a un faisceau d’indices comme la déconnexion abusive, la tarification détenue par Uber ou les algorithmes manipulant notre activité qui relèvent de la présomption de salariat", poursuit-il. Rappelons que les chauffeurs qui travaillent pour Uber sont soumis au statut d’auto entrepreneur. Ils ne sont en aucun cas salariés de la plateforme. Or, selon les 139 plaignants, les chauffeurs sont "subordonnés" à Uber. Et ils attendent que la justice reconnaisse ce "lien de subordination" propre au salariat.
"Mon expérience professionnelle avec Uber ne m'a amené que des difficultés"
Les chauffeurs VTC sont épuisés. Ils déplorent le manque de considération à leur égard de la part de la plateforme.
Dans le viseur de l’ACIL : les payes des chauffeurs Uber, qui diminuent. "La politique tarifaire de la plateforme est constamment revue à la baisse par Uber et consorts", dénonce Jean Cédric. Uber prend une commission sur les courses effectuées par les VTC. D’après l’ACIL, cette commission a augmenté de 30% ... "30% pour le moment", ajoute cyniquement Jean Cédric. A cela s’ajoutent des frais de plus en plus élevés, à la charge des conducteurs. « Le carburant coûte près d’1 euro de plus par litre depuis le début du Covid-19 », souligne-t-il.
Autre cheval de bataille des chauffeurs indépendants : les majorations pratiquées par Uber "ou l’effet Pokémon", ironise Jean Cédric. "Les majorations sont là pour nous inciter à rester sur le terrain", insiste-t-il. Dans les zones dites de majoration, les courses sont surtarifées. "Uber a lancé une zone de majoration pour inciter les chauffeurs à se déplacer pour honorer la course de deux-trois clients (...) Cela leur permet d'avoir constamment des chauffeurs connectés au sein de la plateforme malgré la fatigue", explique Jean Cédric.
"Mon expérience professionnelle avec Uber ne m’a amené que des difficultés financières et d’exercice de ma profession », se désole-t-il.