Entre 1939 et 1944, plus de 2 000 cambats aériens ont lieu dans la région, principalement dans le couloir rhodanien et les Alpes. Un couple de passionnés s'est penché sur cette époque. Résultat : deux riches ouvrages dont le premier tome vient de paraître ces jours-ci.
Elle est historienne, lui kinésithérapeute. Ils vivent en couple à Villeurbanne et ont trois enfants. Mais depuis peu, un nouveau bébé a rejoint la famille. Il pèse 1, 50 kg et fait 260 pages. Il est le fruit d’un travail de recherche et d’écriture commun à Nadège Béraud-Kauffmann et son mari Jean-François Kauffmann. Cela faisait cinq ans qu'ils y travaillent.
Passionnés d’histoire l’un et l’autre, ils publient un livre fourni relatant l’histoire de l’aviation militaire française dans le ciel de la région pendant la seconde guerre mondiale. «On avait pour intention de faire un livre sur les infrastructures de l’aviation à Lyon et dans les villes alentours. Mais en cherchant un peu, on s’est rendu compte qu’il n’y avait pas grand-chose à découvrir. On s’est alors intéressés aux opérations militaires aériennes pendant la seconde guerre, et là, on s’est aperçus que rien n’avait vraiment été écrit. La plupart des données étaient éparses», décrit Jean-François dont la famille a compté un grand-père aviateur dans les rangs de la France Libre.
Des soirées et des week-ends entiers de travail
De fait, il y avait matière à parler de cette période sous cet angle. Car s’il y a eu dans les départements de la région 120 jours de combats au sol, les combats aériens ont totalisé, selon les deux auteurs, plus de 2 000 jours d’opérations dans les airs. C’est aussi dans la région, du côté du Mont Cenis et de la Haute-Maurienne que s’est déroulée l’une des dernières batailles aériennes du Reich, quelques semaines à peine avant l’armistice de mai 1945.
Pour rédiger le premier tome de «La Guerre tombée du ciel», celui qui vient de sortir (Editions Nombre 7), qui traite de la période 1939-1943, le couple consacre ses soirées et ses week-ends à la recherche d’informations : des notes techniques sur les avions Bloch 151 et 152, sur les Morane-Saulnier – 406, sur des rencontres avec des responsables d’associations d’anciens pilotes, des descendants de pilotes, etc. Ensemble, il a fallu creuser des pistes puis vérifier les informations, les classer et donner un sens au tout.
Un livre comme une aventure à deux
A cette époque, 250 appareils de combat monomoteurs et monoplace vont prendre part à la bataille de l’air. Ce qui représente peu ou prou le même nombre d’équipages. Parmi ceux-là, il y aura des Polonais qui ont réussi à fuir leur pays dès l’arrivée des troupes nazies sur leur territoire. N’ayant aucun statut de prisonniers militaires sur le sol français aux yeux des Allemands, ils rejoindront les pilotes de la Royal Air Force. Certains feront même partie de la célèbre escadrille 303. Ces quatre années correspondent à l’essentiel des actions militaires qui se déroulent dans le couloir rhodanien. «Nous voulions les rassembler dans un ouvrage», confirme Jean-François dont nombre de membres de la famille ont un passé militaire.
Le deuxième tome ? Il est déjà rédigé consacré à l’année phare, 1944. Pour Nadège, la rédaction de ces deux livres constitue un défi dans leur vie personnelle. Mais il ne sortira pas avant la fin de la pandémie, précise le couple qui s’en est vu pour éditer le premier et le diffuser.