Ce jeudi 3 octobre, les salariés lyonnais de la Fnac ont manifesté leur mécontentement suite à la décision de la direction générale de revenir sur des acquis sociaux locaux obtenus en 1992. Ils en ont profité pour dénoncer leurs conditions de travail qu'ils jugent de plus en plus difficiles.
Pour les salariés des Fnac de Lyon, ce sont les 70 ans de la honte. Ce jeudi 3 octobre, la Fnac célèbre l'anniversaire de sa création, en 1954. Une date clé retenue par l'intersyndicale CFTC, CGT et Sud pour manifester une colère grandissante.
"Une charge de travail immense"
Le 17 septembre dernier, la direction générale a annoncé mettre fin à un accord local signé en 1992. "Après 32 ans, ils reviennent sur des acquis qu'on a depuis plus de 30 ans, des acquis qui nous permettaient de ne pas travailler les jours fériés, d'avoir une prime de vacances et de départ à la retraite équivalente aux Parisiens et aux salariés du siège", explique Farid Bardad, vendeur à la Fnac au rayon micro-informatique et délégué syndical central pour la CFTC Fnac Relais. "C'est une annonce brutale et un vrai caprice puisque les magasins Fnac fonctionnent très bien".
Cette fin d'acquis sociaux est annoncée alors même que les conditions de travail se dégradent pour les salariés. Anne Josserand fait partie "des petites mains" essentielles. Libraire pour le groupe depuis 20 ans, elle croule sous de nouvelles tâches, pour un salaire inchangé : "mes conditions de travail se sont dégradées progressivement, on a une charge de travail immense : il y a le click and collect, on doit préparer dans l'heure ce qu'il faut pour le client, faire l'encaissement qu'on ne faisait pas avant, vider les bacs, et évidemment renseigner les gens, c'est très lourd physiquement et émotionnellement. On n'est plus libraires, on est manutentionnaires".
Face à une cinquantaine de personnes, la libraire confie : "on est tous un peu vieillissants, on a tous mal au dos, on a des tendinites, des fatigues chroniques. Dans nos réserves, nous avons une énorme quantité de livres qui ne se rangent pas tout seuls. C'est comme si on faisait un déménagement tous les jours, sauf qu'on n’est pas déménageurs".
"Une entreprise qui prend le chemin de la régression"
La Fnac a été fondée par Max Théret, rejoint ensuite par André Essel. Ces deux amis étaient des militants de gauche. Marie-Hélène Thomet, déléguée syndicale CGT pour la région Rhône-Alpes déplore un changement radical de valeurs : "Au fil du temps, cette enseigne est tombée entre des mains capitalistes. Aujourd'hui, la Fnac est un groupe qui compte huit milliards de chiffres d'affaires". Elle ajoute que "les actionnaires ont touché, en 2023, 21 millions d'euros, les salariés, eux, n'ont rien eu, et le peu que nous avons encore, on nous l'enlève". Pour la déléguée syndicale, "l'argent circule, l'argent existe, le groupe est en bonne santé et investit même à l'international".
Plusieurs élus étaient présents en soutien au mouvement comme Boris Tavernier, député du Rhône, et François Ruffin, député de la Somme, de passage à Lyon.
Notre rôle est de venir soutenir les gens qui relèvent la tête et je viens ici d'autant plus parce que ce qui se passe ici pour moi est un symbole pour le pays. Ce n'est malheureusement pas une exception, mais c'est plutôt représentatif de ce qu'il se passe dans le monde du travail
François Ruffin, député de la Somme
"C'est une entreprise qui a été fondée de manière progressiste, à la fois pour les consommateurs et pour les salariés et qui, aujourd'hui, prend le chemin de la régression".
L'intersyndicale espère une prise de conscience de la direction. Ils annoncent ne rien vouloir lâcher et sont prêts à de nouvelles journées de mobilisation.