A l'heure où le bassin lyonnais connaît un épisode de pollution sévère aux particules fines, le président de la Métropole Bruno Bernard a jeté un pavé dans la mare en reportant l'interdiction des véhicules Crit'air 2 dans la ZFE de 2026 à 2028.
Un report de l'interdiction des véhicules Crit'Air 2 de 2026 à 2028. C'est la proposition faite par l'écologiste Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, dans les colonnes de nos confrères de la Tribune de Lyon
Invoquant "des inquiétudes sur la rapidité du calendrier pour l'interdiction des véhicules Crit'Air 2", Bruno Bernard remet aussi sur la table le principe d'un élargissement de la Zone à faible émission (ZFE) uniquement dans l'Est lyonnais.
Les voitures Crit'Air 2 très nombreuses dans la région
Le sursis accordé aux voitures Crit'Air 2, s'il est confirmé, va faire parler. Il faut dire que l'édile et ses troupes avaient largement fait campagne sur la qualité de l'air et la promotion des mobilités douces.
Sont concernés les véhicules à essence mis en service entre 2006 et 2010 et les voitures au diesel mises en service après le 1er janvier 2011, mais aussi - et on le sait moins - les motos mises en service entre 2007 et 2016, et les cyclomoteurs entre 2007 et 2017.
De fait, le recul à 2028 de l'interdiction de circulation de ces véhicule s'explique, au moins en partie, par la menace de grogne sociale. Car en Auvergne-Rhone-Alpes en 2021, d'après la DREAL Auvergne-Rhône-Alpes, les voitures Cri'Air 2 représentaient ... 37% du parc automobile. En deux ans, les chiffres ont pu sensiblement évoluer, mais l'idée est là.
Les ménages modestes plus touchés par l'interdiction des Crit'Air 2
Les chiffres du marché de l'occasion (septembre 2022, source AAAData) confirment le problème potentiel de l'interdiction des Crit'Air 2 pour les ménages les plus modestes.
En septembre 2022, ces voitures représentaient 35 % du marché de l'occasion en France. Autant dire que la perspective de devoir racheter -avant 2026- un véhicule Crit'Air 0 ou 1 concernait beaucoup de monde.
Un argument manifestement acté par le président de la Métropole de Lyon qui confesse que l'impact social "fait partie des enjeux".
L'extension de la ZFE à l'Est en question
Dans la même interview, Bruno Bernard admet aussi que le projet d'extension de la ZFE à un deuxième périmètre "est vécue comme une inégalité". Il faut dire que la vingtaine de communes concernées est située dans l'Est lyonnais, populaire, alors que l'Ouest, plus aisé, en est exclu .
Et d'annoncer la création d'un observatoire scientifique et citoyen sur le sujet, tout en fixant à juin prochain une nouvelle délibération de la Métropole sur le sujet.