Rhône : le BTP doit composer avec des matériaux de plus en plus chers

La fédération du Bâtiment et des Travaux Publics du Rhône tire la sonnette d’alarme. La crise sanitaire influe sur le prix des matériaux. Marges à la baisse, délais difficiles à respecter, les professionnels redoutent qu’une pénurie ne vienne fragiliser leur activité.

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Bois, acier, polymère ou encore cuivre, dans un marché globalisé, il n’est pas un seul matériau dont le prix par temps de crise ne soit revu à la baisse. Face à l’épuisement des stocks, à une désorganisation des filières de production et des transports internationaux, la tendance est à l’inflation. A titre d’exemple, le prix de l’acier a augmenté de 40%. Les entrepreneurs, faute d’approvisionnement, redoutent de ne pouvoir respecter les délais et de subir des pénalités de retard. Impossible également pour eux de réévaluer les coûts sur les chantiers engagés.

La fédération du BTP s’en remet donc au gouvernement et aux collectivités locales. Elle demande aujourd’hui à ce que l’état indexe les prix et suspende, sous certaines conditions, les pénalités de retard. Elle demande également aux collectivités d’accélérer la délivrance des permis de construire.

Depuis le début de la crise, aucune des 850 entreprises du département n’a connu de défaillance. Le BTP tient bon mais jusqu’à quand ? Rencontre avec Samuel Minot, Président de la Fédération BTP du Rhône et de la Métropole

Tout d’abord, comment se portent les entreprises du secteur dans le Rhône ?
«C’est plutôt mieux que ce que l’on pouvait imaginer parce que l’année 2020 a été une année particulièrement exceptionnelle et que les dispositifs d’aides mis en place par le gouvernement ont permis aux entreprises de rester debout. Les entreprises sont toujours là, les salariés sont toujours là. L’emploi des salariés dans le Rhône a même progressé de 3%. Il y a une vraie confiance dans l’avenir avec des carnets de commande bien remplis. Cela s’illustre aussi avec l’augmentation du nombre d’apprentis. En septembre 2020 leur nombre a progressé de 10% par rapport à 2019».

Toutes les entreprises sont logées à la même enseigne ?
«Tous ceux qui sont dépendants des marchés publics subissent un décalage suite au report des échéances électorales municipales et de la mise en place des nouveaux exécutifs. Les plans pluriannuels d’investissement que ce soit du SYTRAL, de la métropole, de la ville de Lyon ou de toutes les intercommunalités ont engendré un peu de retard. Les travaux publics sont plus impactés par un ralentissement en début d’année mais ça devrait se rattraper»

Le problème aujourd’hui c’est donc l’approvisionnement en matériaux ?
«Fin 2020, on se disait ca y’est, on a passé le plus dur mais non, voilà une nouvelle épreuve qui arrive avec une intensité assez forte et sur toutes les entreprises. Personne n’est épargné par ce phénomène car il touche tous les matériaux. Certaines entreprises ont peut-être eu une capacité à développer des réseaux de fournisseurs, d’approvisionnements différents qui leur donne une souplesse, une agilité différente. Celui qui avait l’habitude d’avoir une seule source d’approvisionnement par fidélité, par usage, peut se retrouver en difficulté. Mais toutes restent touchées par ces problèmes de prix et d’approvisionnement».

C’est un problème qui dépasse largement les frontières du Rhône ?
«Il y a eu un dérèglement global. Les entreprises étaient au ralenti puis elles ont redémarré mais pas aux mêmes endroits et pas avec la même intensité donc le monde est en train de se remettre en route avec des hypothèses et des paramètres qui ont complètement changé. Donc les matériaux ne sont pas aux bons endroits, donc ils ne sont pas négociés de la même manière et donc il y a un problème entre l’offre et de la demande. Elles ne sont pas alignées. La demande est plus forte que l’offre et le premier effet c’est de faire grimper les prix. Ce n’est pas un problème franco-français, c’est un problème international».

Quelles solutions envisagez-vous et quelles mesures demandez-vous au gouvernement de prendre ?
«Les entreprises vont être fortement impactées sur leurs marges, sur leur coût de revient. Certaines entreprises font des marchés à perte ! C’est donc un appel à la solidarité. Il faut que les maîtres d’ouvrage soient à l’écoute de nos entreprises tant sur les prix que sur les allongements de délais. Nous demandons au gouvernement de légiférer et d’être exemplaire sur tous les marchés d’état et marchés publics en indexant tous les marchés même si cela n’est pas prévu. Et puis on demande de tenir compte d’un allongement de délais, voire de retards sur les chantiers. Nous risquons des pénalités si nous ne pouvons pas tenir les engagements ce qui serait une double peine».

Le département du Rhône et la métropole de Lyon sont des territoires dynamiques. Vous n’êtes pas à l’abri ?
«Non ! On bénéficie d’un pôle économique extrêmement attractif et ça depuis des années… Soyons heureux d’être dans un département très attractif mais il faut que cela continue. C’est vrai que le changement de notre exécutif, tant à la métropole qu’à la ville de Lyon change la donne. Il y a de nouvelles orientations qu’il faut accompagner. Ce que nous craignons, c’est la latence, c’est ce temps de changement, cette inertie au changement qui laissent nos entreprises pour l’instant sur le bord du chemin. On attend que la commande publique reparte et reparte forte. Les plans pluriannuels qui nous ont été présentés tant par la ville que par la métropole ou par le SYTRAL nous laissent plutôt en joie parce qu’il y a beaucoup de projets qui sont en train de se mettre en place. Ce sont des intentions, maintenant on veut les voir arriver dans les faits».

                                        

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