"On se taquine et on se fait des blagues” : en colocation, Benoît partage son quotidien avec deux réfugiés afghans

Benoît, Aziz et Asmat habitent en colocation depuis quelques mois. L'un disposait de chambres libres, les deux autres arrivaient d'Afghanistan et cherchaient un logement. Ensemble, ils partagent leur quotidien à mi-chemin entre leurs deux cultures, grâce à l'association "J'accueille". Témoignages à l'occasion de la journée internationale des réfugiés.

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"Moi je pense que c’est ma maison”. Benoît esquisse un sourire en entendant ces mots sortir de la bouche d’Asmat. Arrivé en France le 13 juillet 2022, le réfugié afghan habite depuis quelques mois chez le soixantenaire, dans son appartement du 9ème arrondissement de Lyon.  

“Ils en prennent soin comme s’ils étaient chez eux”, souligne Benoît, dont les deux chambres laissées libres par ses enfants permettent de loger non seulement Asmat, mais également Aziz, un autre réfugié afghan arrivé il y a près d'un an.

C'est l'association "J’accueille", experte dans l'accueil de personnes réfugiées chez l'habitant, qui organise cette colocation. Dans la métropole de Lyon, 245 personnes bénéficient de son programme.

"En préparant le repas, on est à Kaboul"

Pour Benoit, il n’est pas question de vivre chez lui mais plutôt, avec lui. Le samedi matin, on fait le ménage ensemble”, dit-il. Cela fait 9 ans qu'il ouvre son foyer aux réfugiés. Comme une colocation finalement mais avec le partage de cultures différentes en bonus. Ainsi, chacun cuisine à tour de rôle.

Ce jour-là, c’est Aziz qui prépare un Kabuli Palaw, un plat afghan composé de riz épicé au poulet, aux carottes et aux raisins secs. “J’ai déjà fait ce plat plusieurs fois pour Benoît et Asmat”, confie-t-il dans un français approximatif.

 

“C’est vrai”, renchérit Benoît, “pour les grandes occasions, c'est le chef Aziz qui cuisine. Il est d'origine ouzbèke et les Ouzbeks d'Afghanistan sont réputés pour être de bons cuisiniers”, ajoute le Lyonnais qui n’attend qu’une chose, déguster ce plat.  

Dans la cuisine, des odeurs, des couleurs, et aussi de la musique. “Ils me font écouter leurs chansons. En préparant le repas, on est à Kaboul”, affirme Benoît, en train de couper des tomates. Il leur fait également découvrir les siennes. Et Aziz “adore Lara Fabian” ! 

Une colocation "entre mecs"  

Les trois garçons passent également des moments ensemble devant le football ou à jouer aux jeux de société. “Les dames chinoises”, affirme immédiatement Aziz, le plateau entre les mains. Et à la question qui est le meilleur à ce jeu ?

“Asmat”, répondent-ils en chœur. “Même si je pense que je vais gagner cette fois”, renchérit Aziz. “Ça devient une colocation de garçons. On se taquine un peu et on se fait des blagues”, souligne Benoit.  

"Un côté familial"

S’ils apprécient le football, Benoît et Asmat ont manqué le match des Bleus pour l’ouverture de l’Euro lundi soir. Au lieu de ça, ils ont passé quelques heures en visioconférence avec les frères et sœurs de Benoit. Car dans cette cohabitation, “il y a un côté familial aussi. Je leur ai fait découvrir mes enfants”, explique Benoît.

“Et moi, j’apprends à connaître leur famille. On a déjà eu des visios avec les proches d’Asmat restés à Kaboul, avec ses sœurs notamment”, ajoute-t-il. D’autant plus qu’avant d’accueillir Asmat, Benoit vivait avec Fawad, son frère aîné. Ce dernier leur rend visite quelques fois et participe à des activités avec eux.  

Au début du printemps, ils se sont par exemple retrouvés au parc de la Tête d’Or pour jouer au mölkky.

Ils me disaient que ça leur rappelait Kaboul. Il y a des endroits autour de la ville ou il y a des plans d’eau et ils avaient l’habitude d’y aller le vendredi. Souvent, les activités permettent de parler de certains moments de notre vie, de notre famille

Benoit Delafonchet

Accueillant, en colocation avec Aziz et Asmat

Accompagnés dans leurs démarches 

Dans cette colocation, les règles sont simples, il n’y en a pas, tant que chacun respecte l’espace d’autrui. “Je suis libre ici quand je veux sortir, quand je veux rentrer, aucun problème”, explique Asmat. Et Benoît confirme : “la cohabitation est très fluide”. 

Accueillants et accueillis doivent tout de même signer une charte de communication régissant les règles de savoir-vivre en cohabitation, ainsi qu’un contrat encadrant la durée du séjour. Ce dernier implique l’organisme J'accueille, la personne accueillante, la personne accueillie et un travailleur social.  

Tout ce petit monde s’investit dans l’insertion d’Aziz et Asmat. “Je voudrais trouver un travail dans l’électricité”, confie Asmat, “un contrat en alternance”, ajoute Benoît, qui l’aide dans ses démarches.  

Il est accompagné dans cette tâche par une assistante sociale mandatée par l’association. Aziz lui se plaît dans son travail de restaurateur dans une pizzeria. Il aimerait maintenant pouvoir trouver son propre appartement.

Dans 77 % des cas, accueillants et accueillis gardent des contacts après leur sortie du programme. Benoit fait partie de ceux-là. Invité à un mariage de l'une des personnes qu'il a acceuilli, il attend avec impatience de venir partager un repas chez Aziz, lorsque ce dernier aura trouvé son cocon. 

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