Plusieurs députés ont accepté le "jouer le jeu". Ils ont porté des électrodes simulant la douleur des règles. Un député du Rhône, Thomas Rudigoz, en fait partie. Il s'agissait d'éprouver le ressenti des femmes dans le cadre d'un projet de loi. Il témoigne.
"On était debout, on devait lire un texte et de temps en temps, on recevait une décharge". Voilà, ainsi résumée, l'expérience qu'a acceptée Thomas Rudigoz. Il est député "Renaissance" dans le Rhône. L'un de ses collègues, à la gauche de l'hémicycle, lui a proposé de participer à une expérience. Celle d'une femme touchée par l'endométriose lors de ses règles.
Une échelle de la douleur de un à dix
Des électrodes ont été fixées sur le corps des volontaires. Elles déclenchaient une décharge électrique à n'importe quel moment de la journée, sur une échelle de la douleur allant de un à dix. Expérience concluante. Le député du Rhône votera la proposition de loi instaurant un congé menstruel en cas de symptômes.
Au début, on serrait les dents, mais à un moment donné ce n'était plus supportable, on se pliait en deux. Comment font les femmes quand elles ont en crise ? Je n'imaginais pas à quel point ce pouvait être douloureux.
Thomas Rudigoz, député Renaissance
On a fait tester un simulateur de règles douloureuses à des députés.
— Sébastien Peytavie (@speytavie) March 22, 2024
Leur constat est unanime. ↓ pic.twitter.com/QB8DLLVHd8
"C'est dans la tête que ça se passe"
Thomas Rudigoz a testé. Il est venu, a vu et n'a pas vaincu. L'endométriose touche une femme sur dix. Une sur deux reconnaît souffrir de règles douloureuses. Pourtant, le monde du travail n'accorde que peu d'intérêt à ces pathologies. Des médecins expliquent encore que "c'est dans la tête que ça se passe". Mais la science avance. À Lyon, trois hôpitaux de jour sur trois sites différents (HFME, Croix Rousse et Lyon sud) sont consacrés à la prise en charge personnalisée et complète de l'endométriose.
Un projet de loi pour arrêt menstruel
Le député, Sébastien Peytavie (EELV) porte un projet de loi pour que les femmes qui souffrent de règles "incapacitantes" puissent bénéficier d'un arrêt menstruel.
Treize jours, sur avis médical, de l'arrêt maladie à l'aménagement de poste (comme le télétravail par exemple), pourraient ainsi être accordés. Car, en plus des douleurs abdominales, certaines femmes souffrent de céphalées, se plaignent de vomissements. La douleur ressemble à celle ressentie lors d'une crise cardiaque. "Comme un coup de poignard".
Un témoignage direct
Thomas Rudigoz a joué le jeu. "On nous a mis en garde contre d'éventuelles douleurs, il y avait de l'appréhension, mais c'est une expérience originale. Tant que cela ne vous concerne pas, vous êtes distant". Il a l'habitude des débats à l'Assemblée nationale. Il en a vu passer des textes de loi. Mais, là, il en est certain, grâce à cette expérience, il le votera."Quand on fait une loi, on fait des auditions, on est sensibilisé". Cette expérience a été vécue comme un témoignage direct.
Des précédents
Le texte sera débattu le 4 avril prochain. Des entreprises ou des collectivités ont déjà anticipé. La métropole de Lyon, depuis octobre 2023, par exemple, accorde à ses agents un congé menstruel,107 personnes en ont bénéficié, sur un effectif de plus de 9 000 salariés.