Depuis cet été, 80 femmes sans abri avec leurs enfants occupent un bâtiment désaffecté à Lyon. Pour les plus jeunes, cette rentrée s'annonce délicate. Deux élèves expliquent leur quotidien. Entre impatience et appréhension.
À la mi-juillet, le collectif "Solidarité entre femmes à la rue" a réussi à trouver un toit pour 80 femmes sans abri. Un immeuble désaffecté, appartenant à la métropole lyonnaise, a été squatté. La vie s'organise et, ici comme ailleurs, on se prépare pour la rentrée.
Élisa, 14 ans, et Priscilla, 12 ans, racontent leur quotidien, entre impatience et appréhension.
"Ma vie n'a pas de sens"
Depuis un mois, elles dorment à l'abri, "avant, on dormait dehors, c'était dangereux" explique Priscilla, "ici, maintenant, c'est mieux, même si ce n'est pas idéal" poursuit-elle. La solidarité joue pleinement : "des personnes nous donnent des habits et des cahiers pour l'école". Malgré l'entraide, elle se dit triste, "ma vie n'a pas de sens, on n'a rien, j'ai faim."
L'école lui permet de profiter au moins d'un repas, le midi, à la cantine. Priscilla aime l'école, "je prépare mon futur", dit-elle comme pour se réconforter.
À l'école, je me sens mieux avec les enfants de mon âge. Je suis comme les autres, mais quand je sors, je me sens différente parce que je n'ai pas la même vie que les autres.
Priscilla, élève sans abri
L'école : "une chance"
Son amie, Elisa, reconnaît, elle aussi, la difficulté "d'étudier dans cette situation". Elle ne souhaite pas évoquer cela avec ses copines, "j'ai peur de ce qu'elles font penser". Pour elle, l'école est "une chance".
Je fais du mieux que je peux, mais je ne suis pas concentrée sur mes cours. Plus tard, j'aimerais être avocate pour défendre les gens ou agente immobilière pour donner une maison à ceux qui n'en ont pas.
Elisa, élève sans abri
Un répit jusqu'au 13 septembre
Elle adore l'histoire géographie, "on apprend tout avec ces matières, des choses sur le passé et on comprend mieux le monde".
Pour elles, comme pour toutes les familles qui squattent le bâtiment, le temps est suspendu à une décision de justice. Le 13 septembre prochain, le tribunal administratif de Lyon rendra son ordonnance concernant cette occupation que la métropole estime illégale.