La pédophilie, "un péché " ? : l'évêque de Pontoise fait son "méa culpa"

Mgr Lalanne,évêque de Pontoise, n'a pas su dire mardi sur les ondes de la radio Lyonnaise RCF si la pédophilie était un péché ou non, déclenchant une polémique dont l'Eglise de France se serait bien passée.Il s'en est finalement excusé sur Twitter ce matin,particulièrement auprès des victimes.
    

La maladresse n'est pas passée inaperçue.Et pour cause.Mgr Lalanne,évêque de Pontoise, intervient mardi sur les ondes de RCF,la radio chrétienne lyonnaise dans l'émission "Le temps de le dire". Elle est consacrée à "l'Eglise de France face à la pédophilie". On s'attend de sa part à une condamnation ferme et sans appel de la pédophilie mais pas du tout. Quand la question lui est posée de savoir s'il s'agit là d'un péché, la réponse est pour le moins nuancée :

"La pédophilie est un mal. Est ce que c'est de l'ordre du péché ? Ca, je ne saurais pas pas dire"-  Mgr Lalanne


Etrange questionnement de la part d'un éminent dignitaire de l'Eglise, par ailleurs responsable de la cellule de veille sur la pédophilie. Les auditeurs sont les premiers à s'interroger sur cette position pour le moins équivoque ... Jeanne, une auditrice croyante, réagit aussitôt en termes réprobateurs et dénonce "des propos sirupeux" :
  

"Il y a des décennies on nous disait au catéchisme que la masturbation, c’était l’enfer, un péché mortel, la luxure, l’un des péchés capitaux. Moi je vous dis : la pédophilie,c’est un péché grave car on met toute une vie à s’en remettre. Il faut appeler un chat, un chat", 

Ce qui se concoit bien s'énonce clairement .En principe, l'Eglise de France devrait avoir tranché la question une fois pour toutes et tenir un discours limpide mais de toute évidence, elle semble encore s'interroger. La sortie de Mgr Lalanne est -elle simplement malencontreuse ? N'a -t-il pas bien résumé sa pensée ou est ce bien là l'expression d'une ambiguité majeure qui pourrait expliquer bien des choses ? Là où il fallait trouver les mots pour apaiser les esprits , il ne fait que raviver le doute sur la posture de l'Eglise dans cette affaire. Est ce tout à fait un hasard ?  

Tout au long de l'émission, Mgr Lalanne va donc essayer de se justifier sans jamais pouvoir convaincre. Il reprend ses premières déclarations, tentant de les nuancer. Et conscient de l'ambiguité , il revient un peu plus tard sur ses propos sur une autre radio, RTL cette fois, en précisant sa pensée  :

"Ce que j'ai voulu dire, c'est que les personnes pédophiles, prêtres ou éducateurs sont souvent dans le déni parce qu'ils ont un clivage de personnalité. Ils n'ont pas toujours pleinement conscience de la responsabilité de leurs actes et des conséquences".


Les victimes du père Preynat , regroupées au sein de l'association lyonnaise "La parole libérée" et qui dénoncent les silences pour eux coupables du diocèse de Lyon, s'indignent à leur tour .Dans un communiqué ,elles mettent en cause cette nouvelle maladresse de l'Eglise de France :

"Après le fameux « Grâce à Dieu ! Les faits sont prescrits ! » de Mgr Barbarin, les propos de Mgr Lalanne résonnent à nouveau de manière violente et dégradante pour les victimes d'actes de pédophilie"


Cela pourrait s'arrêter là mais Najat Vallaud Belkacem ,ministre de l'Education Nationale, va à son tour prendre position sur Europe 1 pour demander à l'évêque de "'lever toute ambiguité". "La pédophilie n'est acceptable ni légalement ni moralement, et laisser planer une quelconque ambiguïté sur ce sujet, c'est juste intolérable".


Emmanuel Macron, Loi Travail, jeunesse révoltée... par Europe1frCe matin , devant l'étendue de la polémique , Mgr Lalanne doit bien se résigner à un "méa culpa". Sur Twitter , il reconnaît que "la pédophilie est dans tous les cas ,un péché objectivement grave et que l'acte est gravement condamnable" .Et il reconnaît la profonde et durable souffrance des victimes. Une reconnaissance tardive qui laisse planer un nouveau doute sur le positionnement de l'Eglise dans ces affaires de pédophilie.    




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