Ce jeudi matin, 20 octobre, seuls deux sites TotalEnergies sont encore en grève. Le mouvement a été reconduit à la raffinerie de Gonfreville, en Seine-Maritime et à Feyzin, près de Lyon. Sur le site du Rhône, des mesures de réquisitions de personnels sont encore d'actualité aujourd'hui. En début d'après-midi, ce jeudi, la grève a été reconduite à Feyzin.
Alors que le mouvement de grève a été suspendu dans plusieurs raffineries, celle de Feyzin fait de la résistance, à l'instar de celle de Gonfreville. Le blocage de ces deux sites a été reconduit pour réclamer des augmentations de salaire. Si la mobilisation dans les raffineries semble donner des signes d'essoufflement, la situation n'en reste pas moins toujours difficile en terme d'approvisionnement en carburant à l'approche des vacances scolaires.
100% de grévistes à Feyzin jeudi après-midi
Sur ce site situé aux portes de Lyon, on comptait ce jeudi matin "90% de grévistes" selon le délégué syndical CGT Pedro Afonso, qui dénonce des "visites des forces de l'ordre" jusqu'à 23h30 mercredi soir, pour informer des salariés qu'ils étaient réquisitionnés le lendemain dès 4h.
Car la préfecture du Rhône a décidé de renouveler ses réquisitions de personnel ce jeudi alors que près d'un tiers des stations-service de la région connaissent une pénurie. Dix employés du dépôt ont été réquisitionnés au grand dam des grévistes qui dénoncent une "entrave au droit de grève".
Les salariés devaient se prononcer à nouveau à la mi-journée sur la reconduction ou non du mouvement. Ce jeudi après-midi, la CGT indique que le mouvement se poursuit aux expéditions de la raffinerie de Feyzin. Il est fait état de 100% de grévistes.
"Un risque énorme"
Pressé d'accélérer les livraisons de carburant dans les stations, des réquisitions des salariés ont également eu lieu sur le site de Feyzin mercredi.
Mais ce jeudi matin, le représentant syndical CGT Pedro Afonso a dénoncé des problèmes de sécurité liés à ces réquisitions et parle "d'abus" du géant TotalEnergies qui "use de manière irresponsable" des directives préfectorales pour "faire sortir du site des produits pétroliers" et "pour pouvoir alimenter plus rapidement les stations-service", au détriment de la sécurité.
Evoquant un "risque énorme", le représentant CGT de Feyzin tire la sonnette d'alarme : il pointe du doigt une mise en danger des salariés, des riverains et du site. Dans son message diffusé ce jeudi matin, on peut lire : "Ne pas tenir compte des règles de sécurité pour pouvoir sortir plus rapidement des produits pétroliers est inadmissible."
Selon le représentant syndical, "les capteurs qui mesurent les concentrations de gaz dans l'air étaient en alarme hier après-midi (mercredi), accusant un environnement explosif suite à ces concentrations élevées dans l'atmosphère".
Recours devant le tribunal administratif
Dénonçant une grave atteinte au droit de grève, les organisations syndicales avait déposé un recours devant le tribunal administratif de Lyon pour dénoncer les arrêtés pris par le préfet du Rhône les 17 et 18 octobre 2022 et portant réquisition de personnels du site Total Energies de Feyzin. Le juge des référés avait été saisi de demandes de suspension de ces arrêtés préfectoraux. Dans une ordonnance du 19 octobre, le juge des référés a rejeté ces recours en référé-liberté.
Le magistrat a estimé que "la pénurie croissante de carburants épuisant les stocks disponibles des quatre principaux dépôts de carburants du département qui couvrent l’ensemble des besoins de la région Auvergne-Rhône-Alpes ainsi que partiellement ceux de la région Bourgogne Franche-Comté, menaçait le ravitaillement des véhicules de services publics, de transports en commun, des véhicules de première nécessité mais également le service de maintenance de l’aéroport international de Lyon Saint Exupéry."
Le juge des référés a considéré "que des mesures de réquisition individuelles d’agents qualifiés sur le site de Feyzin s’avéraient indispensables pour prévenir les risques d’atteinte à l’ordre public et à la sécurité routière". Il a en outre estimé que "ces mesures de réquisition étaient proportionnées dès lors qu’elles ne visaient qu’un nombre limité de salariés qualifiés (sept, le 17 octobre puis trois agents supplémentaires, le 18 octobre, pour l’expédition par rail)".
Pénurie de carburant : où en est-on ?
La mobilisation initiée par la CGT, le 27 septembre dernier, a provoqué de sérieuses difficultés d'approvisionnement en carburant en France. Mercredi 19 octobre, une station-service sur cinq (20,3%) connaissait encore des difficultés d'approvisionnement sur au moins un carburant (contre 24,8% la veille). La situation était encore tendue en Bourgogne-Franche-Comté (33,1%), Ile-de-France (30,5%) et Auvergne-Rhône-Alpes (29,4%), selon les derniers chiffres mercredi du ministère de la Transition énergétique.