L'Etat présentait aujourd'hui à Lyon un nouveau plan loup pour les cinq ans à venir. Un plan inacceptable pour les associations naturalistes qui ont décidé dans la foulée de quitter le Groupe National Loup.
"Inacceptable, trop d'inexactitudes et de mensonges ! " Jean-David Abel, spécialiste du loup au sein de l'association France Nature Environnement, ne mâche pas ses mots, après la présentation, ce lundi 18 septembre 2023 en préfecture à Lyon, du prochain plan national d'action 2024-2029 aux membres du Groupe national Loup. Un groupe qui réunit des éleveurs, des associations de protection de la nature, des organisations professionnelles agricoles, des élus, des bergers ou encore des associations de chasseurs.
À l'issue de cette présentation du plan concocté par l'État, les six organisations naturalistes dont le Fonds mondial pour la nature (WWF), France Nature Environnement, la Ligue de protection des oiseaux ou encore l'Association de protection des animaux sauvages (ASPAS), ont tout bonnement décidé de quitter le Groupe national Loup.
Pour Fabienne Buccio, préfète coordinatrice de ce 5ᵉ plan national d'action, il est urgent de dédramatiser. "C'est un plan qui a été énormément travaillé, tant avec les associations de protection de l'environnement qu'avec le monde agricole. Aujourd'hui, on présente l'aboutissement de ce travail, il est normal qu'il y ait des réactions de part et d'autre."
"Un signal politique"
Du côté de France Nature Environnement, le regard porté sur le travail préparatoire à ce plan n'est pas tout à fait le même. "Le loup est à nouveau présent sur le territoire national depuis de nombreuses années maintenant, on dispose donc d'un important retour d'expérience. On sait ce qui marche et ce qui ne marche pas, y compris du côté des éleveurs. Or ce plan n'en tient aucun compte. Il n'y a pas eu non plus d'évaluation du plan précédent. Ce nouveau plan est juste un signal politique envoyé aux grosses organisations professionnelles agricoles", déplore Jean-David Abel, de France Nature Environnement.
Le loup va bien, l'élevage va mal donc en gros l'Etat dit : tuons des loups !
Jean-David Abel, France Nature Environnement
Deux points de ce futur plan national d'action ont fait sortir de leurs gonds les associations naturalistes. D'une part, "faire évoluer le statut du loup au niveau européen quand l'état scientifique de conservation de l'espèce le permet". Autrement dit, se diriger vers un déclassement du loup qui ne serait plus considéré comme une espèce strictement protégée. Inacceptable pour les associations.
Des tirs de défense qui mettent le feu aux poudres
D'autre part, le nouveau plan prévoit de faciliter les tirs de défense simple. Jean-David Abel explique que "même pour les exploitations auxquelles le loup inflige peu de dommages, le tir de défense avec des outils de vision nocturne sera autorisé." Pour les associations de défense de l'environnement, il s'agit en réalité d'une simplification des protocoles d'abattage des loups.
Ce que dément la Préfète Fabienne Buccio. "Nous autorisons, pour le tir de défense simple, un second tireur, qui peut être l'agriculteur, un chasseur ou un louvetier, afin qu'il y ait tout de suite deux tireurs pour permettre d'abattre le loup qui attaque un troupeau."
La guerre du loup n'est pas finie...