Témoignage. "L'électricité reste un produit de luxe", Solaire Sans Frontières 69 lutte contre la précarité énergétique à Madagascar

Publié le Écrit par Marie Bail
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L'association Solaire Sans Frontières (SSF) du Rhône installe des panneaux photovoltaïques dans deux villages malgaches, Mahatsara et Mhahtazana, à une dizaine de kilomètres de la capitale. Deux experts en électrotechnique de l'association racontent leur mission qui durera jusqu'à la mi-décembre.

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"C'est la première fois que je vais en mission, je suis très impatient et mes valises sont déjà prêtes !", confie Pascal Faure, 63 ans. Cet ancien professeur d'électrotechnique, habitant le Diois (Drôme) s'est engagé dans l'association Solaire Sans Frontières il y a trois ans. Le 21 novembre, il s'envolera pour Madagascar afin de participer à un projet d'installation de panneaux photovoltaïques dans deux villages de l'île.

Une suite logique à son parcours de professeur et de formateur dans la région Rhône-Alpes. "En France, les énergies solaires sont bien connues et les entreprises sont nombreuses, aujourd'hui j'ai envie d'aider des pays où cette technologie n'est pas encore aussi développée", confirme Pascal Faure.

À Madagascar, il rejoindra Christophe Huet, ancien installateur de panneaux solaires près de Nîmes, à la tête du projet de Solaires Sans Frontières. "Je suis dans l'association depuis 2018 et à l’âge de la retraite, j’ai voulu me rendre utile en mettant à profit mon expérience dans le domaine du solaire. J’ai donc recherché un moyen d’apporter mon aide par le biais d’une association pour venir en aide aux populations en précarité énergétique.", raconte Christophe Huet.

Une faible couverture électrique

Le Nîmois est originaire de l'île de la Réunion et connaît bien la zone. L'objectif pour cette sixième mission à Madagascar : équiper deux zones rurales, Mahatsara et Mahatazana, en panneaux photovoltaïques. Ces deux villages ont été construits par l'association Akamasoa du Père Pedro Opeka, à une dizaine de kilomètres d'Antananarivo.

Christophe Huet rencontre le Père Pedro, peu de temps après l'achèvement de la construction de l'université de Saint-Vincent-de-Paul. "Les trois bâtiments accueillent des étudiants en informatique dont les ordinateurs et les serveurs allaient faire grimper les prix sur la facture", relate le technicien à la retraite.

L'électricité de l'université est alimentée par le réseau public du village de Mahatazana, dont la consommation énergétique s'élève à plus de 46 000 Kwh/an. "J'ai proposé au Père Pedro une installation photovoltaïque dans l’objectif de diminuer cette consommation de l’ordre de 50 %", rapporte Christophe Huet.

Pour optimiser les coûts du déplacement et de la formation des équipes, Christophe Huet propose à l'association Akamasoa de réaliser une seconde installation à Mahatsara, un des villages les plus demandeurs en énergie parmi ceux gérés par l'association. Sa consommation atteint plus de 74 000 kWh par an.

Chaque année, la cinquième plus grande île de l'océan Indien produit 417 mégawatts (MW) d’électricité pour tout le territoire, dont 73 % à base de fuel. "Actuellement, le coût du Kwh à Madagascar est de 0,21€, plus cher qu’en France, sachant que le salaire moyen est inférieur à 50 euros par mois !", s'indigne Christophe Huet.

"L’électricité reste un produit de luxe que seuls les citadins peuvent s’offrir et les habitants de nombreux villages s’éclairent à la bougie ou à la lampe à pétrole car cela est moins cher."

Christophe Huet

Membre de Solaires Sans Frontières

D'autant que Madagascar se heurte aussi à un problème de distribution. Le pays dispose seulement de 400 km de lignes à haute tension et de 1 000 km pour les moyennes tensions. Le réseau, exploité par la compagnie nationale d'eau et d'électricité Jirama, n’a pas évolué depuis plus de quarante ans. 

D’après la Commission Européenne en 2020, le taux de couverture en électricité du pays se situait encore entre 15 % et 17 %, avec de fortes disparités entre zones urbaines et rurales. Or, plus des deux tiers de la population malgache vivent dans les campagnes.

Autoconsommation de l'énergie solaire

"Dans ce projet, nous ne visons pas l’autosuffisance, mais plutôt l'autoconsommation de l’énergie produite par le soleil, ce qui permet de réduire l'apport du réseau public. Ces deux installations, qui ont coûté 7 000 €, seront rentabilisées en sept mois.", détaille le technicien. Selon lui, l’autosuffisance nécessiterait un investissement colossal avec un stockage de l’énergie. "Ce n’est pas l’objectif de cette mission", ajoute Christophe Huet.

Au total, 150 panneaux, donnés par des partenaires, seront installés à Mahatsara et Mhahtazan. Christophe Huet sera sur place jusqu'au 18 décembre. Il assurera leur mise en place puis la formation théorique et pratique destinée aux techniciens locaux.

"Nous accompagnons dix personnes de bout en bout, l'objectif est de les former sans faire à leur place mais en assurant une assistance à distance et des outils de surveillance.", précise le retraité. Objectif : une économie annuelle de 12 500 € sur la facture d'électricité.

"Nous serons en période électorale donc nous devrons rester prudents dans la capitale. Les conditions météorologiques sont aussi variables avec la saison des pluies qui commence, il faudra s’adapter à chaque situation.", prévoit Christophe Huet.

D'ici 2025, Solaire Sans Frontières a l’ambition de créer un centre de formation au photovoltaïque à Madagascar. Ce lieu devrait former des experts locaux pour assurer la pérennité des installations et viser l’autonomie énergétique.

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