Le parquet de Lyon a saisi hier un juge des libertés et de la détention suite au référé environnemental deposé en mai dernier notamment par un collectif d'associations. Ce dernier espère maintenant la mise en cause de l'usine Arkema dans la diffusion de PFAS dans le sud de Lyon
Le parquet de Lyon a annoncé mardi avoir saisi un juge en vue d'éventuelles mesures sanitaires, après la plainte en mai d'associations accusant le groupe chimique Arkema d'atteintes à l'environnement et à la santé en raison de l'utilisation de PFAS, les "polluants éternels".
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"On a saisi hier le juge des détentions et de la liberté pour obtenir un référé environnemental dans le dossier Arkema", a déclaré à l'AFP le procureur de Lyon, Nicolas Jacquet, en marge d'une conférence de presse.
Des maladies potentiellement liées aux PFAS
Le 25 mai, 10 associations (dont l'antenne locale de l'association environnementale "Notre affaire à tous"), un syndicat (FSU) et 47 requérants individuels avaient saisi le tribunal judiciaire de Lyon dans le cadre d'un "référé pénal environnemental".
Ils réclamaient une étude des risques sanitaires liés aux PFAS, utilisés par l'usine Arkema à Pierre-Bénite, au sud de Lyon, et des sanctions contre l'industriel. Certains plaignants souffrent de "perturbations endocriniennes", avec aussi un "cancer des testicules chez un enfant de moins de deux ans", des maladies potentiellement liées aux PFAS, avait indiqué l'avocate Louise Tschanz, précisant que le JLD, une fois saisi par le parquet, aurait 48 h pour prendre une décision.
Principe du pollueur-payeur
Dans un communiqué, le collectif d'associations salue "une étape importante pour les associations et les requérant-es qui se battent depuis plusieurs années contre l’impunité de cette entreprise". Les réquerants espèrent maintenant une décision favorable qui obligera Arkema à "payer l’intégralité des mesures prescrites par le juge en vertu du principe de pollueur-payeur."
Parmi les mesures réclamées figurent des prises de sang et des analyses "payées par Arkema" sur le lait maternel ou les denrées alimentaires de producteurs bio et non-bio pour évaluer une contamination qui "aurait pu être évitée", ou encore une étude sanitaire menée par un laboratoire indépendant, avait expliqué Camille Panisset de "Notre affaire à tous".
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De son côté, la direction d'Arkema avait affirmé en mai que "le site de Pierre-Bénite respecte toutes les réglementations quant à ses rejets industriels et est régulièrement contrôlé par les autorités". Le 27 juin, les maires de vingt communes du sud de Lyon, dont Pierre-Bénite, ont également annoncé leur intention de porter plainte collectivement contre des industriels de la chimie soupçonnés de pollution aux PFAS. La plainte n'a pas encore été déposée selon leur avocat.