Nouvelle affaire d'abus sexuels dans l'Eglise : l'archevêque de Lyon "personnellement atterré par la perversité de ce prêtre qui a abusé de l’innocence de tant d’enfants"

Après les récentes révélations d'abus sexuels commis notamment dans les années 70 sur des enfants et mettant en cause le père Ribes, l’archevêque de Lyon, Mgr Olivier de Germay, a tenu une conférence de presse ce mercredi matin, 19 janvier.

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Quelques mois après le rapport de la commission Sauvé sur la pédophilie dans l'Eglise, les diocèses de Lyon, Saint-Etienne et Grenoble sont secoués par une affaire d'abus sexuels commis par un abbé sur des mineurs. 

"Plusieurs personnes se sont plaintes d'avoir été abusées dans les années 60 -70 et peut-être au-delà," a expliqué ce matin devant la presse Mgr Olivier de Germay, Archevêque de Lyon. C'est un prêtre décédé en 1994 qui est mis en cause dans ce dossier : le père Louis Ribes.

L'Archevêque de Lyon "atterré"

"Je suis personnellement atterré par la perversité de ce prêtre qui a abusé de l’innocence de tant d’enfants et je suis profondément bouleversé par la souffrance de ces victimes, lancinante et toujours présente chez la plupart d’entre eux même si les faits sont anciens," a déclaré ce mercredi 19 janvier l'Archevêque de Lyon.

Aujourd'hui se pose une nouvelle fois la question : que savait le diocèse de Lyon à l'époque des agissements du père Louis Ribes ? Ce mercredi matin, au lendemain d'une réunion publique à Grammond, Mgr Olivier de Germay faisait le point lors d'une conférence de presse. Rien dans le dossier et les archives du diocèse de Lyon concernant le père Rives, à l’exception d’un questionnement de la part de la CIASE en 2020 et d'un questionnement de la part du Diocèse de Grenoble en 2016. L'Archevêque, répondant aux questions de la presse, a toutefois reconnu et déploré un manque de coordination entre les diocèses.

Réunion publique à Grammond : la parole se libère

L'abbé était originaire de Grammond dans la Loire. Le père Ribbes a exercé son ministère dans les diocèses de Lyon et Grenoble. Mardi soir, 18 janvier, l'Evêque de Saint-Etienne, Mgr Bataille a souhaité rencontrer les habitants de la petite commune ligérienne. Cette rencontre avait vocation à donner la parole à d'éventuelles victimes, les inciter à se faire connaître et se faire aider. Annie et Luc, deux des victimes de l'abbé qui se sont déjà exprimées dans la presse, ont assisté à cette réunion d'information entre le prélat et les Grammoniots. Une soixantaine de personnes étaient d'ailleurs présentes à cette réunion. Combien d'enfants de Grammond ont été abusés par le prêtre? La réunion initiée par l'évêché de Saint-Etienne a permis à la parole de se libérer. "Une douzaine de personnes victimes se sont manifestées et ont témoigné de ce qu’elles ont subi de la part de ce prêtre," a indiqué Olivier de Germay au lendemain de la réunion.  Mardi soir, après la réunion, Sylvain Bataille, l'Evêque de Saint-Etienne, évoquait de son côté "au moins cinquante victimes" dans le village de Grammond.

Les victimes du père Louis Ribes sont malheureusement certainement très nombreuses.

Mgr Olivier de Germay, Archevêque de Lyon

"De plus en plus de personnes arrivent à parler, c’est ce qu’avait souhaité la commission Sauvé (...), c'est aussi ce qu'à favorisé la publication du rapport de la CIASE et nous avons constaté depuis octobre une augmentation de personnes souhaitant témoigner. C’est aussi ce qu’a permis l’appel à témoins que nous avons lancé il y a quelques jours," a expliqué le prélat. Dans un communiqué commun, les diocèses avaient invité les victimes à se faire connaître auprès des cellules d'écoute des diocèses, avec possibilité de rendez-vous si elles le désirent. Un appel à témoins qui a porté ses fruits selon l'Archevêque de Lyon. 

"Priorité aux victimes" 

"Nous souhaitons assumer le fait que l'Eglise n'a pas su se démarquer de la culture de l'époque, qui était une culture du silence ou du déni et où on cherchait avant tout à protéger l'institution," a expliqué Mgr de Germay. Conscient de ses responsabilités, le diocèse de Lyon entend aujourd'hui "donner la priorité aux victimes"La création d'une instance indépendante de reconnaissance et de réparation, "opérationnelle en février", a été décidée. 

Qui était le père Louis Ribes ?

Le prêtre mis en cause dans cette nouvelle affaire d'abus sexuels sur mineurs est décédé en 1994 à l'âge de 74 ans. Il est enterré dans sa commune natale. Le père Louis Ribes était aussi un artiste, surnommé le "Picasso des églises". Ses oeuvres ornent une quinzaine de lieux de culte de la région. L'abbé est resté en poste jusqu'à la fin de sa carrière. 

"Certaines victimes nous ont dit que l'exposition publique de ses oeuvres étaient pour elles insupportable," a ajouté l'Archevêque de Lyon. "C'est pourquoi nous avons décidé dans les trois diocèses concernés de retirer des églises les oeuvres qui nous appartiennent. La dépose a déjà commencé".

Pour revoir la conférence de presse de l'Archevêque de Lyon :

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