Témoignage. Grève des AESH : "On mendie nos droits", s'indigne la mère d'une enfant en situation de handicap

Publié le Écrit par Marie Bail

Les accompagnants d'élèves en situation de handicap (AESH) sont en grève ce mardi 3 octobre. A l'école Lumière dans le 8e arrondissement de Lyon, les parents d'élèves pointent les manquements de l'éducation nationale et les fausses promesses "d'école inclusive".

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À six ans, Diyana est en année de "maintien" en grande section de maternelle à l'école Lumière à Lyon. Une année essentielle pour aider l'enfant porteuse de trisomie 21 à consolider ses compétences et rejoindre les grands du CP.

Depuis l'année dernière, la petite fille peut prétendre à 18h d'accompagnement d'une AESH chaque semaine. Or, seule une accompagnante serait présente dans sa classe de 26 élèves qui accueille un autre enfant en situation de handicap. "Non seulement ma fille n'a pas la moitié des heures d'accompagnement auxquelles elle a le droit, mais en plus ce n'est jamais la même personne", s'agace sa mère, Leila.

Au sein du groupe scolaire, les parents d'élèves dénoncent trois postes d'AESH non pourvus et un arrêt maladie non remplacé.

Une année bancale

"Je suis usée". Au téléphone, la jeune femme exprime sa frustration et sa colère. "Cette année est stratégique dans l'éducation de ma fille. Or, elle paie le manque de budget et l'absence d'une AESH, cela devient une année bancale".

Bancale et même dangereuse. Quatre fois par semaine, Diyana doit effectuer des soins en dehors de l'école et est ramenée en taxi à son établissement scolaire à deux occasions. "Sauf que le 21 septembre, il n'y avait personne pour faire passer ma fille du véhicule à l'école donc c'est la conductrice du taxi qui m'a appelée pour me le signaler", s'indigne la mère. Quatre jours plus tard, c'est la chauffeuse de taxi elle-même qui accompagnera la petite dans sa classe.

En petite et moyenne section, Diyana n'était accueillie qu'en matinée, faute d'AESH disponible. L'année dernière, la situation s'était améliorée car la petite avait la même accompagnante. "Elle me parlait plus d'elle que de sa maîtresse, c'était une relation duelle, se rappelle Leila. Avoir la même accompagnante chaque jour permet à ma fille d'être centrée sur son travail parce qu'elle a besoin d'un cadre et d'une routine".

Autre difficulté : la prise en charge émotionnelle de son enfant. "Du fait de son handicap, ma fille est très sensible, un jour la maîtresse m'a raconté qu'elle était inconsolable et personne n'a su ce que c'était, ma fille étant incapable de me l'expliquer". Une situation de stress qui aurait pu être évitée, selon sa mère, si Diyana avait eu l'aide d'une accompagnante dédiée.

Je ne comprends pas qu'on soit encore à mendier des droits qui sont les nôtres et qui ont été accordés à ma fille il y a plus d'un an.

Leila, parent d'élève

En tant que parent, Leila gère le quotidien de Diyana, de sa sœur jumelle Sabrine en CP et de leur fille aînée en classe de 5e. "J'ai suspendu mon activité professionnelle depuis plusieurs années pour être présente pour Diyana parce qu'elle ne peut pas être toute une journée à l'école", raconte-t-elle. Avoir une accompagnante est donc primordial. "C'est permettre à mon enfant de devenir un jour le plus autonome possible".

"L'école n'est pas inclusive"

Bien consciente des difficultés de l'école Lumière et de l'équipe pédagogique, Leila remet en cause le système de l'éducation nationale. "On nous rabâche que l'école est inclusive, mais ce ne sont que des promesses que l'État n'honore pas". À l’instar de deux parents d'élèves, elle envisage de porter plainte contre l'académie du Rhône.

Le groupe scolaire Lumière possède douze classes, trois en maternelle et neuf en élémentaire. Un dispositif ULIS (dispositif spécialisé d’inclusion scolaire pour les enfants en situation de handicap) est ouvert depuis la précédente année scolaire et accueille sept enfants en école primaire. Pour Leila, tous les enfants de l'école, en situation de handicap ou non, sont pénalisés : "par ricochet, les enseignantes se trouvent démunies face à des enfants qui devraient avoir des AESH mais n’en ont pas, ou pas assez. Et au final, c'est le suivi pédagogique de tous les élèves qui s’en trouve dégradé".

Les parents d'élève du groupe Lumière ont rencontré l'inspection de l'académie du Rhône le 25 septembre après s'être mobilisés une première fois le 18 septembre dernier. "Je n'ai aucun doute que l'on a obtenu un poste d'AESH en manifestant. Donc, on continue", assure la jeune femme qui sera présente ce 3 octobre devant les portes du groupe scolaire Lumière.

"Cette grève des AESH, c'est aussi la nôtre en tant que parents d'enfants porteurs de handicap", conclut-elle.

Le mouvement de grève est national ce 3 octobre, les syndicats réclament une augmentation des salaires - qui s'élèvent actuellement à moins de 900 euros mensuels -  et un reconnaissance comme fonctionnaires de catégorie B.

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