Précarité et mal-logement : les étudiants de plus en plus touchés à Lyon

L'université Jean Moulin Lyon 3 lance un nouveau dispositif pour lutter contre la précarité de ses étudiants. Des produits d'hygiène seront disponibles dans des distributeurs automatiques en son sein. Une façon de lutter contre la précarité étudiante.

Gel douche, shampooing, dentifrice, déodorant ou encore brosse à dents : quinze références au choix de produits d'hygiène seront accessibles aux étudiants de l'université Lyon 3. Ils pourront retirer deux produits par mois grâce à leur carte étudiante.

Ce dispositif nommé "Take Care" ("prend soin de toi" en anglais) vient s'ajouter à d'autres mesures de l'université. Cette dernière propose déjà des distributeurs de protections périodiques gratuites, un service de prêt d’ordinateurs et une épicerie solidaire.

Un budget de plus en plus contraint

Dans un communiqué, le président de Lyon 3 constate la dégradation des conditions de vie de ses étudiants. "L’université doit prendre sa part, celle d’un service public, dans le maintien des conditions de vie et d’études de ceux dont elle assure la formation. La santé et le bien-être ne doivent pas être la variable d’ajustement du budget de plus en plus contraint de nos étudiants."

L'objectif : répondre à la précarisation croissante des étudiants. Quatorze présidents d'université avaient par ailleurs publié une tribune pour demander une allocation d'études attribuée à tous les étudiants, sans condition de ressources.

Selon une récente enquête de l'Unef Lyon publiée à la rentrée, les étudiants lyonnais subissent de plein fouet l'inflation galopante. Énergie, alimentation et loyers : rien ne les épargne. "La hausse du coût de la vie étudiante à Lyon s’élève cette année à 3,83% soit 554,76€ par an de dépenses supplémentaires", peut-on lire dans le rapport.

Des bâtisses vieillissantes

La précarité s'étend notamment sur le logement du Crous accessible aux boursiers. "Aujourd'hui, une centaine d'étudiants à Lyon vivent dans des conditions d'insalubrité indignes", explique Manon Moret, présidente de l'Unef de Lyon. Le syndicat aurait visité une dizaine de résidences du Crous sur les 35 que compte la métropole. Cafards, punaises de lits, mais aussi des remontées d'égouts et des infrastructures cassées... Difficile d'étudier dans ces conditions. Ishak, que nous avions rencontré il y a un mois, vit toujours dans le noir dans sa chambre de la résidence La Croix du Sud (Lyon 8e). Les volets sont restés cassés, fermés.

L'air peine à passer, mais les cafards se sont frayé un chemin. Ishak a même dû traiter par lui-même des punaises de lit ayant constaté leur présence sous son matelas. "Aucun employé n'est venu constater si elles étaient bien parties, personne n'est venu réparer mon volet", affirme le jeune homme. "Les stores devraient être réparés dans la semaine", explique le Crous qui précise que la résidence est gérée par un bailleur social. 

Une dizaine d'étudiants de cette résidence aurait été relogée. D'autres attendent que des places se libèrent.

Atteindre 20 000 places

Le manque d'hébergements reste un problème majeur dans la métropole de Lyon qui compte près de 180 000 étudiants. Pour l'Unef, qui organisait un rassemblement contre le mal-logement étudiant ce 4 octobre, il faudrait doubler le nombre de places du Crous aujourd'hui établi à 9 260. "Tous les étudiants n'ont pas vocation à être au Crous, mais certains demandent à pouvoir y rentrer et se retrouvent à la rue or le Crous est le dernier service public à avoir pour mission de lutter contre la précarité étudiante", dénonce Manon Moret.

D'autant que le Crous de Lyon a récemment décidé d’augmenter les charges locatives de 3,5% dans ses résidences pour répondre à l'inflation énergétique.

De son côté, le Crous affirme avoir déjà livré 1 200 places neuves d'hébergement pour la période 2021-2023 et 800 autres devraient voir le jour d'ici 2026. "Je comprends la détresse des étudiants, mais il faudra être patient, des logements se libèrent chaque année en novembre quand les étudiants abandonnent leur cursus", justifie Valérie-Anne Eyt, directrice de l'hébergement au Crous de Lyon. En plus du neuf, le Crous a de nombreux projets de rénovation et réhabilitation de ses chambres. "L'ensemble du parc sera rénové d'ici 2024", promet la responsable du Crous, qui compte 35 résidences.

Des étudiants en camping ?

En attendant, les étudiants se rabattent sur les colocations solidaires, intergénérationnelles ou leurs propres moyens.

Selon l'expert immobilier Henry Buzy-Cazaux interviewé sur C dans l'air, 80% des places de camping à Lyon seraient utilisées par des étudiants, incapables de se loger dans le parc locatif. Un chiffre surprenant. "Nous avons des demandes d'étudiant entre le 15 août et le 15 septembre, mais ils viennent le temps de chercher un appartement en ville", explique le gérant du camping des Barolles à Saint-Genis-Laval au sud-ouest de Lyon.

Une nuit en mobile-home coûte environ 40 euros la nuit. "Nous affichons complet en raison de la Coupe du monde de rugby, mais nous n'avons pas d'étudiant actuellement", confirme le responsable. "On peut inventer des chiffres, mais dans la réalité, ce n'est pas ce qu'on observe", conclut-il.

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