"On m'a renié" : Florent Duparchy, gardien de but et victime de commotions, porte plainte contre son club de Reims

Victime de deux commotions qu'il estime mal prises en charge, le footballeur Florent Duparchy a décidé de porter plainte contre son club pour "mise en danger de la vie d'autrui". Une première dans ce sport. Retourné dans sa famille près de Lyon, Florent Duparchy témoigne d'un sentiment d'abandon complet.

La voix lasse, Florent Duparchy ne cache pas son amertume. "Je me sens abandonné, c'est vraiment injuste", raconte le gardien de 23 ans depuis sa maison familiale près de Lyon. Il affirme que son club, le Stade de Reims, l'a laissé complètement livré à lui-même à la suite de deux commotions cérébrales. Sans nouvelles de son employeur, il a porté plainte la semaine dernière contre X pour mise en danger de la vie d'autrui. Une première dans le milieu du foot.

Deux commotions en huit mois

Sa première commotion, particulièrement violente, a lieu en août 2022, lors d'un entraînement avec son club à Reims. Il reçoit un coup de genou dans la mâchoire, un choc qui l'envoie à l'hôpital et à la suite duquel personne ne lui aurait dit de surveiller de potentiels symptômes.

"Je ne savais pas ce qu'était une commotion, personne ne m'en a jamais parlé, je n'y ai jamais été sensibilisé alors que je suis gardien", raconte le joueur. À la suite de cet accident, Florent Duparchy parle de nausées, de migraines et d'une sensation de lourdeur qui ne le quitte jamais. "Je pensais que c'était parce que j'étais trop sur mon téléphone", soupire-t-il.

Quelques mois plus tard, en mars 2023, un second choc vient aggraver son état. Il se prend un ballon en pleine tête à l'entraînement.

Je suis tombé et en me relevant, ma vision était trouble, j'étais désorienté et je voyais tout en jaune.

Florent Duparchy

Selon son avocat interviewé par l'AFP,  "ces deux commotions cérébrales n'ont pas été diagnostiquées par le staff médical du club de Reims alors même qu'il présentait tous les symptômes. Le principe de précaution, c'était de l'envoyer voir un neurologue, ce qui n'a pas été fait en violation des règlements et des statuts de la ligue de football."

"J'ai compris que c'était sérieux" 

Une semaine après le second accident, le médecin du club l'envoie toutefois chez un neurologue pour "un simple rendez-vous de contrôle en rapport avec l'accident d'août 2022", explique Florent Duparchy. Au cabinet, le neurologue lui détaille ce qu'est une commotion et décide de l'arrêter pendant un mois et demi. Le sportif ne prend pas tout de suite conscience de la gravité de son état. "J'étais sceptique déjà parce que j'étais dégoûté d'être en arrêt, avoue le sportif, tout ce à quoi je pensais, c'était jouer au football".

Mais au fil des semaines, les douleurs et les nausées s'atténuent. "Avec ces quelques semaines de repos, j'ai eu la sensation de perdre dix kilos ! Ma mémoire était fluide, je me sentais moins épuisé et je n'avais plus mal en regardant des écrans.", raconte Florent Duparchy. C'est là que le joueur réalise ce qu'est une commotion. "Finalement, le neurologue a mis les mots sur ce que j'avais, j'ai compris que c'était sérieux".

À l'été, le portier devait changer de club et être transféré à Guingamp. "J'étais tellement enthousiaste à l'idée d'être deuxième gardien, c'était un rêve de jouer en pro qui allait se réaliser". Mais en juillet dernier, les symptômes reviennent et son état médical l'empêche de continuer. Un simple avenant ayant été signé, le club breton renonce à l'engager. 

Avenir incertain

Aujourd'hui, le joueur est rentré dans sa famille à Corbas dans le Rhône. Il dit n'avoir aucunes nouvelles de son club. "Depuis que je ne suis plus apte à jouer au foot, on m'a oublié, on m'a laissé tomber. Je n'ai eu aucun soutien et aucune nouvelle de Reims depuis juillet, j'ai dû trouver mes rendez-vous tout seul pour me soigner et heureusement qu'un ancien kiné m'a aidé car les délais étaient trop longs", explique le joueur, consterné.

Florent Duparchy paie tous les frais médicaux et n'a pas touché son salaire depuis juillet, alors qu'il est encore sous contrat avec Reims jusqu'en 2024 et en arrêt de travail jusqu'en octobre. "Chacun se renvoie la balle, mais la LFP m'a bien confirmé que je suis salarié du Stade de Reims", assure-t-il. Le club de son côté estime que le joueur ne fait plus partie de ses effectifs. L'avocat de Florent Duparchy aurait fait parvenir un courrier à Reims, resté sans réponse.

Las, estimant ne plus avoir le choix, le portier décide donc de porter plainte contre son club. "Je veux aussi les interpeller et je fais ça pour qu'on parle davantage des commotions dans le football", explique le joueur.

"Aujourd'hui, personne n'est en mesure de me dire si je vais pouvoir continuer dans le foot, mais je ne peux pas me lancer dans une autre carrière, ni être au chômage, ni reprendre des études car je suis encore lié à Reims", rage Florent Duparchy qui aurait souhaité reprendre des études en alternance dans l'immobilier.

Dans une interview accordée à nos confrères du Parisien, le président du club de Reims Jean-Pierre Caillot décline toute responsabilité. "Chez nous, après un choc à l’entraînement où il a eu la mâchoire cassée, on a pris le temps de le laisser se soigner et à aucun moment, on a précipité son retour. J’ai découvert dans L’Equipe qu’il avait reçu un jour un ballon dans la figure. Selon moi, le Stade de Reims, n’est pas responsable de cette situation".

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